Le problème du financement des petites et moyennes entreprises
Avant de quitter Bercy en juin 2011, Christine Lagarde avait commandé un rapport sur la question du financement des PME/TPE à Gérard Rameix, ancien médiateur du crédit et actuel président de l’AMF, et Thierry Giami, président de l’Observatoire du financement des entreprises. Le rapport paru en février 2012 a mis la lumière sur l’état des lieux du marché des PME, dont très peu sont cotées en bourses. Il examine aussi la voie d’une ouverture à la concurrence et prône même la création d’une filiale dédiée aux PME.
Emission enregistrée en juillet 2012.
Les deux auteurs du rapport sur le financement des PME/ETI paru en février 2012 : Gérard Rameix, ancien médiateur du crédit et actuel président de l'AMF et Thierry Giami, président de l’observatoire du financement des entreprises, sont reçus dans cette émission.
Ils évoquent les raisons qui ont poussé l'ancien Ministre de l'économie et des finances Christine Lagarde à commander un tel rapport. Ce dernier dresse plus généralement un état des lieux du marché des PME, évoquant l'éloignement des investisseurs et le déficit d'analyse financière sur les petites sociétés. Plus de 50% des petites et moyennes valeurs à Paris ne sont suivies par aucun analyste financier, selon une étude de l'Amafi en 2010. Les PME-ETI cotées représentent 0,3% des 164.400 entreprises de plus de dix salariés alors que près de 60% des 200 grandes entreprises hexagonales sont en Bourse.
«Les entrepreneurs français étaient inquiets de voir que la bourse française qui fait partie d'un ensemble très important avec les Etats-Unis et d'autres pays européens était très tournée vers l'international, vers des produits sophistiqués et un peu oublieuse de l'accès aux marchés financiers des entreprises franco-françaises de taille intermédiaire ou ce qu'on appelle des PME.» (Gérard Rameix)
Plusieurs pistes sont proposées « de nature à provoquer un choc de confiance pour améliorer la situation des PME-ETI cotées ». Elles examinent des voies avec mais aussi sans Nyse Euronext. Si le document souligne qu'une solution avec l'opérateur historique serait la plus rapide à mettre en oeuvre, les auteurs de cette étude mettent en garde contre de simples mesures de principe. En effet, le document, fruit de rencontres avec des dizaines de professionnels des marchés, spécialistes des PME et associations représentatives, relate les critiques à l'encontre de Nyse-Euronext.
Ce qui ressort aussi du rapport est que le total de la capitalisation boursière des 574 PME-ETI cotées en 2010 représente moins de la capitalisation de la première grande valeur française. Un chiffre qui explique que « la conséquence pour l'entreprise de marché est que le financement des PME-ETI, s'il fait partie de son activité, n'est pas stratégique ». «Les entreprises qui sont cotées sur le marché, les PME et les ETI sont très peu nombreuses par rapport à l'ensemble de ces entreprises en France. On a à peu près 165000 PME/ETI en France et nous n'en avons que 160 cotées sur le marché. En fait, le marché financier est très peu représentatif des entreprises françaises des PME/ETI. La plupart des entreprises cotées font très peu appel aux marchés financiers.» (Thierry Giami)
Les rapporteurs préconisent plutôt la création d'une filiale dédiée aux PME avec des moyens et des équipes spécialisés. Cela reviendrait à ouvrir le capital de la nouvelle entité, pour y faire entrer des acteurs spécialisés sur les PME/ETI. La Caisse des Dépôts pourrait avoir une participation minoritaire.
Reste que cette solution doit recevoir l'appui de Nyse Euronext, l'actionnaire de référence...
En savoir plus :
- Le site web de l'Autorité des marchés financiers (AMF)
- Le site web de l'Observatoire du financement des PME