Quelle gestion économique de l’eau dans les décennies à venir ?

avec Daniel Zimmer, directeur exécutif du Conseil mondial de l’eau

Les changements climatiques actuels laissent présager une nouvelle répartition de l’eau sur les continents, accentuant encore plus les inégalités. Faites le point sur notre "droit à disposer de l’eau", le coût de son assainissement et des infrastructures, en compagnie de Daniel Zimmer, directeur exécutif du Conseil mondial de l’eau.

_ Quelques chiffres :
- Il pleut 110 milliards de m3 d'eau sur les continents ;
- 40 milliards de m3 se situent dans les nappes et les rivières ;
- dont 5 milliards de m3 sont utilisés par l'homme.

Notre consommation, ou la règle des "3"
- on estime que chaque être humain consomme en moyenne 3 litres d'eau par jour, pour son alimentation ;
- 30 litres par jour pour nos besoins sanitaires ;
- et 3000 litres par jour et par personne pour l'élevage et les cultures (l’agriculture représente 70% de nos ressources en eau).

Sur les 40 milliards de m3, seule une partie est disponible. L'eau est difficilement disponible lorsqu'elle tombe dans des zones peu peuplées, ou lorsque les pluies sont torrentielles, causant des crues, et ne s'infiltrant pas dans le sol. Sans compter une large part d'évaporation, processus de cycle de l'eau indispensable au bon fonctionnement de l'écosystème.
En définitive, il serait plus réaliste de parler de 12 milliards de m3 d'eau disponibles pour l'homme.

Parmi les nouvelles techniques de récupréation d’eau potable : le dessalage d’eau de mer. Ici, rejet de l’usine de dessalage de Doha (Koweit)
© Yann Arthus-Bertrand



Accéder à l'eau potable :
L'eau est indispensable à la vie au même titre que le soleil ou l'oxygène. Faut-il la faire payer ?
Oui, répond Daniel Zimmer. L’eau est à la fois un bien économique, social et culturel. Dans les expériences où elle fut gratuite (en Inde par exemple), celle-ci fut utilisée rapidement à outrance.
Payer l’eau, c’est lui reconnaître sa valeur. Il faut ensuite mettre en œuvre une politique sociale pour que celle-ci soit accessible aux familles les plus démunies. En Afrique du sud par exemple, l'eau est gratuite en dessous d'un certain seuil de consommation.

C'est dans ce sens qu'est né le concept du «droit de l’homme à l’eau». Il consiste à accéder à un minimum d’eau quelles que soient les conditions -c’est-à-dire, d’après les Nations Unies, 20 à 30 litres d’eau pas personne par jour.

Le «droit de l’homme à l’eau» est entré dans la constitution en Afrique du sud et en Uruguay. Elle a été votée comme loi en France.

Coût de l'eau
Le prix de l'eau inclut le coût des infrastructures, ainsi que de son assainissement. En France, ces deux éléments représentent plus de la moitié du prix de l’eau. Quant aux 13,5 milliards du budget annuel de l’eau en France, 4 correspondent encore à de l’investissement dans les infrastructures et leur entretien.

Gestion publique ou privée ?
A l'heure actuelle, il n'existe aucun pays où le secteur privé n’intervienne pas. L'investissement des entreprises privées là ou le public n'avait pas les moyens d'intervenir, a permis une prise en charge beaucoup plus rapide. Quant aux pays en voie de développement, elles répondent à un problème essentiel : comment payer les infrastructures.

Cependant, il est primordial que les politiques générales de tarification de l'eau restent publiques. En aucun cas elles ne doivent être déléguées au secteur privé.

Daniel Zimmer Directeur exécutif au Conseil Mondial de l’Eau

Daniel Zimmer est entré au Conseil Mondial de l’Eau en novembre 2001 et y occupe depuis le poste de Directeur exécutif. Ingénieur Agronome INAPG et Docteur de l’Université Paris VI, Daniel Zimmer est entré au CEMAGREF en 1985, après 3 années passées en Tanzanie pour la mise en place d’un projet de recherche et de développement.

Il y a successivement rempli les fonctions de chef ingénieur sur les transferts d’eau dans les sols ; Chef de la division drainage et assainissements agricoles ; Chef de l’Unité de recherche « ouvrages pour le drainage et l’étanchéité » (DEAN), puis adjoint au chef du département Equipement pour l’eau et l’environnement et chercheur dans l’unité DEAN.

Parallèlement, Daniel Zimmer a été président du groupe de travail sur le drainage de la Commission internationale des irrigations et du drainage (CIID) et éditeur en chef du journal scientifique « Irrigation and drainage ».


En savoir plus sur :

- Le conseil mondial de l'eau / World Water Council
- Ministère de l'écologie
- Ecoutez notre série d'émissions sur l'environnement.


- Retrouvez notre sommaire consacré à la semaine sur les mystères de la mer.

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