L’évolution du niveau des océans, par Anny Cazenave, de l’Académie des sciences
La hausse actuelle du niveau de la mer est une des conséquences majeures du réchauffement climatique. Depuis 1993, la hausse moyenne globale est de 3,5 mm par an, soit deux fois plus rapide que celle mesurée par les marégraphes au cours des 50 dernières années.
Anny Cazenave fait le point sur les résultats les plus récents, dans cette conférence donnée au Bureau des longitudes en juin 2009.
_ Depuis février 1992, on mesure le niveau des océans avec les satellites altimétriques. Ils permettent de mesurer la composante absolue du niveau de la mer.
On observe ainsi que la hausse moyenne est de 3,3 mm par an (en prenant en compte les erreurs de calculs possibles, on aboutit à une hausse de 0,4 mm par an).
Si ces chiffres paraissent peu élevés, ils doivent tout de même nous alerter. En effet, depuis 16 ans, la hausse est deux fois plus rapide que dans les 50 dernières années.
Le rôle joué par la fonte des glaces continentales
Entre 1995 et 2005, on estime que la fonte des glaces pendant cette période a provoqué une hausse du niveau de la mer de 0,8 mm par an.
On observe une perte de masse de la glace dans le sud du Groenland.
Côté hémisphère sud, l’Antarctique perd également de sa masse, même si certaines zones gagnent encore en glace.
Il est à noter que pour le Groenland et l’Antarctique, on ne parle pas de « fonte de glace », mais de « perte de glace par écoulement ».
Cet écoulement est rapide. L’été, la fonte superficielle qui s’écoule dans les fissures vient petit à petit lubrifier le glacier et provoquer un écoulement. C’est ainsi que se détache la calotte.
Une des tâches des scientifiques aujourd’hui consiste à modéliser ses instabilités dynamiques.
Entre 1993 et 2003, la fonte de la calotte polaire un joué un rôle minime dans la hausse du niveau des océans. Mais depuis 2005, la hausse s'est accélérée, passant à 1 mm par an.
On estime en fait qu’entre 1993 et 2008 l’océan a fait une « pause » dans son réchauffement, tout en continuant parallèlement à gagner en surface (conséquence de la fonte des glaces).
On estime aussi qu'en 2100, le niveau de la mer aura augmenté de 35 cm (avec une variation possible entre 15 et 45 cm, fourchette qui dépend des émissions de gaz à effet de serre).
Parallèlement à cette augmentation du niveau des océans, on pourrait assister à un effondrement des sols, conséquence des pompages pétroliers et des eaux souterraines. A Shanghai par exemple, la ville s’est affaissée de 3 mètres en 50 ans !
Écoutez les explications d'Anny Cazenave, membre de l'Académie des sciences, géophysicienne, Directeur Adjoint du LEGOS (1). Elle s'exprimait lors d'une conférence donnée au Bureau des longitudes, donnée en juin 2009 à l'Institut de France.
En savoir plus :
- Anny Cazenave, membre de l'Académie des sciences
- Anny Cazenave sur Canal Académie
- Bureau des longitudes
- (1)Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales