Les multiples visages de l’insomnie
Il n’existe pas ’une’ mais ’des’ insomnies : multi-factorielle, l’insomnie peut être de nature organique ou psychologique, elle peut même s’auto-entretenir par la peur de ne pas s’endormir. "C’est comme si on avait perdu la recette" : ainsi Marguerite Duras définissait-elle l’insomnie ; une privation de sommeil parfois terrible au quotidien, devenu problème de santé publique. Zara de Saint Hilaire, auteur du "Que Sais-je" consacré à l’insomnie, nous apporte les éléments pour mieux comprendre ce trouble du sommeil.
_ L'insomnie se définit comme une plainte qui tend à être passagère. Cette maladie du sommeil est multiple : il existe presque autant de formes d'insomnies que de personnes. Rentrent dans cette définition une difficulté d’endormissement, un sommeil fragmenté par un éveil long ou des éveils multiples et prolongés; mais il peut s'agit également d'une difficulté à retrouver le sommeil et d'un réveil définitif précoce le matin.
Chacun d'entre nous a un jour été touché par une insomnie éphémère. Phénomène passager, elle ne trouble alors pas le quotidien. L'insomnie est dite transitoire: elle survient soudainement, souvent suite à des modifications dans l'environnement, et dure moins de 3 semaines.
Plus grave, l'insomnie chronique est plus handicapante : somnolence, irritabilité, perte de mémoire, hypertension... La liste des dommages collatéraux de l'insomnie est effrayante. L'insomnie chronique est caractérisée quand elle persiste plus de 3 fois par semaine pendant plus d'un mois.
Certaines études très récentes, menées par l'Américaine Van Cauter, démontrent même que l'insomnie chronique pourrait être un facteur précipitant le diabète et l'obésité; pour une raison très simple: le déficit de sommeil limite la capacité à métaboliser le sucre, entraînant une baisse majeure de la secrétion d'insuline. Le système hormonal se retrouve également déréglé - le taux de cortisol explose.
Si l'insomnie peut toucher chacun d'entre nous pour des facteurs tant organiques que psychologiques, les femmes sont touchées en priorité. 15% des femmes entre 15 et 25 ans souffrent d'insomnie. L'âge tend à jouer également : au-delà de 65 ans, elles sont 38% à être concernées (contre 28% des hommes).
Terrain anxieux, soucis professionnels, on imagine souvent que l'insomnie est d'ordre psychologique. Cette vision est trop restrictive ; les causes organiques sont multiples : maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, mais aussi encéphalie spongiforme bovine et beaucoup d'autres...
Zara de Saint Hilaire, Docteur en neurosciences, est également diplômée en thérapie comportementale et cognitive. Elle a mené de 1987 à 1997 d'importants travaux de recherche avec le CNRS, au Collège de France.
Elle exerce aujourd'hui au département de psychiatrie adulte des Hôpitaux de Genève et collabore avec l'Institut de Psychologie René Descartes.
Elle a publié deux ouvrages en 2006 : un Que Sais-je consacré à l’Insomnie et Mieux dormir, aux éditions Hermman. En 1995, elle publiait déjà chez Plon Comment bien dormir, vaincre les troubles du sommeil.