Les mots des religions : les trois saintes Catherine
Les Catherine sont fêtées le 25 novembre. Mais quelle est la sainte commémorée puisque l’histoire en compte plusieurs ayant porté ce prénom ? Sylvie Barnay les présente ici : Catherine d’Alexandrie, Catherine de Sienne, Catherine Labouré et explique les symboles attachés à leur image, notamment le fameux chapeau des catherinettes !
Le culte rendu à sainte Catherine d’Alexandrie, attesté dès le début du IVe siècle, connaît d’emblée un immense succès en Orient. Le récit de sa passion est recopié, amplifié et traduit en diverses langues. Le mont Sinaï où la sainte est enterrée fait l’objet d’un pèlerinage important attesté dès le VIe siècle et qui se développe autour de l’an mil. Les croisades contribuent à répandre le culte de sainte Catherine en Occident.
C’est la Légende dorée du dominicain Jacques de Voragine qui, au milieu du XIIIe siècle, va contribuer à populariser la légende de sainte Catherine d’Alexandrie. Selon la légende dominicaine, Catherine est la fille du roi Costus. Un jour, l’empereur Maxence vient au palais. Il admire son éloquence et sa sagesse. Il la confronte aux plus grands sages du royaume chargés de démontrer la vanité de sa religion. Mais Catherine refuse de l’épouser. Furieux de cet échec, l’empereur la fait enfermer en prison où elle reçoit la visite des anges qui lui apportent une nourriture venue du ciel. Puis, après divers rebondissements, l’empereur fait préparer les instruments de son supplice : quatre roues entourées de scies de fer et de clous très pointus. Mais un ange détruit l’effroyable instrument de torture. L’empereur ordonne alors qu’elle soit décapitée…
Le légendaire médiéval est à l’origine de la représentation iconographique la plus fréquente de la sainte. Catherine de Sienne est souvent représentée avec la roue, instrument de son supplice et de sa Passion. Elle présente également sur de nombreuses peintures la couronne du martyre.
Sainte Catherine est la patronne des avocats, des philosophes et des universitaires, en souvenir de l’épisode qui la confronte aux plus grands sages du royaume. Elle est également la patronne des charrons ou fabricants de roues de chars qui évoquent les roues de son supplice. Elle est aussi la patronne des nourrices (du lait jaillit de son corps lors de sa décapitation, selon la Légende dorée : « Puis, quand (Catherine) fut décapitée, en guise de sang, du lait sortir de son corps. Alors des anges prirent son corps, l’emportèrent depuis ce lieu jusqu’au mont Sinaï, à plus de vingt journées de voyage, et l’ensevelirent là avec beaucoup d’honneurs. De ses ossements s’écoule sans cesse de l’huile qui guérit le corps de tous les malades » (Légende dorée, p. 982).
Catherine est encore la patronne des jeunes filles qui couronnent sa statue d’une coiffe de fleurs le jour de sa fête. Aujourd’hui, la coutume veut que les jeunes filles encore non mariées à l’âge de vingt-cinq ans reçoivent la « coiffe de sainte Catherine ».
Fête le 25 novembre, elle fut ôtée du calendrier romain en 1969 et présentée comme une figure littéraire de la sainteté.
Catherine de Sienne (1347-1380)
La vie de sainte Catherine de Sienne (1347-1380) a été rédigée par un de ses contemporains, le dominicain Raymond de Capoue. Ce dernier était son confesseur. Un recueil de miracles écrit juste après sa mort permet également de connaître le rayonnement que sainte Catherine exerce sur ses contemporains. La sainte a aussi laissé un grand nombre d’écrits qui permettent d’entrer dans la dimension spirituelle de la sienne, comme par exemple le « Dialogue de la divine providence » dicté à son confesseur et rédigé en italien…
Cet ensemble documentaire permet de restituer la vie de sainte Catherine de Sienne. Fille d’un teinturier de la cité marchande de Sienne, elle habite un quartier surplombé par l’imposante église des dominicains. Sa vocation spirituelle s’affirme de manière précoce. La jeune femme est inspirée par la spiritualité dominicaine. Elle adopte un mode de vie spirituel à mi-chemin entre le monde et le couvent. Elle continue de vivre comme une femme laïque, mais porte l’habit des religieuses dominicaines sans être religieuse. Elle s’adonne alors à des activités de charité : visite des malades et des pauvres. Un groupe de femmes constitue autour d’elle une sorte de fraternité spirituelle. Parallèlement sa vie mystique, c’est-à-dire son ouverture progressive aux mystères divins, s’intensifie. Elle a de nombreuses extases ou élévations de son âme au ciel. Elle épouse spirituellement le Christ et échange son cœur avec lui (échange des cœurs ou « mariage mystique »). Elle participe de manière tellement intime à la vie du Christ qu’elle reçoit, à sa ressemblance, l’impression des cinq plaies du Christ (appelées « stigmates ») aux pieds, aux mains et au cœur. La vie publique de Catherine de Sienne prend également une grande importance. La sainte appelle publiquement les grands de son temps, papes et rois, à se réformer. Elle prophétise la réforme de l’Eglise et la réforme des mœurs. En 1378, elle dénonce le schisme d’Occident et s’engage pour le retour des papes d’Avignon à Rome, pour l’unité et l’indépendance de l’Eglise. Elle meurt peu après en odeur de sainteté.
Dans l’iconographie, elle est souvent représentée en habit de dominicaine : elle tient un lys à la main, symbole de sa virginité, ou parfois un cœur, symbole de l’échange de son cœur avec le Christ.
Sainte Catherine de Sienne est la patronne de l’Italie. Elle est aussi la patronne des infirmiers, rappel de sa vie adonnée aux malades. Elle est particulièrement invoquée pour la « bonne mort ».
Elle est proclamée docteur de l’Eglise par le pape Paul VI le 4 octobre 1970. Sa fête est le 29 avril. Elle fut canonisée en 1461.
Catherine Labouré (1806-1876)
Né à Fain Les Moutiers en Bourgogne, Catherine Labouré entre dans la Congrégation des fille de la Charité fondée par saint Vincent de Paul. Les visions de la sainte se déroule sur fond d’épidémie de choléra qui frappe alors la capitale. Son confesseur, le lazariste Jean-Marie Aladel, est le rédacteur des récits de visions de la jeune femme. Selon les indications de la voyante, il fait ainsi frapper la médaille miraculeuse portant l’inscription dictée par la Vierge le 27 novembre 1830 : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». La médaille sera diffusée en près de 8 millions d’exemplaires dans l’ensemble du monde, notamment par le biais des missions qui se développent de manière intensive dans la seconde moitié du XIXe siècle.
La sainte mène une vie austère et dévouée à Reuilly, loin du vaste mouvement dévotionnel dont la médaille miraculeuse est à l’origine.
Aujourd’hui, le corps de la sainte exhumé en 1933 et retrouvé conservé en parfait état, est le lieu de pèlerinage le plus fréquenté de Paris : la chapelle de la Rue du Bac.
Catherine Labouré a été canonisée le 27 juillet 1947 par le pape Pie XII.
Elle est fêtée le 25 novembre.
Texte de Sylvie Barnay
Maître de conférences à l’Université Paul-Verlaine de Metz
Chargée de cours à l’Institut catholique de Paris