Henri Mondor (1885-1962) le poète-chirurgien
Chirurgien, écrivain, féru de poésie et notamment celles de Mallarmé, dessinateur à ses heures perdues, Henri Mondor était membre de quatre Académies (Chirurgie, Médecine, Française et Sciences). Claude Hamonet revient sur l’héritage qu’il a laissé, de l’humanisme médical aux syndromes qu’il a identifiés et qui portent aujourd’hui son nom.
_ Henri Mondor naît en 1885 dans le Cantal. Grâce à son père instituteur, il goûte aux plaisirs de la littérature et de la poésie. Mais sa mère le pousse très tôt à faire des études de médecine. « Elle voulait le faire progresser dans l'échelle sociale » précise Claude Hamonet, auteur d'une monographie sur ce personnage de l'histoire de la médecine.
Une mère pour qui il vouera plus tard un véritable culte, allant jusqu'à consulter sa photo lors de prises de décisions difficiles.
Le destin d'Henri Mondor, élève brillant, est déjà scellé. Il "monte" à Paris en 1903 pour faire médecine. Reçu au concours de l’Internat des Hôpitaux de Paris en 1909, il remporte trois ans plus tard la médaille d'or des internes en chirurgie. Pour autant, le jeune étudiant est loin de s’astreindre à une vie monacale, plongé dans les livres. Pendant ses années d'études, on l'appelle déjà le poète-chirurgien, et aime offrir à ses conquêtes des bas violets... La fresque de la salle de garde immortalise cette période !
Mais très vite, l'exercice de la chirurgie l'accapare tout entier. Pendant plus de 20 ans, Henri Mondor opère à l'hôpital Saint-Louis deux ou trois malades chaque jour ; une activité couplée avec l’enseignement systématique chaque matin dans son service ; « un enseignement qui porte sur les règles et les gestes de la chirurgie et leur justification, mais aussi sur la place de la compréhension, de la compassion à l’égard du malade »précise Claude Hamonet. Médecin humaniste, Henri Mondor accorde également un soin particulier à réduire la mortalité opératoire à une époque où elle demeure encore élevée.
« Son nom a été attribué à quatre signes cliniques et pour une maladie » ajoute notre invité.
Henri Mondor, écrivain
Parmi toutes ses activités, il faut ajouter l'écriture. Henri Mondor publie pas moins de 7 ouvrages scientifiques dont le plus fameux demeure
Diagnostics urgents de l’abdomen. Edité chez Masson en 1979, il ne cesse d'être réédité et est considéré comme l’un des ouvrages médicaux français le plus lu et le plus diffusé dans le monde.
Il s'intéresse également de près à l'histoire de la médecine et produit des biographies telles que celles de Dupuytren, Leriche et Pasteur.
Surtout, il s'attèle à un domaine où on ne l'attend pas : l'histoire de la littérature. Mallarmé est le sujet privilégié de Mondor. C’est d'ailleurs sa préface qui introduit encore aujourd’hui les œuvres complètes de ce très grand poète dans la prestigieuse collection la Pléiade. Il produit au total 25 ouvrages de littérature, ce qui lui vaut d'entrer à l'Académie française en 1946 (après avoir fait son entrée à l’Académie de chirurgie en 1926 et à l’Académie nationale de médecine en 1945).
Henri Mondor, dessinateur
Nul doute qu'un bon chirurgien doit être habile de ses mains pour opérer ! Henri met aussi cette habilité au profit d'une autre passion qui le caractérise : le dessin. « Il avait une préférence pour les roses et les coquillages ; des dessins qui illustraient notamment le livre de Paul Valéry L'Homme et la coquille ».
C'est en 1961 qu'Henri Mondor fait son entrée à l'Académie des sciences, avant de décéder un an plus tard, année où se construit à Créteil (94) l'hôpital qui porte aujourd'hui son nom.
Claude Hamonet est ancien chef du Service de Médecine Physique et de Réadaptation du CHU Henri Mondor à Créteil, professeur émérite à l'Université Paris Est Créteil (UPEC), auteur d'une monographie sur Henri Mondor.
En savoir plus :
Fiche biographique d' Henri Mondor sur le site internet de l'Académie française
Téléchargez la monographie de Claude Hamonet consacrée à Henri Mondor.