Les Académiciens racontent l’Histoire : François 1er (1/2)

Avec des textes des académiciens Gabriel-Henri Gaillard et Victor Duruy, de l’Académie française
Victor DURUY
Avec Victor DURUY de l’Académie française,
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Quel portrait de François Ier les quatre académiciens qui ont acepté de participer à cette émission en deux volets ont-ils laissé ? Dans ce premier volet, voici des textes de Gabriel-Henri Gaillard, de l’Académie française et des inscriptions et belles-lettres et de Victor Duruy, de l’Académie française et des sciences morales et politiques. Le 1er janvier 1515, Louis XII meurt sans descendance mâle. François Ier, fils de Charles d’Orléans et de Louise de Savoie, apprend qu’il devient roi de France. Marié à la fille de Louis XII, Claude de France, il succède à son beau-père.

Adulé par sa mère Louise et sa sœur Marguerite, éduqué plus énergiquement par le Maréchal de Gié, il a à la fois du goût pour la poésie et le combat. Il rêve d'exploits chevaleresques. Son premier projet de roi est de reconquérir le Nord de l'Italie.

François 1er à la tête de sa cavalerie engage un combat fougueux dans la plaine de Marignan. Les Italiens qualifieront ce type de charge de "furia francese". Cette victoire est un évènement qui claque comme une bannière dans toutes les capitales d'Europe: un nouveau roi, un roi de 20 ans est né. L'homme était un colosse d'une taille peu commune pour l'époque : près d'un mètre quatre vingt dix...

Canal Académie vous propose au cours d'une émission en deux volets consacrée au vainqueur de Marignan, de découvrir 4 regards d’Académiciens sur le parcours et la personnalité de ce Roi.
- Voici le premier volet qui vous invite à écouter des textes des Académiciens Gabriel-Henri Gaillard et Victor Duruy.
- Dans le second volet, vous pourrez écouter des textes de François-Auguste Mignet et du duc de Levis Mirepoix.


Gabriel-Henri GAILLARD (1726-1806) Homme d’église, historien, grammairien, journaliste



Grâce à des textes de Gabriel-Henri Gaillard tirés de "Histoire de François 1er roi de France" Tome 1, édité à Paris chez J. Blaise libraire de SAS Madame le Duchesse d’Orléans douairière, quai des Augustins n°61, à la Bible d’Or (1819) voici la présentation de François d’Angoulême, devenu roi de France en 1515, à la mort de son beau‐père; le roi François 1er veut alors asseoir son autorité par un coup d’éclat. Il reprend la guerre en Italie. C’est la célèbre bataille de Marignan. Cette victoire lui apporte la renommée dans le monde entier.
Pourquoi, comment ce jeune Roi devint le vainqueur de Marignan 1515 ? Ces textes de Gabriel-Henri Gaillard (dont de larges extraits vous sont proposés en document joint, au bas de cet article) vous invitent à le découvrir. En voici de plus succincts :


Le vainqueur de Marignan 1515

« Tous les cœurs se tournèrent bientôt vers ce jeune roi en qui tout annonçait un héros. Il fut sacré à Reims le 25 janvier 1515, par l'archevêque Robert de Lenoncourt. Jamais roi ne monta sur le trône avec des applaudissements si universels, et ne fit naître de si flatteuses espérances. On aimait en lui le gendre et l'ami de Louis XII ; on l'aimait pour lui-même indépendamment de ces titres ; on s'attendait à voir revivre les vertus de son prédécesseur, embellies d'un éclat qui avait manqué au règne heureux de Louis XII. Tout promettait cet éclat si désiré, qui fait la gloire des nations, et qu'on prend souvent pour le bonheur. François avait fait ses preuves ; on l’avait vu aimable dans la paix, ardent et habile à la guerre ; orner la cour, servir l'État, repousser l'ennemi. La noblesse, qui ne respirait que la guerre, attendait tout de cet amour pour la gloire dont elle le voyait enflammé ; les femmes comptaient sur sa jeunesse et sur sa sensibilité, les courtisans sur cette libéralité magnifique qui ne savait rien refuser ; le peuple était enchanté de sa franchise, de son affabilité ; il ne démentit dans la suite aucun de ces présages: l'amour de la gloire éclata le premier, et bientôt on vit éclore des projets dignes de son courage…»


Campagne de 1515, Bataille de Marignan, P169-208

Comme il allait sortir du royaume, et se livrer à tous les hasards d'une guerre lointaine, il se débarrassa des soins de la royauté, et donna la régence à sa mère.
Il avait partagé son armée en trois corps. Le connétable eut le commandement de l'avant-garde, il prétendait que c'était un droit de sa charge ; le roi se réserva le corps de bataille, et donna le commandement de l'arrière-garde au duc d'Alençon. Il attendit à Lyon que l’avant-garde se fut ouvert une route à travers les Alpes. On n'en connaissait que deux du côté du Dauphiné. L'une vers le nord par le Mont-Cenis, l'autre vers le midi par le Mont-Genèvre.
Toutes deux aboutissaient au pas de Suze, où les Suisses s’étaient postés ; ainsi ils occupaient tous les passages ; l'impatience française eût bien voulu les emporter de force, mais l'infanterie entière eût péri dans ces défilés étroits et tortueux, sans pouvoir se développer, ni être secondée par la cavalerie.
On fit embarquer une partie des troupes sous la conduite d'Aimar de Prie,
grand-maître des arbalétriers de France, avec ordre de descendre à Gênes, et de pénétrer autant qu'elles pourraient dans le Milanais au delà du Pô. On espérait que la crainte d'être attaqués à la fois par-devant et par-derrière, et la nécessité de défendre le Milanais, engageraient les Suisses à décamper de Suze, et qu'alors le reste de l'armée française passerait sans obstacle. Mais ce parti était encore plein d'inconvénients. On avait à craindre les dangers de la navigation, l'inconstance et la
perfidie des Génois à peine encore déclarés. En supposant même que ce
détachement put s'introduire dans le Milanais, était-il bien sûr qu'il y fît des progrès capables d'arracher les Suisses du poste de Suze ? L'embarras était toujours extrême, et le malheur de n'avoir pu prévenir les Suisses paraissait irréparable..."
(La suite : en bas de page dans document joint)


Victor DURUY (1811-1894) Homme politique, historien

Voici maintenant des textes signés Victor Duruy qui, issu d’une famille d’ouvriers depuis sept générations, devint ministre de l'Instruction publique en 1863 dans le gouvernement de Napoléon III. Ces textes -que vous trouverez en version longue dans le document joint (voir en bas de page), sont extraits de son "Histoire de France" Tome 1‐ Nouvelle édition illustrée Paris Librairie hachette et Cie (1874) ; ils nous renseignent sur la cour, les idées... la Réforme, le massacre des Vaudois sous le règne de François 1er :




Imprimerie du XVe siècle. Grâce à François Ier, les imprimeries françaises se perfectionnent et atteignent une importance de premier ordre dans l’univers intellectuel

« Durant son séjour en Italie, François ler avait été frappé des merveilles que la Renaissance y enfantait, et il s’était promis d’importer en France l’art nouveau, comme sa plus précieuse conquête. Il décida plusieurs des grands artistes italiens à le suivre au delà des monts, et acheta aux autres quelques-uns de leurs chefs-d’œuvre. Ce qui valait mieux que l’or donné aux artistes, c’étaient les égards du jeune conquérant pour les maîtres de l’intelligence. La tradition, qui le représente tenant Léonard de Vinci dans ses bras, au moment où le grand artiste rend le dernier soupir (1519), est malheureusement fausse. Mais ce qui est vrai, c’est qu’il l’appelait son père ; c’est qu’il recevait un tableau de Raphaël avec l’appareil des pompes royales ; c’est qu’il aimait toutes les choses de l’esprit, et que le savant, le poète, l’artiste, traités par lui comme des hommes utiles à l’Etat, ne se trouvaient point déplacés dans la cour brillante dont il s’entourait.
Cette cour de France, qui a exercé sur les mœurs publiques, sur les lettres, sur l’esprit de la nation et jusque sur les nations étrangères, une si longue et trop souvent une si pernicieuse influence, date de François ler. Avant lui, elle n’existait pas. De graves conseillers entouraient seuls Louis XII, et la chaste Anne de Bretagne n’autorisait autour d’elle que des plaisirs tranquilles et rares. François ler voulut être toujours suivi d’une troupe si nombreuse que l’on comptait autour de la demeure royale rarement moins de 6000 et quelquefois jusqu’à 18 000 chevaux. Les nobles n’y vinrent pas seuls s’y assouplir à l’obéissance, sous les regards du maître. François, qui prétendait qu’une cour sans dames était une année sans printemps et un printemps sans roses, attira par l’éclat de ses fêtes, les châtelaines, jusqu’alors oubliées au fond de leurs manoirs féodaux… »


Vous trouverez la suite de ces textes dans le document joint ci-après

La salamandre de François Ier et sa devise : « Nutrisco et extinguo » (château d’Azay-le-Rideau)




Ces textes ont été choisis avec la collaboration de Danièle Jeanne.
Vous pouvez les écouter grâce aux voix du comédien Michel Girard dans les textes de Gabriel-Henri Gaillard, et de Pierre Perrac dans les textes de Victor Duruy.

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