Lieux et écrits à découvrir : le Tibet à l’époque de Paul Pelliot
En octobre 2008, le Collège de France et l’Académie des inscriptions et belles-lettres ont organisé un colloque international autour de la figure du grand sinologue Paul Pelliot (1878-1945), de l’histoire à la légende. Il fut sans doute le premier sinologue occidental à traiter en égal avec les savants chinois. Dans son œuvre considérable, il se passionna pour l’exploration du Turkestan oriental, enjeu des rivalités entre la Russie tsariste et les Indes britanniques. Canal Académie vous propose d’écouter l’intervention de Cristina Scherrer-Schaub, de l’EPHE, consacrée aux études de Paul Pelliot sur le Tibet à l’aube du XXe siècle.
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La légende de Paul Pelliot tient aussi bien à l'objet de ses découvertes, à sa curiosité intellectuelle de savant, qu'à son don des langues. Il en maîtrisait treize. Son œuvre est considérable et couvre tous les domaines de la sinologie : linguistique, religions, philosophie et arts. Ses capacités de travail lui permirent de s'intéresser aux études tibétaines, turques, mongoles ou iraniennes, ainsi qu'à celles de l'Annam et du Cambodge. En découvrant, grâce à l'abbé Wang, des manuscrits scellés depuis 900 ans dans une grotte du Turkestan, près de Dunhuang, en 1908, Paul Pelliot a complètement transformé nos connaissances sur l’histoire de la Chine médiévale. Il a surtout apporté un éclairage nouveau sur les échanges entre l’Asie centrale, la Chine et l’Inde. Sa connaissance des langues lui fit saisir l'intérêt de ces documents exceptionnels, aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale de France. Ses travaux sur l'Asie centrale ont porté sur la diffusion du bouddhisme par la route de la soie du VIe au XIe siècle.
Cristina Scherrer-Schaub, de l'Ecole pratique des hautes études, rappelle, dans son intervention, que Paul Pelliot fut chargé, en 1905, par le gouvernement français, de diriger la mission archéologique française au Turkestan oriental. Il mena de front le relevé topographique et orographique de la région, l'observation de la faune et de la flore, et l'exploration des sites archéologiques. Il envoya également en France des fragments de manuscrits bouddhiques, qui ont fait l'objet de publications par l'indianiste Sylvain Lévi.
Les études tibétaines lui doivent d'avoir rapporter de Dunhuang l'une des collections de documents tibétains anciens les plus importantes du monde. Le Tibet, comme objet d'étude, jaillit à cette époque en France, du fait de trois jeunes savants du même âge, Victor Segalen, Jacques Bacot et Paul Pelliot, qui se trouvaient tous trois en Chine en des temps rapprochés.
En 1920, Paul Pelliot traduisit en français l'histoire du Tibet, tirée de l'ancienne Histoire des Tang. Ce travail lui a fourni, en 1921, le sujet de son cours au Collège de France, où il occupait une chaire depuis 1911. Il y développa l'étude des coutumes tibétaines commencée par MM. Manning et Rockhill.
Pour en savoir plus
Paul Pelliot fut professeur de Langues, histoire et archéologie de l'Asie centrale au Collège de France (1911-1914 ; 1918-1945). Il fut aussi directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1927-1945) et, dans le même temps, professeur de philologie, littérature et art chinois à l'Institut des hautes études chinoises de la Sorbonne. Il fut codirecteur (avec Henri Cordier) puis directeur de la revue T’oung Pao, qui devint la référence dans le monde de la sinologie.
- Académie des inscriptions et belles-lettres, Paul Pelliot fut élu membre de l'Académie au fauteuil de Robert Lasteyrie du Saillant, en 1921.
- Collège de France
Écoutez sur Canal Académie d'autres communications du colloque Paul Pelliot (1878-1945), de l'histoire à la légende, organisé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres et le Collège de France les 2 et 3 octobre 2008 :
-Le sinologue Paul Pelliot (1878-1945), de l’histoire à la légende
-Le sinologue Paul Pelliot et les études sur Marco Polo