Les recherches sur le paludisme
Le paludisme tue chaque année un million de personnes, soit un mort toutes les trente secondes. Parmi les recherches actuelles pour lutter contre cet agent infectieux, celles de Cécile Frolet portent sur l’immunité
des moustiques contre le plasmodium. Quant à Maëlle Carraz, ses travaux portent sur une plante malgache comme possible médicament. Retour sur leurs travaux, présentés à l’Académie des sciences.
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On estime que 40% de la population mondiale vit dans des zones à risque (Afrique essentiellement) ce qui expose plus de 2 milliards de personnes au paludisme.
À l’origine de cette maladie, des parasites protozoaires du genre plasmodium, qui, pour se développer, ont besoin d’un vecteur (le moustique) et d’un réservoir (l'homme).
Il existe plusieurs espèces de plasmodium :
-* Le plasmodium falciparum (forme la plus répandue et la plus meurtrière) : c’est la version “foudroyante” du paludisme. Sans traitement, elle provoque la mort du malade en quelques jours. Ceux qui réchappent à la forme cérébrale de la maladie développent une immunité les protégeant de la forme cérébrale.
Viennent ensuite trois autres espèces de plasmodium :
-* Le plasmodium vivax
-* Le plasmodium malariae
-* Le plasmodium ovale
Ces trois autres types de paludisme sont moins virulents que le plasmodium falciparum, mais le parasite une fois inoculé provoque des crises chroniques de palu chez le malade.
Pour lutter contre cet agent infectieux, les chercheurs travaillent à trois niveaux : le parasite, l’homme et le moustique.
Dans cette émission, Cécile Frolet et Maëlle Carraz, deux jeunes chercheurs, nous présentent leurs recherches dans ce domaine. Elles furent invitées quelques semaines auparavant à l'Institut de France, lors d'une séance à l'Académie des sciences consacrée aux grandes avancées françaises en biologie (en juin 2007).
Les travaux de Cécile Frolet
Cécile Frolet a travaillé sur la réponse immunitaire du moustique
Anophele gambiae à partir d’informations récentes issues du
séquençage du génome de cet insecte en 2002. Il a été remarqué que
certains moustiques sont résistants au plasmodium... Cela signifie
donc qu’il doit exister des molécules (= les effecteurs) capables de
moduler les quantités de parasites chez le moustique.
Le travail de Cécile Frolet a été de comprendre le mécanisme de ces "petits soldats" qui régulent ainsi les parasites. Les chercheurs savaient depuis peu que la molécule TEP1 limitait la progression du parasite.
Cécile Frolet a axé ses recherches encore plus en amont, sur les facteurs de transcriptions. En résumé, les facteurs de transcriptions REL1 et REL2 régulent la transcription basale de certains gènes luttant contre les parasites et jouent notamment un rôle très important dans le cas du paludisme.
Ces facteurs de transcriptions (REL1 et REL2) sont inhibés par un répresseur appelé
Cactus. L'inactivation de cet inhibiteur a permis d' augmenter
l'immunité basale contre le plasmodium, et de rendre les anophèles
réfractaires.
Cette première étape est porteuse d’espoir : les anophèles ont été rendus réfractaires au plasmodium en augmentant cette immunité basale. L'idée sous-jacente consiterait à trouver une molécule qui mimerait ainsi ces effets inhibiteur.
Les travaux de Maëlle Carraz
Maëlle Carraz s’intéresse à l’identification de nouvelles alternatives thérapeutiques.
Elle s'est penchée du côté de la médecine traditionnelle à Madagascar où sur les quelque 12 000 plantes, 229 ont pour réputation d'être des antipaludéens. (Rappelons que la quinine et l'artémisinine sont les deux principales molécules administrées comme antipaludiques. Elles sont toutes deux extraites de plantes).
Voici les résultats de ses recherches :
Dans certaines plantes comme Strychnopsis thouarsii (Menispermaceae), existe une molécule active, la Tazopsine. En l’observant en culture avec le plasmodium, des effets positifs contre le palu sur la souris ont été observés. (réduction hépatique de 98% chez la souris). À l'heure actuelle, ces essais n'ont pas encore été effectués sur l'homme. Mais cette découverte reste cependant porteuse d'espoir.
Cécile Frolet et Maëlle Carraz ont présenté leurs recherches lors d'une séance de l'Académie des sciences en juin 2007, intitulée Les grandes avancées françaises en biologie.
Cécile Frolet, a réalisé sa thèse sur Les mécanismes de défense du moustique anophèle contre le plasmodium à l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire à Strasbourg.
Aujourd'hui elle se consacre au pneumocoque, bactérie qui provoque des infections pulmonaires (déclenchant le plus souvent des méningites froudrayantes). À terme, ses recherches devraient permettre d'élaborer de nouveaux antiobiotiques et /ou nouveau vaccin.
Dans le cadre de sa thèse consacrée à l’identification de nouvelles "cibles vaccinales", Maëlle Carraz a travaillé comme chercheuse à l' INSERM, UMR S511 à la Pitié Salpêtrière en lien avec le laboratoire de chimie du Museum national d'histoire naturelle à Paris.
Actuellement en post-doc à Dortmund (allemagne), elle s'intéresse au cancer du sein et de la prostate.
Retrouvez notre émission sur Le Malaria research and training center, en compagnie d'Ogobara Doumbo, directeur du MRTC. Ogobara Doumbo a reçu le prix scientifique Christophe Mérieux 2007 de l’Institut de France, pour aider le laboratoire à poursuivre ses recherches de traitement contre le paludisme.
En savoir plus sur :
- Le paludisme (site Internet de l'OMS)
- La thèse de Cécile Frolet : Rôle des voies de signalisation de type IκB/NF-κB dans la réponse immunitaire du moustique Anopheles gambiae.
- Présentation et résumé de la séance de l'Académie des sciences, consacrée aux grandes avancées française en biologie