« Un de ceux qui a », « un de ceux qui ont »
Même si l’erreur de dire « Un de ceux qui a » est tellement répandue qu’elle est près de devenir l’usage, Pierre Bénard tient à protester contre un emploi du singulier qui heurte la simple logique, qui constitue comme une « bogue » dans le fonctionnement de la langue.
On lit et l’on entend sans cesse des choses telles que : « Il est l’un de ceux qui a le mieux compris la situation », « c’est l’un des écrivains qui a le mieux traduit cette sensibilité », « je suis l’un des commentateurs qui n’a jamais varié sur ce point » …
Dans ces trois exemples, le pronom relatif qui, sujet des verbes comprendre, traduire, varier, et mis pour les mots pluriels ceux, écrivains, commentateurs, entraîne normalement un accord au pluriel. On devrait dire « qui ont le mieux compris », « qui ont le mieux traduit », « qui n’ont jamais varié ».
C’est une affaire d’ensembles, l’ensemble de ceux qui ont le mieux compris, l’ensemble de ceux qui ont le mieux traduit, l’ensemble de ceux qui n’ont jamais varié. Dans ces ensembles s’insère une personne, d’accord, mais c’est à un groupe de personnes que se rapporte la proposition subordonnée relative.
On distingue bien la source d’une anomalie si commune, d’une anomalie si naturelle : l’attraction du singulier, très fortement présent au début de la phrase (« il est l’un », « c’est l’un », « je suis l’un »), jointe au fait qu’il n’est pas contradictoire de dire « il a le mieux compris », « il a le mieux traduit », « je n’ai jamais varié ».
On pourrait d’ailleurs m’objecter une multitude d’exemples, sous des plumes obscures ou illustres, de ce que je dénonce comme une faute.
Eh bien ! Je n’en persiste pas moins à trouver regrettables tous ces « celles qui a » et tous ces « ceux qui est ».
Pour la même raison, je ne puis me faire à l’absence, dans une telle construction, de l’accord du participe dans la proposition relative.
J’ai sous les yeux une « quatrième de couverture » où l’on m’apprend que tel ouvrage « est un des récits les plus évocateurs et les plus vivants que nous ayons lu (sic, sans s) sur la guerre » …
Cet ouvrage fait partie d’une masse de récits que nous avons lus (avec s). C’est l’un des meilleurs, donc il occupe le dessus du monceau de tous ceux que nous avons pu lire, de tous ceux que nous avons lus. Etant à la radio, j’épelle : L-U-S.
Pierre Bénard
Écoutez la Chronique Faut-il le dire de Pierre Bénard sur Canal Académie
Découvrez les richesses insoupçonnées de la langue française sur Canal Académie.