Mai 68 au Collège de France
Le Collège de France, à deux pas de la Sorbonne, a été "préservé" des évènements de mai 68, ce qui n’a pas empêché les étudiants d’y être associés, de même que certains professeurs, tels Jacques Monod, de monter sur les barricades ! Témoignage de ce moment de l’histoire en compagnie de Jacques Glowenski, ancien administrateur au Collège de France, étudiant à cette époque.
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Bien que le Collège de France soit à deux pas de la Sorbonne, le lieu est resté très calme à cette époque. Plusieurs raisons à cela :
- le "faible" nombre d'étudiants-chercheurs au Collège de France, répartis par ailleurs sur plusieurs sites
- les jeunes chercheurs qui protégeaient les locaux du Collège. Partisans du mouvement, ils ne souhaitaient pas, en revanche, que l'on détruise leur outil de travail.
Dès 1965, Jacques Glowinski fit part de ses chercheurs au Collège de France qui avaient leur petit laboratoire. Le sien était encadré par Alfred Fessard.
Lors des événements de mai 1968, les jeunes chercheurs se sont organisés pour occuper leurs propres locaux. Des Katangais jetaient des bombes lacrymogènes à partir des fenêtres de la Sorbonne, juste en face. La rue Saint Jacques et la rue Gay Lussac étaient occupées par des manifestations et des barricades.
Si les chercheurs ne voulaient pas que les étudiants de la Sorbonne entrent au Collège de France, en revanche, ils étaient très favorables à la modernisation du système de l'enseignement à l'université. Certains professeurs comme Jacques Monod par exemple, étaient sur les barricades avec les étudiants.
Jacques Glowinski garde en mémoire un encadrement très hiérarchisé des universités, chose qui n'existait ni dans les universités américaines où il a séjourné pendant un temps, ni à l'Institut Pasteur.
Cette modernité était également existante au Collège de France. Certains cours comme la biologie moléculaire ou la neuropharmacologie n'étaient pas enseignés à l'université alors qu'ils l'étaient au Collège de France.
Les conséquences de mai 68 pour le Collège de France ne furent pas vaines.
Tout d'abord, Jacques Monod y créa une cafétéria ! Cet évènement semble anodin et pourtant, cet espace signait le début d’une vie sociale où tout le monde se rencontrait.
L'administrateur suivant, Yves Laporte, agrandit les locaux. Il récupéra la rue d'Ulm ainsi que les locaux de Polytechnique (aujourd'hui devenu le Ministère de la recherche).
Parallèlement, le premier institut est créé au collège de France : l’Institut de biologie.
Écoutez les détails du témoignage de Jacques Glowinski, considéré en France comme le père de la neuropharmacologie. Il nous a reçus dans son bureau au Collège de France pour évoquer ses souvenirs de mai 68. Membre de l'Académie des sciences, ancien administrateur du Collège de France, il est professeur honoraire occupant la chaire de neuropharmacologie.
En savoir plus :
- Jacques Glowinski, membre de l'Académie des sciences
- Jacques Glowinski, professeur honoraire au Collège de France, chaire de pharmacologie
- Collège de France
Écoutez d'autres témoignages d'académiciens sur les événements de mai 68 :
Mai 68 selon Alain Besançon et Mai 68 selon Jean Tulard