Pourquoi il faut rapprocher les études médicales des études vétérinaires
Si Charles Pilet, vétérinaire de son état, milite pour un rapprochement de la médecine humaine et animale, c’est parce que les maladies émergentes trouvent le plus souvent leurs sources chez les animaux avant d’être transmises à l’homme. Rapprocher les études médicales des études vétérinaires permettrait d’être plus attentif et réactif face aux épidémies. Explications en compagnie de notre invité Charles Pilet.
Près de 75% des maladies dites « émergentes » ont une origine animale, une considération essentielle si l'on veut limiter les futures crises sanitaires elles-mêmes.
Actuellement Charles Pilet reproche le clivage entre médecine animale et médecine humaine. « La médecine de l'homme et la médecine de l'animal sont sous la dépendance d’administrations différentes. Alors que bactéries, virus et autres prions ne connaissent ni frontières géographiques, ni, pour la plupart d’entre eux, frontières zoologiques » argumente-t-il.
Cette notion ne germe pas seulement dans l'esprit de notre invité vétérinaire membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine. Un nouveau concept, celui d'« un monde, une seule santé », est apparu récemment : L’OMS, l’Organisation mondiale de la santé animal, la FAO, et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ont bâti une plateforme commune pour améliorer l'alerte sanitaire précoce mondiale. « Il s'agit d'un plan stratégique pour réduire les risques de maladies à l'interface des écosystèmes humains-animaux ».
L'Union européenne a fait de même en créant en 2005 un Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, à Stockholm, et en mettant en œuvre des réseaux de recherche intégrés.
Le Conseil consultatif des Académies des sciences européennes (EASAC) a pris également nettement position dans cette direction.
On s'oriente véritablement vers un rapprochement des deux médecines.
Mais reste à définir une formation qui aille en ce sens, « clé de voûte pour une meilleure prévention » selon notre invité.
Pour Charles Pilet, il est important d'assurer une formation transversale aux différents acteurs de la santé publique. « Il serait bien de proposer par exemple un enseignement des zoonoses et de l’épidémiologie comparée » insiste-t-il. Il poursuit en ce sens : « Il faudrait une année préparatoire commune aux études médicales et aux études vétérinaires. Cela permettrait à la fois une économie de moyens et de préparer les esprits à un rapprochement entre les différents acteurs de la santé publique. Je suis pour la création d'un socle commun de conaissances sur les maladies émergentes ».
Enfin sur un plan plus général, Charles Pilet promeut la création d’un Centre méditerranéen de prévention et de contrôle des maladies émergentes. « Cela constituerait une avancée importante pour la protection de la santé publique dans les pays méditerranéens ».
Charles Pilet est Président honoraire de l'Académie nationale de médecine, membre de l’Académie des sciences et membre de l’Académie vétérinaire.
En savoir plus :
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- Académie nationale de médecine
- Académie vétérinaire de France