Les mots des religions « les coptes »
Avec Sylvie Barnay, maître de conférences à l’Université de Metz et chargée de cours à l’Université catholique de Paris, découvrez l’histoire des coptes, l’implantation du christianisme en Egypte et l’originalité de ces chrétiens du Nil.
Les coptes constituent à la fois un peuple, une langue, un rite et une Eglise.
Les coptes sont les chrétiens d'Egypte. Leur nom, issu de l'arabe Qibt, est une abréviation du grec Aiguptios, « Egyptien », lui-même dérivé de Hikuptâh, nom religieux de l'ancienne capitale Memphis.
La tradition fait de saint Marc le fondateur de l'Eglise primitive chrétienne d'Egypte. C'est Clément d'Alexandrie (IIIe siècle) qui précise que Marc est venu à Alexandrie après le martyre de Pierre à Rome, en 64. Dès les années 60, une première communauté chrétienne se développe dans les milieux juifs de la ville d'Alexandrie. Ensuite l'Eglise évolue entre gnosticisme et manichéisme. Les courants gnostiques sont très actifs ainsi que les milieux manichéens.
Après 313, quand l'Eglise sort de la clandestinité, le christianisme a désormais droit de cité et devient la religion de l'Etat. L'Eglise d'Egypte participe alors activement aux grandes controverses christologiques de son temps. C'est aussi dans son creuset, au milieu des déserts brûlants, que naît le monachisme, témoin de la vitalité de l'Eglise copte. Mais au lendemain du concile de Chalcédoine en 451, l'Eglise copte se sépare des sièges de Rome et de Constantinople pour des raisons de divergence d'interprétation doctrinale sur la double nature du Christ (à la fois homme et Dieu).
Entre le Ve et le VIIIe siècle, elle connaît une époque de grande efflorescence dont témoigne encore les arts de la pierre (basiliques, nécropoles) et les arts de la couleur (icônes, art funéraire, tissus etc...). En 641, les musulmans s'emparent de l'Egypte. Si les coptes ne sont plus sous tutelle byzantine (partie orientale de l'ancien Empire romain, ils doivent désormais cohabiter avec les musulmans. Très vite, l'Eglise prend le parti de l'acculturation. Les chrétiens participent à l'épanouissement de la culture arabo-musulmane jusqu'à abandonner la langue de leurs ancêtres. La cohabitation entre les communautés religieuses n'est pas sans heurts, mais dans l'ensemble l'Eglise copte connaît une période de développement et de croissance. Au XIIIe siècle, elle connaît même une période de renaissance culturelle malgré la dégradation de la situation des Coptes sous les mamelouks qui prennent le pouvoir en 1251.
Puis progressivement, l'histoire de la communauté copte est celle d'un lent déclin. Les taxes dont les chrétiens sont de plus en plus accablés pour financer la politique militaire des mamelouks réduisent à néant toute vie culturelle. L'Eglise elle-même sombre dans la léthargie. La situation ne s'améliore pas avec la conquête de l'Egypte par les Ottomans en 1517.
Aujourd'hui les coptes constituent environ 6 % à 10 % de la population égyptienne (6% selon les sources officielles, 10 à 20 % selon les sources coptes). L'histoire moderne des coptes diffère sensiblement de celles des autres chrétiens d'Orient. Elle se caractérise par un attachement viscéral à leur pays. Les Coptes sont profondément investis dans tous les domaines de la vie de la nation égyptienne.
Source : Christian Cannuyer, L'Egypte copte, les chrétiens du Nil, Paris, Découvertes Gallimard, 2000 (n°395).
L'illustration sonore de cette émission est extraite d'une messe enregistrée au Caire, par Canal Académie, en novembre 2006.
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