Joseph Fouché : une girouette ?
Connu pour ses fonctions à la tête de la police sous Napoléon, Joseph Fouché reste une personnalité mystérieuse, à l’image froide et versatile. Fouché : un caméléon ? une girouette ? Entre destitution et restitution de ses fonctions, entre ambivalence et aplomb du diable, Canal Académie vous propose un tour d’horizon de cette personnalité avec Jean-Denis Bredin de l’Académie française. Pour ce dernier une chose est sûre : Fouché se rangera toujours du côté des vainqueurs.
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Napoléon :
- Vous avez été prêtre ?
Fouché :
- Oui, Sire.
Napoléon :
- Et vous avez voté la mort du Roi ?
Fouché :
- C'est le premier service que j'ai rendu à votre majesté.
Jean-Denis Bredin de l'Académie française s'est beaucoup intéressé au personnage emblématique de Fouché car selon l'Académicien : C'est un personnage étrange qui ne ressemble à aucun autre. Il a toujours voté avec le vainqueur. Il vote la mort du roi quand il voit que la mort du roi est inévitable.
Passionné par l'aplomb de Fouché, Jean-Denis Bredin intervient en avril 2008 à un colloque à la Fondation Singer-Polignac sur le thème Ce très étrange Joseph Fouché où il décrit sa nature profonde de girouette. Il y revient pour Canal Académie.
Un parcours à l'image du caméléon
En 1799 Joseph Fouché est nommé ministre de la Police générale du Directoire après quoi il va aussitôt se préparer à faire réussir le coup d'état des 3 consuls de Bonaparte pour que ce dernier soit au pouvoir, parce qu'il a compris qu'il pourrait être un instrument utile entre les mains de ce Bonaparte-là. Opposé au consulat à vie, Fouché est destitué mais devient sénateur tout en continuant à renseigner le Premier Consul. Rallié à l’Empire, il redevient ministre de la Police en 1804 et le reste jusqu’en 1810. Comte d’Empire en 1808, duc d’Otrante en 1809, il est à nouveau disgracié pour avoir intrigué auprès de Wellesley. Pour Jean-Denis Bredin : l'intrigue était sa nature profonde, il ne pouvait supporter de perdre.
Un homme à basses intrigues
Nommé gouverneur des Provinces Illyriennes en 1813, il trahit l’Empereur avec Murat en 1814. Soupçonné de comploter avec les républicains durant la première Restauration, il est nommé à nouveau ministre de la Police pendant les Cent-Jours. Le 9 juillet 1815, il devient ministre de Louis XVIII puis en 1818 on supprime le ministère de la Police générale, autonome depuis vingt-deux ans, qui revient dans le giron de l'Intérieur. Fouché part en exil: il ne reviendra pas. Il est fini.
Si Jean-Denis Bredin ne voit aucun doute dans le caractère caméléon de Fouché déclarant C'est les trahisons successives qui le passionnent, il n'hésite pas à revenir sur sa longue et tumultueuse relation avec Bonaparte qui dira à la fin de sa vie C'est un homme à basses intrigues. Il m'a souvent répété que les petits moyens ne sont pas à dédaigner. Il n'en reste pas moins que Bonaparte aura eu tout au long de sa vie besoin de Fouché car il deviendra un personnage incontournable et effrayant. Au fond, comme M. Bredin se plaît à rappeler une phrase de Stefan Zweig : Le serviteur avait trouvé son maître et le maître avait trouvé son serviteur.
En savoir plus :
Jean Tulard Joseph Fouché, Fayard. 1998.
André Castelot Fouché, Le double jeu, Perrin. 1990.
Louis Madelin Fouché, Librairie Plon 1955
Jean-Denis Bredin de l'Académie française
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