Marianne Bastid-Bruguière : la Chine, le climat, l’eau et l’environnement
Avec une population qui a franchi en 2011 la barre des 1 milliard 340 millions d’individus, et qui produit ¼ du total de CO2 libéré dans l’atmosphère, les autorités chinoises prennent très au sérieux les conséquences du réchauffement climatique sur leur économie. Celui-ci peut-il freiner la croissance économique chinoise ? Ecoutez les réflexions de l’académicienne et sinologue Marianne Bastid-Bruguière pour son rendez-vous sur notre radio « Nouvelles de la Chine ».
La multiplication de catastrophes naturelles, imputable à l’action humaine sur le territoire chinois et dans le monde, a conduit en Chine à une prise de conscience de la gravité des enjeux et à une volonté politique nouvelle. Le gouvernement de la Chine a promis de réduire son intensité carbone de 40 à 45% d'ici 2020 par rapport au niveau de 2005.
Le constat dressé par Pan Yue, ministre adjoint de l’environnement en Chine est alarmant : Cinq des villes les plus polluées au monde sont chinoises ; la pluie acide tombe sur un tiers du territoire ; la moitié de l’eau de sept des plus grands fleuves chinois est totalement inutilisable ; un quart de la population n’a pas accès à l’eau potable ; un tiers de la population urbaine respire un air contaminé ; moins d’un cinquième des déchets des villes est traité d’une manière écologiquement durable.
Dans le contexte des prises de conscience collectives des problèmes d'environnement, le changement climatique est un défi pour l’ensemble de la planète dans les décennies à venir, un avis partagé par les 190 pays présents à la dernière conférence sur le climat en décembre 2011 à Durban en Afrique du Sud.
Marianne Bastid-Bruguière, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, répond aux questions de Marianne Durand-Lacaze sur la manière dont la Chine s’attaque à ses problèmes d’environnement sur son territoire et dont elle se positionne sur ces questions d’intérêt général mondial.
Pour en savoir plus
- Le protocole de Kyoto, signé en 1997, est entré en vigueur en 2005. Il constitue jusqu'à présent le seul outil juridique contraignant limitant les émissions de gaz à effet de serre de 37 pays industrialisés.
- L'objectif confirmé d'une baisse de 2 °C à la conférence de Durban est apparu dans les textes officiels après le sommet du G20 qui a précédé le sommet de Copenhague sur le climat, en décembre 2009. Il a été formulé pour la première fois dans les années 1990, par l'Union européenne à une époque où rester sous les 2 °C de réchauffement paraissait relativement facile. Il ne tenait pas compte de la future croissance de l'économie chinoise. Confirmé comme objectif à atteindre à la conférence de Durban en décembre 2011, ce chiffre plus politique que scientifique, semble aujourd'hui utopique (Le Monde 14 décembre, 2011).
- Marianne Bastid-Bruguière, membre de l'Académie des sciences morales et politiques
- Pour en savoir plus sur ce sujet nous signalons l'article de He Gang, « La société chinoise face au changement climatique », Perspectives chinoises , 2007/1 | 2007, mis en ligne le 01 janvier 2010, consulté le 15 mars 2012. URL : http://perspectiveschinoises.revues.org/2033É
- Marianne Bastid-Bruguière est, pour l'année 2012, président de l'Académie des sciences morales et politiques et, à ce titre, a choisi pour thème de réflexion : Académie des sciences morales et politiques. Ecoutez tous les intervenants des séances académiques dont plusieurs traitent de questions touchant à l'environnement, au changement climatique, aux ressources énergétiques, aux migrations de population, etc.