Alice Guy et l’invention du 7ᵉ art

Méconnue, oubliée et même spoliée pour certains, la réalisatrice Alice Guy est à l’origine d’une filmographie de plus de 600 courts et longs-métrages, commencée aux tous premiers temps du cinéma muet. Qui était cette femme ? Quel rôle a-t-elle joué dans l’histoire du septième art ? Quelle est la place qui lui revient dans la mémoire collective ?

France Mémoire, la mission des commémorations nationales, a retenu les 150 ans de la naissance d’Alice Guy comme l’un des anniversaires marquants de l’année 2023. À cette occasion, elle produit avec Canal Académies une série de podcasts pour faire découvrir au grand public cette pionnière du cinéma. En sept épisodes, la série brosse un portrait kaléidoscopique de celle qui participa, comme Méliès et les frères Lumière, à l’invention d’un art nouveau. De ses débuts dans la maison Gaumont jusqu’à sa redécouverte récente, plusieurs facettes de sa vie sont commentées par un panel de spécialistes : trois historiennes, des cinéastes, une conservatrice de la Cinémathèque, et les co-auteurs du roman graphique Alice Guy.

Embauchée comme secrétaire par Léon Gaumont en 1894, Alice Guy découvre en avant-première les films des frères Lumière. Convaincue du potentiel artistique de ces images qui s’animent, elle réalise son premier film, La Fée aux Choux, quelques années plus tard. L’œuvre est visionnaire. À seulement vingt-trois ans, la jeune femme a compris que l’image animée n’avait pas seulement un intérêt documentaire, comme dans La sortie des usines Lumière à Lyon diffusée l’année précédente, mais pouvait raconter une histoire selon un scenario préétabli, et une mise en scène bien orchestrée. Les responsabilités d’Alice Guy au sein de la maison Gaumont évoluent très vite et elle finit par monter sa propre maison de production, la Solax, aux États-Unis. À son retour en France, en 1922, le monde du cinéma a bien changé, et la réalisatrice doit se réinventer. S’il nous reste aujourd’hui peu d’archives de son œuvre cinématographique, son héritage a inspiré une génération de cinéastes, et entre en résonance avec nos questionnements modernes.