Didier Lombard, PDG de France-Télécom-Orange : "l’internaute prend le pouvoir !"
Mieux percevoir les enjeux techniques, économiques, humains et sociaux de la formidable évolution des nouvelles technologies, tel est le thème de cet entretien avec Didier Lombard, PDG du groupe France-Télécom-Orange, l’un des acteurs majeurs de cette évolution et l’un de ses plus fins observateurs.
_ Didier Lombard est un homme surprenant, une sorte de Janus : en matière de télécommunications, il est capable de tourner son visage vers le passé mais aussi vers l’avenir. Il est l'un des rares à avoir participé à toutes les étapes techniques de l’entrée de notre pays dans le numérique, de l’Internet au téléphone mobile. Il juge si importante la nécessité d'une réflexion au sujet de l'avenir dessiné par les nouvelles technologies qu'il en a fait le sujet de son livre : Le village numérique, la deuxième vie des réseaux, publié aux éditions Odile Jacob en avril 2008.
Car, à n'en point douter, ces technologies ont commencé à modifer le mode de vie et l’avenir, celui de l’homme et celui de la société. C'est pourquoi il propose dans son livre une histoire et une réflexion sur le développement des réseaux et d’Internet.
Puisque Didier Lombard prévoit pour l’immédiat un immense développement des jeux en ligne, puisque le jeu va désormais faire partie de la vie de millions d’internautes sur la planète, il est lui proposé, dans cet entretien de "rebondir" sur plusieurs mots pour envoyer ses réponses !
C'est ainsi qu'il s'explique sur les termes :
- gratuité sur Internet : «C'est le mirage de l'Internet ; on paie d'une façon ou d'une autre ; la gratuité n'est qu'apparente...»
- piratage: «Le mot s'applique mal parce que les gens qui le pratiquent, dont nos enfants, sont parfaitement respectables, avec une habitude de gratuité et pas de sentiment de culpabilité. D'où la nécessaire politique qui propose une offre payante accessible et attractive et des avertissements pour sanction progressifs.»
- contenus : «Un mot tout à fait primordial. Le consommateur a changé de comportement. De passif qu'il était, il est devenu, en choisissant lui-même ses contenus, actif. Or, pour un vendeur de réseaux, comme France-Télécom, s'il n'a pas de contenus intéressants à vendre, il n'a rien à proposer.»
- fibre optique : «Le client est devenu un nœud de réseaux. La valeur du client va donc dépendre des canaux et de la largeur de bande passante. La fibre, étape très importante, est quasi illimitée.»
- croissance : «Les continents (pas l'Europe) qui ont adopté des politiques de développement des technologies de l'information ont vu leur croissance dopée de 1/2 point, avec une accélération du commerce et des emplois. Le secteur de ces technologies est l'un des rares à créer de la croissance.»
- fracture numérique : «Un mot qui dramatise la situation. Or, depuis 2003, la numérisation est étendue à tout le pays et atteint maintenant 98 % des gens. Mais ils ne possèdent pas encore assez de PC. Notre groupe est en train de proposer très bientôt des PC faciles d'emploi, simplifiés, où il suffit d'un doigt pour toucher un écran...»
La Fondation Orange
Didier Lombard explique aussi pourquoi le groupe France-Télécom Orange et particulièrement la Fondation Orange, se soucie de la responsabilité d'entreprise. Il détaille les engagements pris en faveur des personnes les plus fragiles, dans les pays où le groupe opère des installations et toujours en fonction de la situation particulière de chaque pays : orphelines à Madagascar, femmes illettrées en Afrique, Samu social au Caire, handicaps liés à une déficience visuelle ou auditive.
Internet pour tous
Il commente le récent plan France numérique 2012 , présenté fin octobre 2008 à l’Elysée par Eric Besson, secrétaire d’État au numérique, qui indique que le gouvernement français a décrété Internet pour tous. Didier Lombard précise comment le groupe France Télécom-Orange a joué un rôle précurseur dans cette réflexion et comment il se positionne dans plusieurs mesures de ce plan (qui en comporte 154, dont le but est de permettre l'accès aux réseaux pour tous, à l'horizon 2012).
Pour terminer cet entretien, il explique comment les objets vont devenir "communiquants" : les réfrigérateurs par exemple lorsque les produits seront périmés, la grande surface sera avertie, à la demande du consommateur. Ou encore, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer auront des bracelets afin qu'elles soient rapidement localisées si elles s'égarent.
Un auditeur pas comme les autres...
Enfin, Didier Lombard confie : «Lorsque je suis à l'étranger, avec mon téléphone mobile, je me branche sur Canal Académie à travers la liveradio Orange !»
C'est donc un auditeur de Canal Académie que nous accueillons dans cette émission. Certes un auditeur un peu particulier puisqu'il
dirige une entreprise qui compte plus de 170 millions de clients à
travers le monde, 180 000 salariés et qui réalise un chiffre
d'affaire annuel de plus de 50 milliards d'euros.
Orange et Canal Académie, en effet, bien que l'on ne puisse comparer leur taille, ne sont pas étrangers l’un à l’autre : nos programmes sont en partie diffusés par Orange, sur la liveradio et sur les téléphones mobiles.
Directement ou indirectement chacun et chacune d'entre vous qui nous
écoutez en ce moment, utilise les services de cette société qui figure
parmi les tous premiers opérateurs de télécommunication dans le monde.
L'ouvrage de Didier Lombard a été couronné, en 2008, du prix Zerilli-Marimo, décerné par l'Académie des sciences morales et politiques.