Cette opposition qui s’appelle la vie de Jean-Marie Rouart

Lecture et relecture, la chronique de Jacques Rigaud
Jean-Marie ROUART
Avec Jean-Marie ROUART de l’Académie française,

Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, aime surprendre. Ce nouveau livre ne fait pas exception ! Ce qu’aiment ses lecteurs ? Sa liberté de jugement. Partagez la lecture qu’en fait Jacques Rigaud jugeant cet ouvrage plus profond qu’on ne pourrait croire...

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Jean-Marie Rouart de l’Académie française


Par ce livre, Jean-Marie Rouart surprend les lecteurs qui ont l'habitude de le lire dans la presse ou de le regarder sur le petit écran. Mais ce descendant d'une famille d'artistes et d'écrivains aime surprendre ! Il tient ici une sorte de journal de l'année 2008, mais seulement de mars à décembre. On s'attendrait de la part de ce personnage bien introduit dans "l'établissement" (comme on dit) parisien, à du classique, mais non, Jean-Marie Rouart c'est d'abord une grande liberté de jugement, avec de l'humour et de l'insolence. Journaliste dans l'âme, il n'est jamais dupe des jugements et des modes, et il se montre sensible et généreux sur plusieurs sujets.

Jean-Marie Rouart l'avoue : depuis son enfance, il a toujours été en appétit de rencontrer les grands hommes de la politique. Pour lui, c'est un spectacle et son livre nous le fait partager (le titre en est tiré de Balzac). Partagé entre l'admiration et l'insolence, il porte sur eux un regard désenchanté.

Et puis, il offre quelques belles pages sur Péguy, Victor Hugo, Césaire, Le Clézio, ainsi que des jugements touchants sur quelques confrères académiciens, Alain Decaux et Claude Lévi-Strauss entre autres. Il n'hésite pas à citer les mots féroces de Jules Renard, de Chateaubriand et de Valéry, ses préférés.

Et Nicolas Sarkozy dans tout cela ?
On s'attendrait à ce qu'il occupe tout l'espace... eh bien non ! Certes, l'auteur ne cache pas son admiration et sa sympathie pour lui mais il l'épingle aussi quand il n'approuve pas certaines décisions (notamment la nomination des présidents de chaînes TV). Mais d'autres personnages sont également épinglés : Edouard Balladur, Rachida Dati, Xavier Bertrand, Hervé Morin, Jack Lang, ... Jean-Marie Rouart manie l'ironie, la critique, l'humour, sans jamais chercher querelle. Dans ses jugements, même sévères, il n'y a pas de parti pris (on pourrait cependant lui reprocher le passage excessif sur Dominique Strauss-Kahn).

Voici donc un livre distrayant et bien ficelé dans lequel on apprécie surtout la grande liberté de jugement de l'auteur, liberté servie par un réel talent.
Voici aussi un livre plus profond qu'il n'y parait, qui pose de véritables questions, qui se fait parfois grave sans adopter de ton dramatique, et qui sait parfois se situer au-delà des vagues de l'actualité.


En savoir plus :

Jean-Marie Rouart, Cette opposition qui s'appelle la vie, éditions Grasset & Fasquelle

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