L’exploitation des gaz de schiste : une solution ?
En 2011, la facture énergétique de la France s’élevait à 62 milliards d’euros et représentait 90 % du déficit commercial. Dans ce contexte, faut-il considérer l’exploitation du gaz de schiste comme une solution envisageable au même titre que d’autres sources d’énergie ? Seulement, est-il possible d’extraire proprement du gaz de schiste en France avec un impact environnemental moindre ? Quels pourraient être les retombées économiques de cette nouvelle source d’énergie ? Autant de questions qui animent le débat autour du gaz de schiste. Pour y répondre, Canal Académie reçoit Michel Combarnous, membre de l’Académie des sciences.
Si François Hollande, lors de la conférence environnementale qui s’est tenue le 15 septembre 2012, a fermé toute idée d'exploitation de ce gaz, le rapport Gallois commandé par le gouvernement sur la compétitivité de la France, a recommandé de ne pas oublier cette source d'énergie qui pourrait être un levier pour l'économie industrielle.
Michel Combarnous, membre de l’Académie des sciences, revient dans cet entretien sur la possibilité d’extraire du gaz de schiste en France. Pour aller chercher ces gaz qui s’échappent des ces pierres feuilletées, deux techniques peuvent être utilisées aujourd’hui, la fracturation hydraulique et le forage horizontal. Si la deuxième technique existe déjà en France, la première, que certains nomment « le massage de la roche » soulève des polémiques à cause de son impact environnemental. «Existant depuis une éternité,» comme nous le confie M. Combarnous, la fracturation hydraulique consiste à creuser un trou à environ 150 mètres de profondeur, y injecter violemment un fluide dans un tube métallique et puis à l’endroit où vous voulez faire une injection forte vous faîtes des petits trous avec un pistolet et à travers ces trous, vous pouvez injecter un fluide très fort. Avec la pression, le poids des terrains va se lever et on aura une grande fracture horizontale, mais si on va plus profond, c’est-à-dire là où se trouvent les gaz de schiste, à ce moment-là les fractures ne se feront pas horizontalement parce que le poids des terrains sera beaucoup trop fort, et on aura des fractures verticales. M. Combarnous évoque également les différents arguments qui s’élèvent contre cette technique. Les fuites de méthane, le risque de pollution des sous-sols avec les métaux lourds, l'impact sur les gaz à effet de serre, autant de points sur lesquels l’académicien nous éclaire. Mais, il ne faut tout de même pas oublier d'évoquer les points positifs qu'engendreraient l'exploitation des gaz de schiste en France comme par exemple la création d'emplois, un prix de production moins élevée ou encore une indépendance énergétique.
D'un point de vue économique, l'extraction du gaz de schiste pourrait permettre à la France d'être indépendante énergétiquement, mais l'académicien tient à souligner qu'il va falloir composer avec la palette de possibilités énergétiques qui existe à l'heure actuelle. Même si la meilleure source d'énergie reste l'économie d'énergie, il faut se méfier des calculs économiques car à partir du moment où l'on a des installations énergétiques sur des longues durées, il faut rester prudent et s'appuyer sur des études d'impacts.
Si l'Allemagne est favorable à l'extraction du gaz de schiste et si les États-Unis ont réussi à baisser le prix du gaz (le prix du gaz est 3,5 fois moins cher qu’en Europe) grâce à cette énergie, la France pourrait encore plus «diversifier ces approvisionnements d'énergie.»
- Écoutez l'intégralité de l'entretien
Michel Combarnous, membre de l’Académie des sciences, docteur en sciences physiques, professeur émérite à l’université Bordeaux I et professeur associé à l’université de Gabès (Tunisie). Membre fondateur de l’Académie des technologies (2000).
- Consultez d'autres émissions avec Michel Combarnous sur Canal Académie.
- Consultez la fiche de Michel Combarnous sur le site de l'Académie des sciences.
- Ecoutez d'autres émissions sur le thème de la science sur Canal Académie.