Michel Serres : Corps et identité, mais qui sommes-nous ?
Grand entretien avec Michel Serres à propos de l’identité. La différence entre identité et appartenance est fondamentale etla confusion quotidienne conduit au racisme. Une fois rétablie la notion d’identité, Michel Serres revient sur l’hominescence, une évolution de la conception de l’homme apparue dès les années 1950. Il évoque aussi le rapport à notre corps, à notre mort -pour lui, il existe trois sortes de mort- et aux autres.
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Première partie de l'émission : l'identité
Faites le point sur la différence entre identité et appartenance, une confusion quotidienne qui conduit au racisme.
Etre un individu de sexe masculin, caucasien, mesurant 1,80 mètre, et s’appelant Michel Durand ne correspond pas à votre identité. Tout ceci est un carrefour d’appartenances. Mais en aucun cas il ne vous donne votre identité.
Ainsi, parler d’identité nationale, religieuse, culturelle conduit le plus souvent à des dérives. Si nous devions qualifier notre identité, elle se résumerait à notre code ADN, unique à chacun.
Depuis les années 1950, l'homme a changé. Pour évoquer une évolution au sein même de l’évolution des espèces, Michel Serres a créé le terme d’hominescence, un néologisme qui traduit une croissance « locale » de l’homme. L’hominescence se traduit par une augmentation de l’espérance de vie, une augmentation de la population, une baisse de l’agriculture…
Deuxième partie : la mort
Si Ionesco et Jankélévitch pensaient qu’il n’existait qu’une seule mort, la mort individuelle… Michel Serres en revanche considérait au même moment qu’il en existait trois:
- La mort individuelle
- La mort d'une civilisation : la nôtre repose sur une antiquité morte et peut être amenée également à mourir un jour
- La mort générique : la bombe A en 1945 laisse entrevoir la possibilité d’une éradication de l’espèce humaine.
Au delà du rapport que nous entretenons avec les autres (il nous permet d'exister sur un plan social), la psyché se construit autour de deux points :
- d'une part, nous vivons, mourons et souffrons seuls
- d'autre part il est nécessaire de se construire par le dialogue.
Troisième partie :le corps
Les philosophes se sont toujours plus intéressés aux passions de l’âme qu’au corps, « tombeau de l’âme ».
Pourtant, la civilisation grecque était d’abord une célébration du corps.
Quant aux cosmétiques, non seulement ils ne sont pas nouveaux, mais ils sont nécessaires : ils font partie du processus de l’appropriation du corps. Le maquillage est un masque qui fait partie du jeu social. Ses bienfaits sont reconnus.
Retrouvez en détail les explications de Michel Serres de l'Académie française, en écoutant sans plus tarder cette émission
En savoir plus sur :
- Michel Serres de l'Académie française
- Ecoutez également notre émission Qu’est-ce que l’identité ? avec le sociologue Jean-Claude Kaufmann
Bibliographie :
- Michel Serres, Les cinq sens, éditions Grasset (23 octobre 1985)
- Michel Serres,Variations sur le corps, éditions Fayard - Le Pommier (3 novembre 1999)
- Michel Serres, Hominescence, éditions Le Pommier (28 août 2001)
- Sous la direction de Michela Marzano Dictionnaire du corps éiditions PUF (12 janvier 2007)