les mots des religions : le catéchisme
Sylvie Barnay, maître de conférences à l’université de Metz, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la religion catholique, explique ici l’histoire du catéchisme.
Le terme « catéchisme » provient du verbe grec katekein qui signifie « faire résonner », « faire retentir ». C'est dans ce sens que ce verbe apparaît dans le Nouveau Testament. Saint Paul affirme que celui qui est catéchisé communique avec celui qui le catéchise (Gal 6, 6). Pour les Pères de l'Eglise latine, à partir du IIIe siècle, la catéchèse désigne l'enseignement préparatoire au baptême. Progressivement apparaissent les catéchèses, comme par exemple, celles de Saint Cyrille de Jérusalem ou de Théodore de Mopsueste. Le De mysteriis de saint Ambroise expliquait aux néophytes les sacrements du baptême et de la confirmation. Le De catechizandis rudibus de saint Augustin marque un véritable tournant. C'est un véritable manuel de pégagogie catéchétique qui s'adresse aux trois classes possibles d'auditeurs - homme de peu d'instruction, demi savants, hommes instruits - pour les initier à la doctrine des Livres saints. C'est aussi le moment où les Pères de l'Eglise préconisent le baptême des enfants, donnant lieu à un changement de visée catéchétique. Désormais, il s'agit en effet d'instruire les enfants dans la foi.
Le catéchisme en tant que tel ne fait pas son apparition avant la fin du Moyen Age. Le terme désigne à la fois le contenu de l'enseignement religieux élémentaire qui prépare à la profession de foi solennelle et un manuel composé de questions et de réponses qui contient le résumé des connaissances que l'Eglise exige avant l'accomplissement de cet acte. Dès le XIIe siècle, plusieurs méthodes sont utilisées pour mémoriser le contenu de la foi, notamment la méthode du Septenaire, facilitant le travail de mémoire en groupant l'enseignement sous le chiffre sept : sept vertus, sept sacrements, sept œuvres de miséricorde. Mais aucun livre n'est encore adressé explicitement aux enfants. C'est Jean Gerson (1363-1429) qui annonce les premiers manuels de catéchisme en écrivant son ABC des simples gens destiné à former les enfants à la piété.
C'est dans le cadre de la réaction au mouvement de la Réforme qu'apparaissent les premiers catéchismes, tel celui de Pierre Canisius. L'impulsion donnée par le concile de Trente à l'instruction des fidèles a pour résultat d'accentuer l'effort de divulgation littéraire. Mais il faut plus d'un siècle pour que la Réforme pastorale décrétée au Concile de Trente (1545-1563) passe dans la réalité de l'Eglise anglicane. Le XVIIe siècle voit alors naître un type de catéchisme destiné à fournir un enseignement substantiel, facile à assimiler. Le Grand catéchisme historique de Fleury propose par exemple une méthode de culture spirituelle qui prétend réagir contre les abstractions de la scolastique. Le manuel emblématique du XVIIe siècle est le catéchisme de Bossuet : « Il nous a paru que le fruit du catéchisme ne devait pas être seulement d'apprendre aux fidèles les premiers enseignements de la foi, mais encore de les rendre capables peu à peu des instructions les plus solides ».
Progressivement les catéchismes sont ordonnés en trois parties : les vérités à croire, les commandements à observer, les sacrements à recevoir pour mériter le bonheur du ciel. Il n'existe pas de catéchisme universel. Chaque diocèse produit le sien.
Il faut attendre le catéchisme impérial de 1806 pour voir apparaître un seul catéchisme pour toute l'Eglise de France. L'empereur décide alors de donner un seul catéchisme à toutes les Eglises catholiques de l'Empire français. Le catéchisme impérial disparaît avec la chute de Napoléon en 1814. Mais le catéchisme national de 1937 entend lui aussi donner à tous les enfants un même manuel composé selon les trois « nous devons » (vérité à croire, commandements à observer, sacrements à recevoir). Le récent Catéchisme de l'Eglise catholique (1997) s'inscrit dans la visée de l'universalité de l'Eglise en donnant un exposé de la foi de l'Eglise et de la doctrine catholique.