L’Union européenne et la Turquie
Les sénateurs Robert del Picchia et Hubert Haenel, Président de la délégation pour l’Union européenne du Sénat, se sont rendus en Turquie pour une troisième mission du 21 au 25 mai 2008, dans le cadre du suivi du processus de l’élargissement de l’Union européenne. Dans leur rapport : « L’Union européenne et la Turquie à la veille de la présidence française » , ils présentent le bilan de l’état d’avancée des négociations d’adhésion et évoquent la dégradation des relations franco-turques. Le sénateur Robert del Picchia est ici reçu par Myriam Lemaire.
Cette émission s'inscrit dans la série "Rapports du Sénat" présentée par Myriam Lemaire.
Au début de cette émission, Robert del Picchia, Sénateur représentant les Français établis hors de France depuis 1998, rappelle le rôle et le mode d’élection des 12 Sénateurs qui représentent les Français expatriés. L’article 24 de la Constitution de 1958, dispose que « les Français établis hors de France sont représentés au Sénat ». C’est une spécificité du Sénat. A la suite de la modification de la Constitution en 2008, il y aura en 2012 des élections de députés représentant les Français établis hors de France. Les Français expatriés seront alors représentés aussi à l’Assemblée nationale.
Des négociations d’adhésion de la Turquie relativement lentes
En 1999, la délégation pour l’Union européenne du Sénat a décidé d’approfondir son suivi du processus de l’élargissement de l’Union européenne en étudiant chaque pays candidat.
Robert del Picchia a été désigné pour suivre les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de l’adhésion. Deux rapports d’information consécutifs à des missions effectuées en 2004 et 2005 ont
été publiés.
Ouvertes officiellement le 3 octobre 2005, les négociations d’adhésion suivent leur cours, mais sur un rythme relativement lent. Seuls 8 des 35 chapitres de négociation couvrant les domaines dans lesquels la Turquie doit entreprendre des réformes pour remplir les critères de Copenhague et reprendre l’acquis communautaire ont été ouverts et un seul a été provisoirement clos.
Robert del Picchia analyse les différents facteurs qui peuvent expliquer cette relative lenteur. Ils tiennent à la fois à l’Union européenne et à la Turquie. La Turquie a connu des difficultés de politique intérieure depuis 2007 qui ont retardé l’adoption de réformes politiques. Quelques
réformes importantes sont cependant intervenues. Mais la liberté d’expression, la liberté religieuse, le droit des minorités ne sont pas encore pleinement garantis.
Les relations de la Turquie avec les pays voisins
La Turquie entretient de bonnes relations avec les Etats voisins : pays du Caucase, Iran, Irak, Syrie et Israël. Elle est un Etat-tampon dont la position géostratégique est très importante pour l’Europe. Mais la question chypriote et la question arménienne ne sont pas résolues, même si certains progrès ont été faits.
Une économie de marché viable, de plus en plus insérée dans les échanges mondiaux.
Robert del Picchia souligne que le respect des critères économiques de Copenhague par la Turquie est remarquable et que l’économie turque a su se redresser de façon spectaculaire après la crise financière de 2001. Le commerce extérieur est en forte croissance et l’Union européenne reste le principal partenaire commercial de la Turquie. Mais en dépit de ce contexte dynamique, les relations économiques entre la France et la Turquie piétinent et l’on assiste à une perte de parts de marché des entreprises française en Turquie.
Des relations franco-turques sérieusement dégradées
Lors de sa mission en Turquie, les personnalités turques rencontrées ont fait part de leurs inquiétudes face à l’attitude de la France et à l’avenir de l’amitié franco-turque. Il y a un désir de France, mais les Turcs se sentent rejetés par la France. La déception est grande dans la population turque qui se sent trahie, d’autant plus que l’amitié franco-turque est ancienne. Cette situation est paradoxale.
Les conséquences sont dommageables à la fois pour la France et pour la Turquie qui risque de se détourner d’un processus de réformes indispensable à sa modernisation.
Le Sénateur plaide pour une approche plus objective et équilibrée de la France à l’égard de la Turquie.
Tourisme, culture et communication.
Que recommande Robert del Picchia pour renouer les liens aujourd’hui distendus entre la France et la Turquie ? Il faut renforcer la connaissance mutuelle entre les deux pays. Le développement du tourisme devrait jouer un rôle fondamental pour faire évoluer les mentalités. Il faut aussi développer une politique active de communication et d’action culturelle. "La saison de la Turquie en France", de juillet 2009 à mars 2010, devrait constituer une précieuse opportunité pour mieux connaître la Turquie. Même si la Turquie ne devait pas entrer dans l’Union européenne à l’issue des négociations, ce qui est possible, il est impératif d’amarrer solidement la Turquie à l’Union européenne conclut Robert del Picchia.
En savoir plus :
- Le sénateur Robert del Picchia
- Le site web du Sénat
1/ sur la Turquie :
- Rapports de Robert del Picchia et Hubert Haenel :
. « L’Union européenne et la Turquie à la veille de la présidence française » (n°412) 2007-
2008
. « La Turquie et l’Union européenne après l’ouverture des négociations » (n°135) 2005-
2006
. « La Turquie et l’Union européenne » (n°279) 2003-2004
- [Ecoutez sur Canal académie l'émission de Thierry de Montbrial, (2006)->http://www.canalacademie.com/La-Turquie-dans-l-Europe.html?var_recherche=Thierry%20de%20Montbrial]
2/ sur les Français établis hors de France :
- Le site web des expatriés du Sénat
- [Ecoutez l'émission avec Alain Catta, directeur des Français à l’étranger, au ministère des Affaires étrangères->http://www.canalacademie.com/Au-service-des-Francais-de-l.html?var_recherche=Alain%20Catta]