Vauban, Clemenceau et Jean-Denis Bredin
En relecture, Jacques Rigaud propose le parcours biographique de Clemenceau par Michel Winock ainsi qu’une lettre de Vauban confronté à la calomnie. Et en lecture d’un livre tout récemment paru, il offre le dernier ouvrage de Jean-Denis Bredin, de l’Académie française.
_ S'il fallait trouver un point commun entre Vauban, Clemenceau et Jean-Denis Bredin, il serait vite découvert : tous trois ont été académiciens.
Vauban à l'Académie des sciences. En effet Sébastien Le Prestre de Vauban, 15 mai 1633 - 30 mars 1707, fut académicien honoraire le 18 février 1699, premier titulaire et Président de l'Académie royale des sciences en 1701 et 1705. Son éloge a été prononcé par Fontenelle.
Jacques Rigaud donne lecture d'une lettre admirable de Vauban à Louvois, lettre retrouvée dans un ouvrage de Daniel Halévy (membre de l'Académie des sciences morales et politiques élu en 1949).
Georges Clemenceau (1841-1929) à l'Académie française où il fut élu en 1918 au fauteuil 3. A cet homme sont attachées plusieurs images dont Premier flic de France, Le Tigre et Le Père La Victoire. Trois jours à peine après la signature de l’armistice, le 21 novembre 1918, les 23 académiciens siégeant l’élurent à l’unanimité, au fauteuil d’Émile Faguet, comme ils venaient de le faire pour le maréchal Foch. Pas plus que le maréchal Foch qui partageait avec lui cet honneur, Clemenceau n’avait été candidat ni effectué les rituelles visites de présentation. Le Président du Conseil ne se montra d’ailleurs guère enchanté de son nouveau statut et pas une seule fois il ne vint siéger sous la coupole, où il redoutait — disait-on — d’être reçu par son ennemi intime, Raymond Poincaré. Il mourut le 24 novembre 1929. Jacques Rigaud explique ici comment Clemenceau est un véritable héritier de la Révolution et un homme de gauche sans aucune référence au marxisme.
Quant à Jean-Denis Bredin, qui vient de publier aux Editions Grasset Trop bien élevé, il siège à l'Académie française, élu le 15 juin 1989, lui aussi au fauteuil 3 en ayant succédé à Marguerite Yourcenar. Dans ce livre, dont Jacques Rigaud fait l'éloge du style et de sa délicatesse, Jean-Denis Bredin a voulu "décrire les premières années d'un enfant trop éduqué... les sentiments, les mentalités, les rites qui dominaient encore une part de la bourgeoisie quand vint la guerre de 1939". Et pour preuve de cette délicatesse, on peut citer les quelques mots de Bredin s'adressant à ses lecteurs : "Excusez-moi, oui, excusez-moi si je suis là, car je vous gêne. Si vous m'avez bousculé, c'est que je n'aurais pas dû me trouver sur votre chemin. Si vous êtes de mauvaise humeur, de dois y être pour quelque chose. Comment vivre, marcher, respirer sans déranger ? Frapper avant d'entrer, s'effacer dans les portes, sourire, toujours sourire. Il ne suffira pas d'une vie entière pour se faire pardonner d'exister."
Références bibliographiques
Daniel Halévy, Cahiers verts n° 21, page 25. Grasset, 1923.
Jean-Denis Bredin, Trop bien élevé. Grasset, 2007.