La présence culturelle française à Singapour
La colonie française de Singapour n’est pas négligeable : environ 4500 expats (comme on dit), avec ses manifestations, son petit journal, l’Alliance française… Bien sûr, cela n’a rien à voir avec les puissants groupes britanniques et nord-américains, mais pour discrète qu’elle soit, la présence culturelle française est de grande qualité. Françoise Thibaut en témoigne ici.
L’image française est discrète, un peu terne malgré nos célèbres « brands » (marques) connues du monde entier : Dior, Cartier, Vuitton, Chanel, et tous les autres : la plupart des clients ignorent le lien entre la France et leurs achats. La cuisine française est également très présente, la boulangerie, avec nos feuilletés et nos « baguettes » ; les deux restaurants les plus chics (et les plus chers) de Singapour, Les Amis et le Saint-Pierre ont des chefs français mais ils ne s’adressent, hélas, qu’à une clientèle très européanisée, prête à payer 100 dollars dans une ville où on peut faire un merveilleux gueuleton chinois pour 8 dollars ! Si la librairie Borders a peu de livres en français, l’immense Kinokuniya a un très beau département français, avec moult traductions de l’anglais et du chinois, et nombre de livres pour enfants, car les écoles françaises, de tous niveaux, sont nombreuses et très appréciées. Les familles singapouriennes les plus « branchées » envoient souvent leurs enfants dans des établissements français. L’Alliance française, à la station de métro Newton, dans un joli immeuble moderne s’affaire aussi dans différents domaines, dispensant leçons et conseils de découverte ; et aussi des films français : pour Nöel 2008, « Tanguy » et « Joyeux Noël » ont été choisis.
Les singapouriens adorent la musique, aiment Ravel à la folie : pas seulement le Bolero, mais aussi Daphnis et Chloé, la Pavane, et le concerto pour la main gauche. A l’automne 2008, notre prestigieux chef Casadesus est venu diriger l’Orchestre Symphonique de Singapour (OSS), sans doute le meilleur de toute la zone Pacifique, pour la commémoration de son cinquantenaire ainsi que le violoniste Capuçon.
En mars 2009, deux évènements majeurs rappelleront la France à l’attention de Singapour :
- d’abord, le 10 mars, la Cinémathèque du National Muséum projettera Le Bonheur d’Agnès Varda afin de lui rendre hommage pour ses 80 ans et la sortie en salles des Plages d’Agnès, primé au 65ème Festival de Venise, dans lequel elle se raconte avec ingénuité et tendresse. L’hommage rendu est fort beau, accompagné d’une présentation rappelant l’esthétisme précieux, en noir et blanc, de Cléo de 5 à 7, l’expérimentale Pointe courte de 1955 avec un Philippe Noiret débutant, et le travail d’entretien de la mémoire de Jacques Demy. Agnès Varda, dont on salue l’élégance cinématographique, « the sens of humour and sensibility » est qualifiée de « personnage majeur de la Nouvelle Vague » et de « pionnière des mouvements féministes européens ». La plaquette de présentation est fort bien faite.
Autre événement majeur : la production, pour 4 soirées, du 14 au 17 mars 2009 des Contes d’Hoffmann de notre cher Jacques Offenbach sous la direction de Paul-Emile Fourny, directeur de l’Opéra de Nice depuis 2001. Le spectacle dans son ensemble est celui de l’Opéra Comique de Paris, le rôle d’Hoffmann étant confié à Luca Lombardo qui le tient à Paris, tout comme il a joué Carmen au Japon. Ce sera, à n’en pas douter une production magnifique, dans la grande salle de l’Esplanade Théatre, chanté en français, avec, projetés sur les côtés de scène, des sous-titres en anglais et en chinois…
Enfin, le 13juin, pour fêter la venue du printemps, le OSS donnera le premier de ses annuels concerts de plein air, au Jardin Botanique, avec de nombreuses œuvres françaises, dont Ma mère l’Oye de Maurice Ravel… Qu’on se le dise !…
En savoir plus :
- Le site web du national Museum de Singapour