Comment articuler Histoire culturelle et Histoire économique ? La réponse de l’historien américain Peter Miller dans sa communication, « La Méditerranée de Peiresc : ce que le XVIIe siècle peut enseigner au XXIe »
Lors de la séance du 31 mai 2013, L’Académie des inscriptions et belles-lettres a donné la parole à Peter Miller pour la lecture de sa communication consacrée à l’étude des archives de l’humaniste Peiresc (1580-1637), dont les 50 000 pages conservées à Carpentras, Aix, Paris et ailleurs en Europe donnent une nouvelle image de la vie quotidienne à Marseille au XVIIe siècle, de ses marchands et de ses voyages. S’appliquant à écrire l’histoire, sous l’angle double de la narration et de la recherche historiographique, Peter Miller revisite l’histoire de la Méditerranée et celle de ses prédécesseurs Fernand Braudel et Shelmo Dov Gotien.
Texte résumé de la communication sur le site de l'Académie des inscriptions et belles -lettres. Retrouvez l'ensemble des résumés des communications de cette académie sous ce lien internet.
Communication de M. Peter Miller, sous le patronage de M. Marc FUMAROLI : « La Méditerranée de Peiresc : ce que le XVIIe siècle peut enseigner au XXIe ».
Nicolas Fabri de Peiresc (1580-1637) est connu comme le grand savant de la fin de la Renaissance. Son rôle dans le domaine des études orientales en Europe et dans celui de la France médiévale a été traité en détail dans les précédents ouvrages du communiquant. À l’occasion de cette conférence, ce dernier fournira la primeur des résultats de ses dernières recherches consacrées aux relations étroites nouées par Peiresc avec les marchands et les marins de Marseille. Grâce aux archives du célèbre antiquaire qui lui ont survécu, il est permis de reconstituer le tableau de la vie quotidienne de la Méditerranée et de ses marchands au début du XVIIe siècle, mais aussi celui des activités maritimes de Marseille, comme à partir d’aucun autre type de sources disponibles. La contribution qu’elles apportent à l’histoire de la Méditerranée offre également un éclairage notable sur son rôle historiographique en tant que lieu d’innovation. Dans un ouvrage fameux paru en 1949, Fernand Braudel décrivait la Méditerranée comme une structure globale sans peuples ; S.D. Goitein, dans A Mediterranean Society (5 vol. 1965-1985) en caractérisait au contraire l’identité par son abondance de peuples et son manque de structure. L’étude des archives de Peiresc suggère, pour sa part, qu’il est possible que les structures de la vie quotidienne soient rendues visibles au miroir des personnes qui la vivent.
Nicolas Fabri de Peiresc (1580-1637) is known as the great antiquary of the late Renaissance. His commitments to oriental studies in Europe, and medieval France, have been the subject of earlier books of mine. In this lecture, a précis of the work I have just completed, I focus instead on his close relationship with the merchants and mariners of Marseille. Through his surviving archive we can reconstruct the daily life of the Mediterranean and its merchants at the beginning of the seventeenth century, and of Marseille’s maritime life, as from no other type of source. This contribution to the history of the Mediterranean, is also a contribution to its historiographic role as a place of innovation. If Fernand Braudel’s Méditeranée (1949) could be said to be all structure with no people, and S.D. Goitein’s Mediterranean Society (5 vols. 1965-85) all people with little structure, Peiresc’s archive suggests the possibility that attention to the structures of everyday life can actually come through attention to the individuals who live it.