Les mots des religions : protestantisme et protestants
Le protestantisme regroupe l’ensemble des courants religieux chrétiens issus du catholicisme, qui prennent naissance en Europe lors de la Réforme, sous l’impulsion de théologiens tels que Martin Luther, Ulrich Zwingli puis Jean Calvin. Détails en compagnie du pasteur Claudette Marquet.
_ Le protestantisme est né en Allemagne, au XVIe siècle, d’une protestation contre les pratiques et les idées dominantes du christianisme de l’époque, jugées trop éloignées de leur source : le message évangélique tel qu’il se donne à lire dans la Bible. De ses origines jusqu’au XVIe siècle, le christianisme a connu de nombreux mouvements de réformes, suscités par des hommes ou des femmes désireux que leur Église, dans son organisation, ses idées et ses pratiques, se montre plus fidèle à ses principes fondateurs. Cependant, rares furent les ruptures et les scissions. Certes, au XIe siècle (1054), l’église chrétienne s’est scindée en deux : une Église d’Orient, centrée sur Constantinople, et une Église d’Occident, centrée sur Rome.
Mais dans l’Église d’Occident, les contestataires, souvent isolés, se sont inclinés ou ont été éliminés. Le Praguois Jan Hus, grand Réformateur du XVe siècle, condamné par les responsables religieux, a péri sur le bûcher tout juste 100 ans avant l’acte fondateur du protestantisme.
Un siècle plus tard, le moine allemand Martin Luther, qui disait : « Nous sommes tous des Hussites » (des disciples de Jan Hus), a non seulement échappé au bûcher mais a donné naissance à un mouvement qui a bouleversé l’Europe sur les plans religieux, politique, social et culturel, et contribué à engendrer les temps modernes.
Un acte de protestation
Le luthéranisme, la doctrine de Luther, se répand en Allemagne en même temps qu’il se forme. Charles Quint, empereur du Saint-Empire germanique de 1519 à 1558, essaie de contenir le mouvement. En 1529, à Spire, l’empereur, menacé par les Turcs, veut restaurer le culte catholique dans toutes les régions. Cinq princes électeurs et quatorze villes de l’Empire « protestent » et déclarent : « Nous protestons, devant Dieu notre unique créateur, conservateur, rédempteur et sauveur qui, un jour, sera notre juge, ainsi que devant tous les hommes et toutes les créatures, que nous ne consentons ni n’adhérons en aucune manière, pour nous et pour les nôtres, au décret proposé, dans toutes les choses qui sont contraires à Dieu, à la sainte parole de Dieu, à notre bonne conscience et au salut de nos âmes… ».
Les princes signataires sont appelés « protestants ». De cette protestation vient le nom de protestants.
Les autres appellations
Tous les protestants sont appelés « luthériens » au début par leurs adversaires. Ils seront ensuite nommés par dérision « huguenots » puis « religionnaires » en France, avant d'être appelés « réformés ».