Jean-Philippe Collard, immense pianiste et amoureux de la terre

Le correspondant de l’Académie des beaux-arts, section musique, se confie au micro d’Emilie Joulia
Avec Jean-Philippe COLLARD
Correspondant

Bien connu des amoureux de la musique classique, la carrière du pianiste Jean-Philippe Collard est impressionante ! Jugez-en en l’écoutant dans cette émission où il se confie en toute sincérité. Se produisant sur les plus grandes scènes internationales, Jean-Philippe Collard, correspondant de l’Académie des beaux-arts, est rarement à Paris mais il a profité d’une escale pour répondre à l’invitation d’Emilie Joulia pour Canal Académie.

Jean-Philippe Collard intègre le conservatoire national supérieur de musique de Paris au début des années 60 et obtient le premier prix de piano en 1964. D’autres grands prix vont suivre et sa carrière devient vite internationale. Au total sa discographie compte 50 titres ! Il s'est produit sur les plus prestigieuses scènes du monde, a joué avec les chefs d’orchestre les plus réputés… En 1988, il a reçu une Victoire de la musique comme soliste de musique classique de l'année. Et depuis 2004, il compte parmi les correspondants de l’Académie des beaux-arts.

Dans cette émission Jean-Philippe Collard raconte son métier avec une grande simplicité, revenant sur les différentes étapes de sa carrière...

A 10 ans, la question terrible. "Je vois encore mon père me dire : voilà il y a un professeur du conservatoire qui t'a entendu dans une audition et qui nous a dit : votre fils est doué, il faudrait l'amener".

Jean-Philippe Collard, correspondant de l’Académie des beaux-arts section musique



Sur le conservatoire...
- "Mon passage au conservatoire, alors que j'étais tout jeune, a été un événement marquant dans un sens négatif. J'ai souffert de cette période. Nous étions en pleine adolescence, décramponnés d'un parcours normal : plus de lycée, plus d'amis, plus de vacances et puis nous étions plongés dans un univers où l'on sent que les dents sont aiguisées et que les professeurs se disputent parce qu'ils voudraient avoir les meilleurs élèves. Aucune ambiance particulière pour générer des amitiés. J'ai été ravi d'en sortir avec le sentiment de ne pas avoir appris grand chose !

- J'ai été mis sur un piedestal alors que je jouais en culottes courtes, j'étais si jeune... J'ai éprouvé une grande solitude en sortant de cette école : que vais-je faire ? Mes parents ont dû faire le sacrifice de me payer des cours privés. J'ai traversé cette période sans réels dégâts grâce à une certaine force et à la lucidité de mes parents.

Comment réussir à se trouver dans de telles circonstances ?
- J'ai eu deux chances. D'abord celle de ne jamais avoir d’ambition particulière pour ce métier même si c'était la culture de la famille. Je ne rêvais pas de projecteurs... La seconde : j'ai eu un grand appétit pour une vie familiale équilibrée et épanouie si bien qu'à certains moments je n'acceptais pas de partir longtemps en voyage. Finalement, j'avais peu d'ambition et j'ai eu en même temps des petites chances. Ma vie est heureuse car elle n'est pas au premier plan. Je ne suis pas le sujet de soubresauts médiatiques, j'ai la vie que j'ai envie d'avoir. La musique doit rester un plaisir, un partage, et non les bravos. Il faut déterminer l'envie profonde d'un jeune.

Sur la musique
- La musique française est très chère à mon coeur parce que c'est la musique de mon pays, de mes paysages, j'aime la défendre quand je franchis les frontières. Fauré est certainement celui qui est le plus proche de moi."



Jean-Philippe Collard confie aussi que l'international passe par les Etats-Unis, le Canada, l'Amérique du sud et qu'il se doit donc d'y aller de manière régulière. A la question : qu'aurait-il fait sans la musique, il répond : «J'aurais espérer faire Sciences Po, ou l'ENA et j'aurais fait de la politique.» Mais en réalité, Jean-Philippe Collard l'avoue : il aime la terre, la réalité des choses, les fleurs, le vent, les choses simples...


Retrouver d'autres anecdotes dans cet entretien dont celle concernant une rencontre extraordinaire avec le grand chef d'orchestre japonais Seiji Ozawa, également membre de l'Académie des beaux-arts.

- Le site web des Flâneries Musicales de Rheims, un festival dirigé par Jean-Philippe Collard

Jean-Philippe Collard dirige les Flâneries Musicales de Rheims depuis 2012

Cela peut vous intéresser