L’enseignement de la science à l’école primaire : les propos de Jean Salençon, président de l’Académie des sciences, et de Luc Chatel, ministre de l’Education nationale
L’Académie des sciences et le ministère de l’Éducation nationale partagent une ambition commune : "implanter la démarche scientifique à tous les niveaux de la scolarité, transmettre le goût des sciences et se donner les moyens de le fortifier". Canal Académie retransmet le discours de Jean Salençon, président de l’Académie des sciences et de Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, lors de la remise des prix de La main à la pâte le 2 février 2010.
_ La remise des prix de La main à la pâte 2009, « Écoles primaires » et « Mémoires professionnels », « CAFIPEMF » (Certificat d'aptitude aux fonctions d'instituteur ou de professeur des écoles maître formateur), « Science de la langue française au collège » et « Que faire dans le monde ?... un métier » s’est déroulée dans le cadre solennel de la grande salle des séances de l’Institut de France le 2 février 2010.
Par ces prix, l’Académie des sciences récompense le travail des enseignants innovants et dynamiques ainsi que de leurs élèves.
Ils illustrent ainsi les pratiques d’un enseignement scientifique faisant une large place à l’investigation et au travail transdisciplinaire.
Retrouvez la liste complète des lauréats sur le site de La main à la pâte
Canal Académie retransmet les discours de Jean Salençon président de l'Académie des sciences et du ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel. Ces intervenions sont ponctués d'intermèdes musicaux, assurés par le quatuor de saxophones Scherzo.
Discours de clôture de Jean Salençon
« Vous venez donc de recevoir les Prix de La main à la pâte. Vous savez que depuis exactement quatorze années l’Académie des sciences œuvre avec le corps enseignant, au plus près de nos écoles, pour que dans notre pays, la science soit enseignée très tôt, et surtout très bien.
Il s’agit d’enseignement et il s’agit d’éducation.
En effet, nous devons non seulement enseigner des sciences mais éduquer à la science, en acclimatant ses modes de pensées, ses règles de conduite, c’est-à-dire sa rigueur, son éthique.
Faire que la culture scientifique soit simplement considérée comme faisant partie de la culture tout court. Perçue aussi comme participant au mieux-être de l’humanité et non envisagée par ses seules funestes conséquences. L’enquête de l’Institut CSA, réalisée à la demande du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur Les Français et la science et publiée le 26 novembre 2009, ne peut que nous y encourager. Je vous en livre quelques résultats d’ensemble ; on apprend ainsi que :
- 58 % des jeunes de 15 à 24 ans s’intéressent peu ou pas du tout à la science, contre 54 % pour l’ensemble des Français ;
et que
- 69 % de ces jeunes déclarent que la science leur inspire confiance, contre 79 % pour l’ensemble des Français.
- 50 % des jeunes et 59 % des Français jugent qu’en France les médias ne parlent pas assez des avancées de la recherche, tandis que respectivement 14 % et 12 % considèrent qu’ils en parlent trop. »
Discours de Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale
« Parmi les responsabilités du ministre de l’Éducation nationale, il en est une à laquelle je prête une attention toute particulière : transmettre à nos enfants, à tous nos enfants, le goût des sciences. Une attention toute particulière car il en va de l’avenir de notre pays dans une société qui se tourne chaque jour davantage vers la connaissance, les savoirs, l’innovation. En effet, faire découvrir les sciences aux jeunes générations, leur transmettre l’amour du savoir, susciter des vocations, c’est tout simplement préparer l’avenir scientifique de notre Nation.
Cette responsabilité est d’autant plus importante que nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise des vocations scientifiques. C’est un paradoxe au moment où la série scientifique du lycée général n’a jamais été aussi demandée par les élèves et leurs familles. J’observe pourtant que cette crise des vocations n’est pas seulement française, mais bien européenne. En effet, partout sur le continent, les formations du supérieur en sciences physiques ont perdu 5, 5% d’étudiants entre 2000 et 2006.
Pourquoi une telle désaffection ? Peut-être en raison de l’éloignement contemporain de la science. La rapidité des évolutions rend moins accessible la compréhension des principes scientifiques qui sous-tendent les technologies contemporaines. Il y a là également un autre paradoxe : alors même que nous sommes devenus dépendants de l’innovation scientifique, les sciences ne suscitent plus l’enthousiasme du grand public. Et l’éloignement se transforme parfois en inquiétude, une inquiétude croissante face aux découvertes, face aux risques liés à leurs applications.
Pour inverser la tendance, pour réenchanter la science, nous devons nous appuyer sur la curiosité des plus jeunes. Nous devons nous appuyer sur leur soif de découverte, sur leur enthousiasme, pour transmettre le goût de la science et faire émerger des vocations. Mais il nous faut aussi conforter ces vocations naissantes, les accompagner jusqu’à l’entrée dans l’enseignement supérieur. C’est indispensable pour que les écoliers qui s’imaginent paléontologues, astronautes ou microbiologistes s’engagent, à l’issue du lycée, dans les filières qui leur permettront d’atteindre leur rêve. suite du discours»
Merci au quatuor de saxophones Scherzo, issu du Conservatoire national supérieur de Paris.
En savoir plus :
- La main à la pâte
- Déroulé de la cérémonie de remise de prix La main à la pâte le 2 février 2010