La couleur comme expression du sentiment par l’assyriologue Jean-Marie Durand
"Un objet qui n’est pas fini en akkadien est un objet qui n’est pas peint." Jean-Marie Durand analyse les couleurs dans les peintures du site de Mari dans l’actuelle Syrie aux confins de la frontière syro-irakienne, à travers les textes et l’archéologie et à travers les statuettes d’Ugarit, près de l’actuelle ville méditerranéenne syrienne de Lattaquié.
Dans le cadre du Colloque « Voir et concevoir la couleur en Asie », organisé par l’Académie des inscriptions et belles-lettres en partenariat avec la Société asiatique et l’Inalco, l’Institut nationale des langues et civilisations orientales le 11 et le 12 janvier 2013, Canal Académie vous propose d’écouter la retransmission de l’intervention de Jean-Marie DURAND, professeur au Collège de France – et membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
Sa communication s’intitule : La couleur comme expression du sentiment
« La Mésopotamie se caractérise avant tout par l'art du dessin et de la gravure et nous ne pouvons plus en majeure partie, en apprécier la partie coloriage. La documentation textuelle est très difficile à manier car elle ne note que l'altération d'une norme que nous ne pouvons plus que, rarement apprécier. Il est possible que les peintures retrouvées soient bien des témoins rares, ou contrairement à ce que l'on pense de la couleur, sur des objets déjà faits. À mon avis, » précise Jean-Marie Durand, « On faisait cela partout mais la peinture qui est à Mari, provient de l'ouest car elle est au contact d'autres civilisations pratiquant la peinture sur objet. » Il se demande si ces influences étrangères qui ont permis de faire de la peinture en Syrie de l'ouest, ne permet pas d'expliquer le fait qu'il n'y ait pas en Mésopotamie de terme particulier pour "peintre" et "peinture".
Il n'y a pas dans le babylonien de renseignement sur le physique mise à part une remarque sur un roi boiteux, or les rares statues qui nous sont parvenues sont individualisées.
Jean-Marie Durand est titulaire de la chaire d'assyriologie au Collège de France depuis 1999, il succède à Paul Garelli. Il s'est largement consacré à l'étude des textes trouvés dans les ruines de la cité antique de Mari, et à la publication des Archives Royales de Mari (ARM).
Il est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres le 1er mars 2013.
Pour en savoir plus
- Sur le site de Mari, mission archéologique
- Sur le site d'Ugarit, mission archéologique
- J.-M. Durand, Les Documents épistolaires du palais de Mari, 3 vol., Le Cerf, LAPO, Paris, 1997, 1998, 2000.
- Jean-Marie Durand sur le site du Collège de France
- Jean-Marie Durand sur le site de l'Académie des inscriptions et belles-lettres