La « filière Montebourg »
La famille Peugeot ne va pas continuer à perdre 200 millions par mois pour plaire à M. Hollande. Et ce n’est pas la « filière Montebourg » qui va leur permettre de redresser leurs comptes. On peut même dire que le groupe PSA est une victime avant la lettre des imprécations du jeune ministre sans expérience : c’est parce qu’il a déjà cédé aux multiples pressions politiques, qu’il a conservé le gros de ses activités sur le sol français que Peugeot est conduit à devoir débaucher massivement. Renault a fait l’inverse ; il vend en France ce qu’il produit plus loin, il encaisse des profits et personne ne l’embête. Les Allemands agissent de même : ils fabriquent à meilleurs coûts en Europe orientale et assemblent chez eux avec le tampon « made in Germany ».
Les deux constructeurs français affrontent une concurrence dont les baisses de coûts sont « colossales ». M. Montebourg peut toujours vouloir « dé-mondialiser », tant qu’il n’aura pas fermé les frontières, il devra se faire aux conséquences. Mais plutôt que de créer des conditions favorables à la compétitivité française, la gauche vote avec enthousiasme tout ce qui peut la détériorer. Libérer le temps de travail ? La droite n’avait pas osé supprimer les 35 heures ; au moins, elle avait contourné le dispositif en exonérant les heures supplémentaires ; la gauche supprime les exonérations. Abaisser le coût du travail ? Elle alourdit les cotisations sociales en revenant à la retraite à 60 ans (même avec un nombre de bénéficiaires limité) ; elle annule la hausse de la TVA « anti-délocalisation » mais pour la remplacer par la CSG. Au lieu de favoriser l’actionnariat stable, elle surtaxe le patrimoine et les dividendes. Plutôt que d’encourager l’épargne salariale, elle la ruine en imposant le forfait social à 20%.
Et comme elle décourage l’épargne privée, elle est bien obligée de faire appel à des institutions d’Etat, fonds stratégique d’investissement, banque de l’industrie et autres agences, alimentés par la dette et l’impôt. Mais est-ce à l’Etat de dire si la voiture préférée par le client doit être à moteur électrique, hybride, ou diesel ? Décidera-t-il aussi des réfrigérateurs et des casseroles - à coup de bonus et de reconstitution de niches fiscales ? Sa seule stratégie visible, à cette heure-ci, c’est celle qui consiste à se diriger dans le mur.
Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 28 juillet 2012. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.
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