Philippe Tournaire, joaillier autodidacte
Philippe Tournaire, joaillier, artisan d’art, se qualifie de « ferraille-or ». De son atelier de campagne dans la Loire à la place Vendôme, il revient avec pudeur sur son parcours et ses créations qui le mènent aujourd’hui à la conception de l’épée de l’académicienne Mireille Delmas-Marty.
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Le destin de Philippe Tournaire prend forme très jeune, dans l’atelier de bricolage de son père à Saint-Germain Laval. C’est là qu’il passe ses journées à bricoler, fondre, sculpter. Les fils de cuivre, les pièces de 5 francs (en argent) et même les fourchettes, tout y passe pour confectionner ses premiers bijoux !
L’école terminée, il marche sur les pas de son père et intègre le milieu de l’électronique comme lui. Mais en 1971, changement de cap : Philippe Tournaire prend la décision d’abandonner son métier pour revenir à ses premières amours : la conception de bijoux. Il retrouve son atelier de campagne où il vit difficilement de son art pendant onze ans, mais heureux d’avoir fait ce choix. Sa clientèle restreinte mais passionnée, le conforte alors dans sa direction.
Autodidacte, il passe des journées entières au Musée de l’homme à Paris pour se renseigner sur les techniques traditionnelles. Une mince partie de ses connaissances s’appuie sur quelques vieux manuels dégotés par-ci par-là.
Il ouvre en 1984 sa première boutique à Montbrison, ville de 15 000 habitants, et déjà fabuleuse vitrine pour son art. Le succès est au rendez-vous. Peu de temps après, il ouvre une deuxième boutique à Lyon, avant d’ouvrir sa troisième enseigne Place Vendôme à Paris en 2004.
Philippe Tournaire fait figure d’extraterrestre dans ce haut lieu parisien de la joaillerie. Il est en effet pratiquement le seul artisan d’art, sur une place où les grandes marques ont perdu leurs fondateurs, perdant par la même occasion leur « patte ».
Reconnaître du « made in Tournaire »
L’artiste travaille toujours par assemblage, par construction, à l’image d’un village. Il utilise naturellement la symbolique carré/triangle/rond.
Le carré correspond à l’être humain brut, et le cercle, ce vers quoi il veut tendre.
Le carré, symbolise la terre, le cercle représente le ciel. Cette symbolique n’est pas nouvelle. Tous les architectes ont essayé de transformer le carré en cercle, d’où la fameuse « quadrature du cercle ». Philippe Tournaire l’utilise à son compte de manière spontanée.
Quant aux pierres utilisées, il privilégie avant tout la solidité. C’est pourquoi il puise essentiellement dans les saphirs de couleurs et le diamant.
Cette dernière est utilisée comme sentinelle, légèrement surélevée par rapport aux autres pierres, pour pouvoir les protéger contre d’éventuels chocs.
Autre spécificité qui a valu à l’artiste beaucoup de succès : les bagues maisons. A la fois amusantes et séduisantes, ces « sculptures » allient tradition et modernité, avec la technique de la cire perdue pour le moulage et la modélisation 3D pour l’élaboration.
Ses bagues maisons se réfèrent à une tradition très ancienne, principalement au Moyen-âge dans la confession juive, où un fiancé offrait une telle bague à sa future épouse pour symboliser le foyer qu’il allait lui offrir.
La prochaine étape pour Philippe Tournaire consiste en la création d’une bague cabane. Avis aux nostalgiques de l'enfance insouciante !
La conception de l’épée de Mireille Delmas Marty
C’est auprès de Philippe Tournaire que Mireille Delmas-Marty, de l'Académie des sciences morales et politiques, s’est tournée pour la conception de son épée. Une première pour l’artisan d’art qui aura libre cours dans la mise en valeurs des symboles à mettre en avant : le ruban de Moebius, les nuages, la terre, la Chine…
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En savoir plus :
- Philippe Tournaire
- Mireille Delmas-Marty, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, et professeur au Collège de France
- Mireille Delmas-Marty sur Canal Académie