L'Ecole et la Nation
Les académiciens se penchent sur le thème de l’éducation. Lors de la séance interacadémique exceptionnelle du 1er mars 2011, Xavier Darcos, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, a prononcé un discours sur le thème "École et Nation".
Sous la coupole de l’Institut de France et en présence du Chancelier Gabriel de Broglie qui introduisit cette séance, l’ancien Ministre de l’Éducation nationale a traité la question de l’éducation et de la transmission des savoirs.
Pour ouvrir cette séance solennelle sous la Coupole de l'Institut, le Chancelier Gabriel de Broglie a prononcé un bref discours rappelant que notre système d'éducation, longtemps envié, a tendance à disparaître... "Notre pays a longtemps bénéficié d’une réputation enviée et méritée en matière d’éducation. Il disposait de générations nombreuses d’hommes et de femmes excellemment formés dans les métiers, les entreprises, les écoles, les laboratoires. Un système d’éducation rénové s’était déployé dans un ordre majestueux : généralisation de l’enseignement primaire, développement de l’enseignement secondaire, brillant essor de l’éloquence universitaire, de l’érudition et de la création littéraire. L’éclat de notre XIXe siècle doit beaucoup à la qualité de notre éducation. La Nation assurait alors la formation de ses enfants, mais aussi celle de nombreux jeunes étrangers et peuplait de ses meilleurs sujets le cosmopolitisme triomphant de l’Europe.
"Ce succès de civilisation n’a pas disparu. Il en subsiste d’imposants restes aujourd’hui. Il a tendance à se dissoudre progressivement. Le charme s’est rompu. Non pas à une date donnée, ni en France seulement, mais notre système d’éducation ne figure plus au tableau d’honneur des nations..."
- Lire la suite sur le site de l'Institut de France : http://www.institut-de-france.fr/education/index.html
Puis Xavier Darcos, qui fut professeur et ministre de l’Éducation nationale, a pris la parole sur le thème "École et Nation". En voici les premiers mots :
«Investi du périlleux honneur de la parole publique, pour la première fois sous cette Coupole dans mes fonctions de secrétaire perpétuel, je suis heureux de pouvoir m’exprimer sur le sujet qui me tient le plus à cœur et auquel j’ai consacré l’essentiel de ma carrière : l’École de la République. Mais au moment de commencer ce discours, je ressens la nécessité d’invoquer les noms de deux orateurs parmi les plus grands que l’histoire ait connus. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, un éditeur avisé demanda à Georges Clemenceau, dont l’éloge de l’éloquence n’était plus à faire, d’écrire une biographie de Démosthène, le modèle de l’art oratoire de la Grèce antique. L’Athénien avait mis son verbe au service de la cité, pour l’appeler à résister à l’envahisseur macédonien. Il était facile de faire le lien avec la Grande Guerre. Certes, il avait échoué, mais il restait une référence. Clemenceau était en quelque sorte un Démosthène qui avait réussi. Relire aujourd’hui ce petit livre est du plus grand intérêt. Démosthène venait de loin : desservi, dans sa jeunesse, par une difficulté d’élocution, il l’avait surmontée en s’obligeant à parler avec des cailloux dans la bouche. On a fait mieux depuis – l’orthophonie en était, si j’ose dire, à ses balbutiements. Devenu un redoutable maître du verbe politique, il consacra son talent à tenter de mobiliser les Athéniens menacés par le roi Philippe II. De l’échec même de ce génie rhétorique, dont la division des Grecs était seule cause, Clemenceau tirait une grande leçon pour tous les temps :
« La vérité, écrivait-il, est que ces hommes qui avaient tant de raisons de serrer les rangs, de s’unir en vue de se consacrer à l’œuvre commune des libérations de l’intelligence, mettaient au-dessus de tout le plaisir de se massacrer. Pour tout dire d’un mot, ces Hellènes, si finement intellectualisés, n’eurent pas le sentiment de la grande patrie ».
Ainsi, la Grèce avait la démocratie et elle avait l’intelligence. Pourtant elle était vouée à être vaincue. Parce qu’elle ignorait les liens qui unissent une nation.
Comparaison n’est pas raison, me direz-vous, car la France d’aujourd’hui n’est pas la France de Clemenceau, encore moins l'Athènes de Démosthène...»
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En savoir plus:
- Écoutez les autres émissions avec Xavier Darcos sur Canal Académie.
- Consultez la fiche de Xavier Darcos sur le site de l’Académie des sciences morales et politiques.
- Retrouvez les autres discours tenus par les Académiciens lors de cette séance inter-académique" exceptionnelle du 1er mars 2011:
- Gabriel de Broglie, Chancelier de l'Institut de France, son discours d'ouverture à la séance sur "les nouveaux défis de l'éducation"
- "Petite Poucette", discours de Michel Serres, de l'Académie française
- "La science en héritage", discours de Pierre Léna, de l'Académie des sciences