La PAC : quel bilan économique, quel avenir ?
La PAC souffle ses cinquante bougies et reste pourtant la "mal aimée" ! Son coût (10 milliards d’euros par an), les différentes réformes (instaurant un prix seuil sur les produits, allouant des aides proportionnelles aux tailles des exploitations) sont critiquées. Pourtant, elle a également permis au pays de l’Union de devenir les premiers exportateurs mondiaux, de doubler leur productivité et d’activer la baisse des prix sur certaines denrées. Bilan économique en compagnie de Lucien Bourgeois de l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture.
_ La flambée actuelle des prix sur les principaux marchés mondiaux de produits agricoles remet une fois de plus la question alimentaire au cœur de nos préoccupations politiques. Cinquante ans après la signature du Traité de Rome (1957), la sécurité alimentaire de l’Europe est toujours sur le devant de la scène.
L’enjeu est important : l'Union européenne à 27 compte désormais 500 millions d’habitants. Si l’on ajoute les 260 millions d’habitants des pays méditerranéens hors Union, il s’agit d’un ensemble de plus de 750 millions de personnes dont il faut pouvoir assurer l’alimentation régulière à des prix supportables.
Bref rappel historique :
La PAC est née dans un contexte géostratégique très particulier de la Guerre Froide qui coupait l’Europe en deux zones séparées. L’Europe de l’Ouest avait beaucoup d’habitants et peu de terres agricoles disponibles et elle se voyait durablement coupée de ses greniers à blé traditionnels de Prusse, de Hongrie et de Russie.
La PAC a connu une histoire assez mouvementée car elle a été confrontée dès la première campagne de prix communs à des turbulences monétaires entre les pays européens accentuées ensuite par le décrochage du dollar de l’or et sa dévaluation. Puis elle a dû faire face à la gestion des excédents de production et à l’ouverture plus importante de ses frontières.
Aujourd'hui, elle doit s’adapter à l’adhésion de pays à forte population agricole et à une flambée spéculative sur les marchés. Toutes ces adaptations ont été rendues plus difficiles par le fait que la politique agricole est restée une des seules politiques communes.
La PAC a néanmoins rempli un grand nombre de ses objectifs en permettant à une Europe en perpétuel agrandissement d’assurer son auto-approvisionnement.
Dans le domaine des céréales, l’autosuffisance a été atteinte dans le début des années 1980. À cette époque, l’Union européenne avait trois fois moins de terres arables que les États-Unis. Aujourd’hui, l’Union à 27 en a deux fois moins et réussit à nourrir 200 millions de personnes de plus.
Malgré l’exiguïté de son territoire, l’Union européenne exporte désormais plus de produits agroalimentaires que les États-Unis et a des échanges bilatéraux excédentaires avec ce pays.
Les limites de la Politique Agricole Commune :
L’Union européenne a produit à peu près la même part de la richesse mondiale que les Etats-Unis en affectant à son budget commun « fédéral » une part 20 fois inférieure de son PIB. Elle n’a donc pas les moyens politiques de sa puissance économique. Difficile dans ces conditions d’assurer sa sécurité extérieure avec efficacité. Difficile aussi d’assurer une sécurité alimentaire autonome qui ne soit pas la seule copie de la politique américaine. Espérons que la flambée actuelle des cours des matières premières soit un élément moteur pour prendre les moyens d’une nouvelle PAC qui soit une Politique Alimentaire Commune intégrée dans une politique européenne qui couvre les aspects économiques, sociaux et fiscaux comme cela était initialement prévu dans le Traité de Rome.
Écoutez sans plus tarder les explications détaillées de Lucien Bourgeois, économiste, sous-directeur à l’Assemblée permanente des Chambres d’Agriculture (APCA), membre de l'Académie d'agriculture.
En savoir plus sur :
- Lucien Bourgeois
- La PAC (site de la doucmentation française)
- L'APCA
- L'Académie d'agriculture