Notice sur la vie et les travaux de Pierre Messmer par Jean-Claude Trichet

Séance de l’Académie des sciences morales et politiques du lundi 5 décembre 2011
Jean-Claude TRICHET
Avec Jean-Claude TRICHET
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Jean-Claude Trichet, élu le 22 février 2010 au fauteuil précédemment occupé par Pierre Messmer, a prononcé, comme il est d’usage, un discours en forme d’hommage à son prédécesseur. Il a retracé le parcours et l’oeuvre de Pierre Messmer en quatre points : le combattant, l’homme d’Etat, l’académicien et l’écrivain, mais a surtout dressé un portrait intellectuel et moral d’un homme dont la vie a été marquée par l’engagement et le courage.

Jean-Claude Trichet a tout d'abord rappelé combien la mémoire de Pierre Messmer reste vibrante à l'Institut de France dont il fut Chancelier : "Dans ce Palais de l’Institut, il suffit de prononcer le nom de Pierre Messmer pour éveiller une profonde émotion. Il est au premier rang dans la mémoire de ses confrères, premier rang où tous ses contemporains l’avaient placé."

Pierre Messmer (1916-2007)

Puis, devant ses confrères de l'Académie des sciences morales et politiques mais aussi devant de nombreuses personnalités invitées, il a précisé la manière dont il allait tracer ce portrait de Pierre Messmer : "en quatre temps" : "Voici un homme qui a été secrétaire perpétuel de notre Académie et chancelier de l’Institut. Un homme qui a été ministre et Premier ministre. Un homme qui a été gouverneur des colonies. Un homme qui avant d’être gouverneur, Premier ministre et chancelier avait livré « tant de batailles » sur tant de fronts pour que la France soit libre. Évoquer les quatre vies de Pierre Messmer, celle du héros combattant, celle du gouverneur outre-mer, celle de l’homme d’État et celle de l’académicien, chancelier de l’Institut est un défi en soi. C’est dire que j’ai besoin de toute votre indulgence au moment où je commence, selon la formule réglementaire, à donner « lecture de la notice sur la vie et les travaux » de Pierre Messmer".

Un mot cependant sur l'enfance : "Au commencement était, déjà, la patrie. Le grand père de Pierre Messmer, paysan du Bas-Rhin, avait quitté sa terre pour continuer de vivre sur le sol de la France après la défaite de 1870 : il devint cocher des omnibus hippomobiles de Paris. À la génération suivante, le père de Pierre Messmer est devenu « un bourgeois », par une ascension sociale dans l’industrie « à force de travail et d’intelligence ». Pierre naît à Vincennes en 1916. Jeune adolescent déjà, il est attiré par des horizons plus lointains. « J’aimais, écrira-t-il, la mer et je rêvais de l’outre-mer. .."

Et quand la guerre éclate : "Messmer se prépare à combattre. Lors de la signature de l’Armistice, il n’a pas encore été au feu. Dès le 17 juin 1940, il décide de poursuivre la lutte. « Pour me trouver moi-même ; je pars et je combats » : tels seront les mots qu’il fera graver sur son épée d’académicien. Et Jean-Claude Trichet d'évoquer les nombreux fronts sur lesquels le combattant Messmer s'est trouvé, et notamment Bir-Hakeim.

L'administrateur des territoires d'outre-mer sera envoyé en Mauritanie, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, à Dakar... Les responsabilités du haut commissaire puis du gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française seront terriblement lourdes. Michel Debré, dans ses Mémoires, écrira : « Messmer l’homme de la loyauté nécessaire en des temps plus que difficiles pour qui a la responsabilité de l’armée. »


Jean-Claude Trichet insiste également sur un aspect moins connu de Pierre Messmer : l'écrivain. "J’ai parlé des qualités de cœur de Pierre Messmer, qui expliquent aussi son succès d’académicien et de chancelier. On ne peut comprendre l’écrivain que si l’on considère également ces mêmes qualités de cœur, son exceptionnelle capacité de porter attention aux êtres, d’éprouver pour eux de la tendresse, de se mettre à leur place et de les comprendre, en somme, de l’intérieur. Pierre Messmer a publié de nombreux livres parmi lesquels je citerai, outre sa thèse, déjà citée, Le service militaire, un dialogue avec Jean-Pierre Chevènement, en 1977, Les écrits militaires de Charles de Gaulle en 1985, Après tant de batailles, ses mémoires en 1992, Les blancs s’en vont en 1998, et La patrouille perdue en 2002. À ces livres s’ajoutent de nombreuses préfaces et la publication de très nombreux articles. Dans cette abondante production, j’ai été particulièrement impressionné par trois ouvrages, les trois derniers que j’ai cités."


- Sur Canal Académie, vous pouvez écouter l'intégralité de cette "notice" et en poursuivre la lecture sur le site de l'Académie : asmp.fr
- La fiche de Pierre Messmer sur le site de l'Académie française
- La fiche de Jean-Claude Trichet sur le site de l'Académie des sciences morales et politiques

- De nombreuses émissions avec ou relatives à Pierre Messmer vous sont proposées sur Canal Académie dont :
- « L’heureuse condamnation à mort du caporal Lechien », une nouvelle de Pierre Messmer
- Pierre Messmer, l’académicien et l’écrivain

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