Affaires internationales : Retour sur quelques évènements de 2011
Thierry de Montbrial et François d’Orcival, membres de l’Académie des sciences morales et politiques, se sont retrouvés le mercredi 21 décembre 2011 pour un tour d’horizon de l’année écoulée. Quelle année ! Celle du « printemps arabe », des renversements de régimes en Tunisie et en Egypte, de la guerre en Libye et de la chute du clan Kadhafi, des émeutes en Syrie, celle aussi de la crise des dettes souveraines devenue la crise de la zone euro, celle enfin du blocage institutionnel aux Etats-Unis entre le président et le Congrès, sans omettre la naissance d’une opposition en Russie.
Thierry de Montbrial estime que le XXIe siècle a vraiment commencé en 2008 avec la crise financière (des « subprimes ») et que ce que nous vivons n’en est qu’une conséquence qui débouche sur une gigantesque crise de l’euro.
Quant au « printemps arabe » dont l’un et l’autre de nos observateurs se demandent si cela ne va pas finir en « hiver arabe », Thierry de Montbrial fait observer que la démocratie est une très lente construction pour tous les peuples : nous n’y avons pas échappé ; les peuples arabes n’y échapperont pas non plus. En Egypte, l’armée n’a pas voulu céder devant la rue. La Syrie reste la clé de toute la région. Une zone critique pour le Liban et la Palestine mais aussi vis-à-vis de l’Iran. Quelle perspective possible ? Sans doute le retrait de Bachar al Assad, mais sans doute aussi le maintien d’une structure bassiste et militaire pour tenir le pays. Si ce n’était pas le cas, nous risquerions d’avoir en Syrie la duplication de ce qui s’est passé en Irak, que les Américains quittent en ce moment, à savoir le développement d’une guerre civile.
Les Occidentaux ont-ils été naïfs vis-à-vis de l’islamisme ? se demande François d’Orcival. Thierry de Montbrial souligne la complexité du terme d’« islamisme » ; il rappelle combien les Occidentaux sont divisés sur le sujet, le soutien que les Américains ont apporté à certains mouvements et régimes islamistes. Y aurait-il un modèle turc ? L’influence de la Turquie se répand en tout cas sur la rive sud de la Méditerranée (à ce sujet, Thierry de Montbrial réprouve totalement le vote à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi pénalisant toute discussion du génocide arménien : « Les élus ne sont pas là pour écrire l’Histoire », dit-il).
Pour en revenir à l’Europe et à son avenir, quelles sont les perspectives ? « Nous nous sommes laissés aller, dit Montbrial, et nous avons accumulé les sommets et les émotions » : cela fait-il une politique ? Le plus important est l’union sacrée qui s’est dégagée à Bruxelles pour ne pas détruire la zone euro.
Il reste néanmoins beaucoup d’exagérations dans les opinions tandis que les gouvernements s’engagent dans de vraies politiques d’assainissement. La récession signifie-t-elle la fin du monde ? Là encore, les périodes de récession sont naturelles, la croissance ne peut être permanente. Elle reviendra. Toute la question est de rétablir de la confiance dans la gouvernance européenne.
Pour en savoir plus :
À propos de Thierry de Montbrial :
Thierry de Montbrial dirige l'Institut français des relations internationales (Ifri) qu'il a fondé en 1979. Il est membre de l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut de France. Il est également fondateur et président de la World Policy Conference.
Découvrez le numéro de la revue "Questions internationales", publié par La Documentation française et intitulé Un bilan du XXesiècle.
- Site de l'Ifri
- Site de la World Policy Conference
- Site de l'Académie des sciences morales et politiques
- Site de Thierry de Montbrial
Sur Canal Académie :
-Thierry de Montbrial : La chute du mur de Berlin
-L’Europe de 2009 : forces et faiblesses en temps de crise
-Vingt ans qui bouleversèrent le monde, de Berlin à Pékin : 1989-2009
-Les Perspectives internationales du rapport RAMSES 2008
À propos de François d'Orcival :
Outre le journaliste bien connu de "Valeurs Actuelles" - dont il est président du comité éditorial - et du Figaro Magazine, ou même de LCI, François d’Orcival a été élu par ses pairs de tous les bords politiques, dès 1998, Président du Syndicat professionnel de la presse magazine et d’opinion (SPPMO). Il le reste depuis plus de dix ans !
- François d'Orcival de l'Académie des sciences morales et politiques
- Écoutez la chronique de François d'Orcival sur l'intervention de la coalition en Libye : Opération Harmattan Sarkozy. Une chronique de François d’Orcival
- Ecoutez l'émission "François d’Orcival : L’Elysée fantôme ou les années noires du palais présidentiel", dans laquelle l’Académicien raconte l’Elysée durant l’Occupation...
Le Roman de l'Elysée : De la Pompadour à Nicolas Sarkozy, 2007, François d'Orcival, ed. du Rocher, 451 pages.