Même Obama le dit !
« En augmentant les impôts, on pèse sur la croissance. » Mitt Romney, le candidat républicain à la Maison Blanche, ne cesse de le répéter. La situation des finances publiques américaines est pourtant pire que la nôtre : un déficit de 1 000 milliards de dollars, une dette de 18 000 milliards (dix fois les chiffres français quand le rapport des populations est de un à quatre). Mais les Américains ne raisonnent pas comme nous.
Comment Obama a-t-il sauvé General Motors et Detroit de la faillite ? En se portant à son secours tout en exigeant du constructeur automobile un plan de redressement qui passait par la fermeture des sites déficitaires. En France, on prétend l’empêcher, avant de devoir finalement s’incliner devant l’inévitable. Entretemps, on a fait perdre beaucoup de temps et d’argent aux industriels et à leurs salariés. Même chose pour la croissance : en Amérique, on baisse les impôts, en France on les augmente. Obama affirme même qu’il est sur ce point d’accord avec son concurrent (il l’a dit dans son débat télévisé) : « oui, nous devons abaisser l’impôt sur les sociétés de 35 à 25%. » Il a ajouté : « Je veux offrir des réductions d’impôts aux entreprises qui créent des emplois aux Etats-Unis. »
Ce bon sens n’est pas partagé ici. Si nous appliquions en France le taux d’imposition des bénéfices annoncé par Obama et Romney (25% au lieu de 33,3%), cela laisserait 17 milliards à nos entreprises (lesquelles paient pour 70 milliards d’impôt sur les sociétés). Au contraire, elles vont supporter 20 milliards de plus l’an prochain, cependant que le capital, qui est à la fois la source et le produit du travail, doit être taxé comme le travail... « Cessez le feu ! », s’exclame Pierre Gattaz, président du groupement des fédérations industrielles.
Pourquoi matraque-t-on les entreprises qui créent des richesses ? Pour réduire nos déficits ? On pouvait procéder autrement : en travaillant plus au lieu de subventionner le travail en moins (21 milliards d’allègements sur les bas salaires) ; en transférant la charge sur la TVA (1 point égale 9 milliards), sorte de dévaluation déguisée. Mais comme c’était l’idée de Sarkozy, Hollande est contre. Obama n’a pas ces préventions à l’égard de Romney : ce qui est bon pour la croissance, il le reprend à son compte. D’ailleurs Sarkozy le disait : Obama est à ma droite !
Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 12 octobre 2012. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.
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