Pauvreté et médecine, avec Marc Gentilini et Françoise Barré-Sinoussi
Pauvreté et médecine, tel était le thème de la rentrée solennelle de l’Académie nationale de médecine en décembre 2008. Canal Académie retransmet l’intervention de Marc Gentilini, président 2008 de l’Académie de médecine, ancien président de la Croix Rouge, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Ecoutez également Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008, sur ses inquiétudes quant au financement de la recherche, en période de crise économique.
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« Après la Seconde Guerre mondiale, on pensait que le progrès allait réduire la pauvreté. Ce n’est pas le cas. Chaque année, la misère tue par le froid, la faim, la solitude ainsi que la réémergences de maladies telle que la tuberculose ». Ce constat, dressé par Marc Gentilini est aussi celui de la Banque mondiale qui a déclaré que « non contente de subsister, la misère ne cessait de progresser ».
Aux Etats-Unis par exemple, 16% de la population vit sous le seuil de pauvreté dont la moitié n’a pas de couverture sociale.
Pourtant, dans le même temps, les richesses mondiales augmentent ; une centaine de milliardaires se partagent 45% des richesses mondiales.
Un autre phénomène de poids risque d'accentuer le rift des ingéalités : la croissance démographique.
Aujourd’hui six milliards, nous devrions passer à neuf milliards en 2050. Près de 97% de la croissance démographique se fera en Inde et en Chine. A cela, une question : la Terre pourra-t-elle nourrir tout le monde ?
Le constat suivant est déjà un début de réponse : actuellement, six millions d’enfants dans le monde meurent de « l’insécurité alimentaire ».
Membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, Marc Gentilini a rappelé quelques droits fondamentaux de la déclaration universelle des droits de l’homme, signé en 1948 au Palais de Chaillot :
« Tous les êtres humains, naissent libres et égaux en droit ».
Parmi ses droits fondamentaux se trouvent :
- le droit au travail
- le droit à la liberté
- le droit à la vie
- la condamnation de la torture
- le droit à un niveau de vie suffisant pour assurer la santé
- le droit à l'éducation pour l’épanouissement de chacun
Dans la déclaration de 1978, les soins de santé primaires sont mis en avant :
- baisser la mortalité infantile de deux tiers
- réduire la faim de moitié dans le monde
- combattre le VIH, le paludisme, la tuberculose
- assurer l’éducation primaire pour tous
- promouvoir l’égalité des sexes
- assurer un environnement durable
Marc Gentilini appelle à la mobilisation de tous, chacun à son niveau. Et de terminer par une citation d’Einstein : « Ce n’est pas ceux qui font le mal qui est difficile à supporter, mais ceux qui le laissent faire ».
Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine (reçu conjoitement avec Luc Montagnier et Harald zur Hausen pour leur découverte du virus du sida) fait part de son inquiétude quant au respect de l’engagement des pays riches à l’accès aux soins des habitants des pays pauvres, dans ce contexte de crise économique.
Chercheur, mais pas médecin, Françoise Barré-Sinoussi reste cependant très proche des patients touchés par le virus du sida. Ses 25 années passées auprès d'eux l'incite à se battre pour qu'un jour, en 2010 peut-être, tous aient accès à la trithérapie.
En savoir plus :
- Marc Gentilini sur Canal Académie
- Françoise Barré-Sinoussi sur Canal Académie. A noter qu'elle est devenue membre de l'Académie des sciences en 2009.