Thierry de Montbrial : Perspectives de l’état du monde en 2011, selon le rapport RAMSES
Thierry de Montbrial, le directeur de l’Institut français des relations internationales, dresse l’état du monde de l’année 2010 qui s’achève et présente les perspectives à venir des équilibres mondiaux, à l’occasion du rapport RAMSES 2011. Un éclairage où l’histoire et l’actualité sont mêlées pour mieux explorer les différents "possibles" qui s’offrent à nous, un recul nécessaire et bien utile.
Parmi les traits saillants de l'année 2009-2010 que Thierry de Montbrial a relevés, en juillet 2010, au moment de la rédaction de ses Perspectives 2011 qui constituent l'introduction du rapport RAMSES chaque année, figurent les crises financières, la déstabilisation de l'Euro, le maintien d'un monde multipolaire et hétérogène et l'affaiblissement des Etats-Unis.
Selon l'académicien, qui voyage beaucoup, les Etats- Unis connaissent un déclin relatif. Le titre d'Un monde post-américain est une perspective qui s'ouvre, mais qu'il n'attend pas dans l'immédiat des mois qui viennent. Le titre fait allusion au fait que les Etats-Unis ne dominent plus le monde, qu'ils sont en perte de vitesse et sont affaiblis également sur le plan intérieur. L'émergence des "BRIC" (le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine) sur la scène internationale en 2010, adoptant une démarche commune sur certaines questions, affirmant un non-alignement sur les puissances dominantes de l'habituel échiquier, est une diplomatie nouvelle et active, à noter. L'exemple de la visite conjointe en mai 2010 à Téhéran du président brésilien Lula da Silva et du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan en est une des illustrations les plus marquantes.
Thierry de Montbrial regrette les lenteurs de la mise en place de modes de gouvernance aux différentes échelles, mondiale et européenne, qui pourraient permettre de juguler les problèmes financiers. Les actions de préventions en la matière, qui constituent pourtant l'enjeu des mois qui viennent, lui paraissent trop insuffisantes. La solution achoppe entre les économistes, sur la question non réglée entre les partisans d'une concertation "molle" et ceux qui défendent une participation "rigoureuse" qui appellerait des sanctions.
Côté européen, la mise en place du SEAE, le Service européen pour l'action extérieure qui est entré en vigueur depuis un an, ne va pas du jour au lendemain établir une politique étrangère de l'Europe. Thierry de Montbrial pense qu'il y aura des rapprochements entre les différentes politiques extérieures de l'Union, en particulier entre le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne et que le SEAE y contribuera.
L'académicien aborde dans cette émission, le positionnement nouveau de l'Ukraine et déplore surtout le manque de préparation psychologique des occidentaux, américains et européens face à l'émergence de l'Asie (en particulier de l'Asie du sud-est) dont on voit qu'elle va devenir la région dominante au cours du XXIe siècle.
En savoir plus
- Thierry de Montbrial est membre de l'Institut, Académie des sciences morales et politiques
- Directeur et fondateur de l'IFRI, L'Institut français des relations internationales à Paris
- Les publications de l'IFRI
- Il dirige chaque année avec Philippe Moreau Defarges le rapport annuel de l'Institut français de relations internationales : RAMSES, aux éditions Dunod.