Les mots des religions : la Réforme

avec le pasteur Claudette Marquet
Avec Claudette Marquet
journaliste

La Réforme protestante est le nom donné à la remise en cause des croyances et des pratiques de l’Église catholique romaine par de nombreux théologiens au XVIe siècle. Cette contestation a conduit à une scission de l’Église catholique romaine et à la formation des Églises protestantes. Le pasteur Claudette Marquet rappelle ici les principes de la Réforme et ses causes historiques.

Émission proposée par : Claudette Marquet
Référence : tor509
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Les principes de la Réforme :
Un Dieu d’amour : La première et grande conviction de Luther, c’est l’affirmation que le Dieu de Jésus-Christ est d’abord un Dieu d’amour qui sauve l’homme pécheur par sa seule volonté et grâce. Répondant à l’angoisse religieuse des hommes de son temps qui interrogent : « Comment serai-je sauvé ? » Luther affirme que Dieu est miséricordieux. Cette affirmation a transformé la vie de beaucoup de gens de l’époque qui voient se dégager devant eux un présent et un avenir.
Le salut gratuit : Après des années de travail et d’angoisse, Luther découvre que la question n’est pas : « Comment puis-je être sauvé par Dieu ? » mais comment accueillir et vivre le pardon que Dieu offre gratuitement sans chercher à comptabiliser les bonnes ou les mauvaises actions d’un individu ? Parce que son salut est entre les mains de Dieu seul et qu’il est définitivement acquis, le croyant protestant se sent libre pour lui-même, pour les autres et pour le monde. Le protestant par sa foi s’affirme soumis à Dieu seul et n’est redevable de ses actes et de ses pensées que devant Lui seul.

- La foi seule : Recevoir la foi de Dieu, l’accueillir comme un don et une promesse, demeure l’acte premier du croyant. La foi s’impose comme une conviction intime qui encourage à agir en conscience, appuyé sur le seul secours de Dieu. C’est d’ailleurs au nom de la foi en un Dieu sauveur, aimant et pardonnant que Luther (1483-1546) s’est dressé contre les autorités religieuses et politiques de son temps.

- Le sacerdoce universel : Il n’existe pas deux espèces de chrétiens : les prêtres et les autres les fidèles. Par le baptême, ainsi que l’affirme la Bible, tous sont prêtres. C’est ce que l’on appelle le sacerdoce universel. En abolissant la distinction classique entre clergé et laïcs, Luther pose l’égalité de tous les croyants devant Dieu, tous responsables, dans diverses fonctions, du témoignage commun à rendu Dieu dans le monde.

Le moine et professeur de théologie Martin Luther a déclenché la Réforme en Allemagne en 1517



- L’Ecriture seule : tel est le mot d’ordre des protestants qui considèrent que la Bible est la source nécessaire et suffisante de la foi chrétienne. Texte fondamental commun aux juifs et aux chrétiens, la Bible occupe une place centrale dans le protestantisme. Elle est l’unique référence en matière de foi ; en ce sens, elle fait « autorité ». La compréhension de la Bible est directement accessible au lecteur qui a la foi.

- Ecclesia reformata semper reformanda : « l’Eglise réformée doit toujours se réformer. » Ce précepte latin fait partie des mots d’ordre de la Réforme. Organisation à la fois spirituelle et humaine, l’Eglise réformée est soumise à son chef spirituel : le Christ et à l’autorité de la Bible. Elle se considère comme cette partie de l’humanité qui croit que le Dieu de Jésus-Christ a un projet pour elle et pour le monde. Elle a conscience d’être une institution humaine toujours appelée à se transformer.

- Les sacrements : Comme toute religion, le protestantisme fait place, dans la pratique, à quelques rites et symboles. Ils sont peu nombreux et dépourvus de magie, malgré l’importance qui leur est donnée. Ni acte magique, ni geste banal, le rite sacramentel chez les protestants réactualise les gestes fondateurs accomplis pour les humains par Jésus : le don d’une vie nouvelle (baptême), le rappel du salut gratuit de l’humanité (la Cène).


Les causes de la Réforme

- Le XVIème siècle est considéré comme le commencement des temps modernes par l’importance des courants politique, économique, social, culturel, scientifique, religieux qui le traversent. L’attente d’une Réforme religieuse est très grande, tandis que les chefs spirituels, les papes, sont discrédités.

- C’est la découverte du nouveau monde : Luther a 9 ans lorsque Christophe Colomb découvre l’Amérique en 1492, Magellan découvre que l’on peut faire le tour du monde et assure que la Terre est ronde.

- Les nouvelles idées : L’humanisme est né en Italie au XIVème, hors de l’université et souvent contre les théologiens.

- Au nombre des causes politiques on peut mentionner : Le comportement de certains papes qui tenaient plus du prince temporel ou du chef de guerre que du guide spirituel. Un pape, Alexandre VI (né Rodrigo Borgia), avait maîtresses et enfants, se comportait en chef de guerre et jouissait des richesses de ses États, malgré le sacerdoce. Il était devenu l'Antéchrist au yeux de certains. Ailleurs, l'Inquisition sévissait.

- Depuis longtemps, le monde chrétien craquait de toute part. Le XVIe siècle de l'ère commune était l'aboutissement d'un long chemin. Décimé par la peste noire, obsédé par la mort, mourant de guerres et de famines, menacé par l'Empire ottoman, l'histoire semblait aboutir vers le Jugement Dernier qui paraissait proche. D'autre part, les gens recommençaient à avoir peur des êtres surnaturels, comme les sorciers, les loups, le diable, l'astrologie avec des hommes comme Nostradamus était populaire, etc. Tous les gens étaient apeurés, plus que jamais, les superstitions s'emparaient d'eux. Certains groupes en particulier les illuminés de Münster ou des prédicateurs comme Melchior Hoffman annonceront « la fin des temps » et la venue prochaine du royaume du Christ, dénonçant de cette manière l'Église de Rome et son pouvoir temporel et les abus qu'ils subissaient des princes de ce monde.

- L'invention de l'imprimerie, la diffusion du papier en Occident, la possibilité d'imprimer la Bible et de la traduire en plusieurs langues furent des causes déterminantes de la Réforme. En effet, alors que les textes sacrés étaient jusqu'alors lus pendant les offices en latin, les possibilités techniques permirent aux hommes de cette époque de constater les incohérences entre le comportement du clergé et ce que prescrivaient les Evangiles. C'est de cette façon que Luther dénonça les abus liés aux indulgences.

- La tradition veut que la Réforme ait commencé avec l'affichage par Martin Luther de 95 thèses contre les travers de l'Église, sur la porte de l'église du château de Wittenberg, le 31 octobre 1517. Mais c'est sa nouvelle compréhension de l'Évangile qui en définit le contenu : un salut donné gratuitement à cause de Jésus-Christ, connaissable par la seule Bible mise à la disposition de tous sans intermédiaires humains.


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