La transmission des savoirs dans l’Égypte ancienne
En Égypte, au cours du IVe millénaire, l’invention de l’écriture va de pair avec la naissance d’un État centralisé et d’une idéologie royale fortement affirmée. Peu à peu, autour du monde des scribes, se forment des Écoles de Sagesse qui s’attachent à transmettre les savoirs. L’égyptologue Nicolas Grimal évoque les « Enseignements » - ainsi nommés par les lettrés de l’époque - et l’originalité de la pensée égyptienne.
La littérature sapientiale apparaît en Égypte sous la forme d’« enseignements». Il s’agit d’apprendre à vivre en conformité avec le lien fondamental de la société en Égypte ancienne, représenté par Maât, déesse du principe abstrait « Vérité et Justice ». Pour éviter de revenir au chaos initial il faut maintenir, quotidiennement, l’ordre établi. Le roi, chargé du bon équilibre de son pays, est l’intercesseur entre l’ordre divin d’une part et l’ordre social d’autre part ; il doit faire respecter le culte, les rites, la tradition en harmonie avec l’ordre universel. Les fonctionnaires royaux, les lettrés participent à cette recherche de stabilité et rédigent des traités d’éducation sous des formes très différentes : contes, fables, recueils de maximes, proverbes, poèmes, anecdotes humoristiques, conversations entre « pères et fils »…
Les jeunes écoliers apprennent à lire et écrire sur des « ostraca » (tessons de céramique, éclats de calcaire) en recopiant les textes distribués et commentés par leurs maîtres. Les lettrés, eux, utilisent plutôt des papyri et des tablettes. La langue classique, utilisée pour l’enseignement littéraire jusqu’à l’époque hellénistique, et les exercices de maths - dont on a retrouvé des morceaux de brouillons dans les dépotoirs des écoles - demandent une gymnastique d’esprit très formatrice pour ces jeunes générations.
Grâce à ses méthodes d’enseignement la civilisation égyptienne s’est maintenue plus de 4000 ans. Les avatars politiques ou religieux, les contacts avec les pays voisins et les invasions étrangères n’ont jamais vraiment détourné la civilisation égyptienne de son désir de cohérence et de son originalité.
Dans cette émission vous écoutez des extraits musicaux interprétés par David Grimal : Sonates et partitas de Bach.
En savoir plus sur Nicolas Grimal :
http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/civ_pha/index.htm
http://www.aibl.fr/membres/academiciens-depuis-1663/article/grimal-nicolas-christophe?lang=fr