Portrait d’un grand géographe : Pierre George
Pierre George, l’un des plus grands géographes français, était membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Il est évoqué ici par deux de ses anciens élèves, le professeur Jean Bastié, Président de la Société de Géographie et Yves Lacoste, directeur de la revue Hérodote.
Qui était Pierre George ?
Pour Jean Bastié, après le décès du professeur Albert Demangeon à l'entrée des Allemands dans Paris en juin 1940, et jusqu'aux années 1980, soit pendant près de quatre décennies, Pierre George a été le spécialiste de la géographie humaine et économique le plus connu en France et dans le monde.
Agrégé à 21 ans, Docteur à 26, Professeur d'université à 37, en Sorbonne à 39, membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques où il fut élu en 1980 au fauteuil 2 précédemment occupé par Marcel Dunan), à 71 ans, sa carrière fut rapide pour l'époque, sa production considérable et ses activités plus grandes encore.
Yves Lacoste, son fils spirituel, rappelle à son tour que sa géographie était non seulement description lumineuse et explicative dans la tradition vidalienne, mais aussi prospective et utilisait largement les statistiques notamment démographiques. Elle fut longtemps typologique et marxisante, tout en restant concrète et non théorique, notamment ses deux ouvrages magistraux : la Ville, le fait urbain à travers le monde ; la Campagne, le fait rural à travers le monde" mais aussi Géographie de l'énergie et Géographie de la population et la majeure partie de ses opuscules ans la collection Que sais-je ?
Pour Jean Bastié, 1968 marqua sans doute un tournant dans sa pensée. Il refusa de reprendre à son compte les slogans superficiels et stupides de 68, tel "il est interdit d'interdire" ou encore l'odieux "De Gaulle SS". "Conscient des insuffisances de l'enseignement supérieur français et du marxisme comme clé de l'explication du monde, il glissa vers une conception plus humaniste de la géographie, en particulier dans ses deux derniers ouvrages : le Métier de géographe (1990) et le Temps des collines (1995).
Et comme le souligne ici avec émotion Yves Lacoste, il a voulu que ses cendres soient dispersées dans les plaines du Bas-Rhône, près de Bollène dans le Comtat Vénaissin, son terrain de thèse, oeuvre de jeunesse qu'il avait tant aimé !
Pour en savoir plus :
Pierre George, immortel de l'Académie des sciences morales et politiques