« Le comte de Maurepas et la redécouverte de la Méditerranée sous Louis XV »
Comment les Académies ont contribué sous l’Ancien régime à être à la pointe des découvertes au service du roi, au point d’orienter durablement la vie économique et l’image de la Méditerranée grâce à la vision et l’action d’un homme, le Secrétaire à la Marine du roi, le comte de Maurepas ? Le professeur Christopher Drew Armstrong, sous le patronage de M. Marc Fumaroli était invité à prendre la parole en séance le 31 mai 2013 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Sa communication s’intitule : « Le comte de Maurepas et la redécouverte de la Méditerranée sous Louis XV ». Canal Académie vous propose d’écouter la retransmission de cette intervention.
Ci-dessous le texte résumé de la communication sur le site de l'Académie des inscriptions et belles -lettres. Retrouvez l'ensemble des résumés des communications de cette académie sous ce lien internet.
Cette communication porte sur le rôle joué par Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-81), auquel il incombait, en tant que ministre de la Maison du Roi (1718-49) et comme Secrétaire d’État à la Marine (1723-49), de veiller tant sur les institutions scientifiques actives à Paris (dont l’Académie des Sciences, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et la Bibliothèque du Roi) que d’administrer le commerce français en Méditerranée et au Levant. Le tissu des implantations françaises y était à l’époque particulièrement fourni – ce dont témoigne le nombre des diplomates qui y représentaient les intérêts de la France : un ambassadeur en poste à Constantinople (qui correspondait au demeurant régulièrement avec le Secrétaire d’État à la Marine) et plus de quarante consuls (en Grèce, mer Égée, Asie Mineure, Syrie, Égypte et en Afrique du Nord).
Les cadres de cette administration avaient été fondés par Jean-Baptiste Colbert en 1669, on relèvera que la réorganisation de l’Académie des Sciences et celle de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, effectuée sous la houlette du comte de Pontchartrain, père de Maurepas, permit, quant à elle, de créer un réseau de recherche exceptionnel en son genre, dont l’impact se traduisit avec éclat par le développement spectaculaire des collections royales. Mais sans doute l’aspect le plus visible au XVIIIe siècle du soutien que les Phélypeaux apportèrent aux sciences demeure leur contribution à l’essor de la cartographie française. Peu connu aujourd’hui, un une série de cartes élaborées, sous l’impulsion de Maurepas, pour l’administration de la Marine et par le truchement desquelles la Méditerranée se trouva progressivement « corrigé », illustre à l’envi l’influence de ce dernier sur les sciences au XVIIIe siècle et l’efficacité avec laquelle le système combinant consulats et académies permettait l’essor des connaissances. L’entreprise s’appuyait simultanément sur les observations astronomiques accomplies par des membres de l’Académie des Sciences ainsi que sur les travaux portant sur la géographie et les mesures anciennes effectués par leurs confrères de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. La réalisation de cartes géographiques sous la direction du comte de Maurepas met particulièrement en lumière le fonctionnement d’un système où venaient se conjoindre les résultats des travaux des membres des deux Compagnies qui visaient à façonner une image nouvelle de la Méditerranée ancienne et moderne.
My talk is about the coordination of the French state administrative apparatus under Jean-Frédéric Phélypeaux, Comte de Maurepas (1701-81), who, as minister for the king’s household (1718-49) and secretary of state for maritime affairs (1723-49) was responsible on the one hand for managing the principal scholarly institutions in Paris, (including the Académie des Sciences, the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, and the Bibliothèque du Roi), while on the other overseeing French trade in the Mediterranean Sea. The French state apparatus in the Mediterranean was especially dense, consisting of an ambassador in Constantinople (who reported directly to the secretary of state for maritime affairs) and over forty consulates in Greece, the Aegean, Turkey, Syria, Egypt, and North Africa. Though the framework of this administration was put in place by Jean-Baptiste Colbert in 1669, the reorganization of the Académie des Sciences and the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres under Maurepas’s father created an exceptional network for scholarly research, the impact of which would be apparent in the spectacular development of the royal collections in the early eighteenth century. But perhaps the most visible and widely known aspect of the Phélypeaux’s on-going commitment to science was their contribution to improving cartography. The key documents attesting to both Maurepas’ impact on eighteenth-century science and the effectiveness of the system of consulates and learned bodies he managed in the production of knowledge is a sequence of maps produced for the maritime administration in which the Mediterranean Sea is progressively “corrected.” This work proceeded based not only on astronomic observations carried out by members of the Académie des Sciences, but also research into ancient texts on geography and units of measurement by members of the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Though the academies are often regarded as having partitioned knowledge into discrete realms, cartography under Maurepas demonstrates how their work was joined to build a new image of the ancient and modern Mediterranean.
Pour en savoir plus
- Le Professeur Christopher Drew Armstrong à l'Université de Pittsburg, director of architectural studies and associate professor, 18th and 19th-century European and North American art and architecture
- Sur le site de l'INHA, Christopher Drew Armstrong, professeur invité.
- Il est diplômé en architecture de l'université de Toronto, Master of Philosophy de l'université Columbia, New York.
Parmi ses publications récentes :
- Julien-David Leroy and the Making of Architectural History (in press with Routledge; forthcoming October 2011).
- « Des "Hommes Illustres" aux "Artistes célèbres", La Grande Galerie du Louvre au XIXe siècle: une histoire parlante de l’Art. » In Le culte des grands hommes 1750-1850, ed. Thomas W. Gaehtgens and Gregor Wedekind (Paris: Maison des sciences de l‘homme, 2009), p. 505-534.
- « Qui Transtulit Sustinet: William Burges, Francis Kimball and the Architecture of Hartford’s Trinity College », Journal of the Society of Architectural Historians 59 (June 2000), p. 194–215.