Le Général Gallois, la voix d’un expert en stratégie et celle d’un esprit libre
Rencontre avec le Général Pierre-Marie Gallois, l’homme de la force de frappe du Général de Gaulle et de la dissuasion nucléaire, le pilote de la France Libre, l’ami de Pierre Closterman, aviateur légendaire et ami de Hemingway, l’un des grands témoins de choix stratégiques français essentiels.
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Le Général Pierre-Marie Gallois est né le 29 juin 1911 à Turin où ses parents étaient de passage. Emerveillé dans son enfance par les aviateurs de la guerre de 1914-1918 et par les pionniers de l’aviation civile (qui sont souvent les mêmes), il entre à l’Ecole de Guerre de Versailles et commence son parcours militaire à Colomb-Béchar comme sous-lieutenant puis lieutenant d’excadrille saharienne. C’est en 1943 qu’il rejoint la Grande-Bretagne et devient membre d’un équipage de bombardiers lourds du Royal Air Force Bomber Command.
Après la guerre, il est affecté au Cabinet du Chef de l’Etat Major de l’Armée de l’Air, puis à la Défense Nationale. Dès 1953, il milite pour une force de frappe atomique française distincte de l’OTAN et s’ensuit une longue polémique avec Raymond Aron, partisan des Américains.
C’est en 1957 que le Général Gallois prend une retraite fort active, devenant expert en stratégie consulté dans le monde entier et publiant nombre d’ouvrages, dont certains très polémiques et fort peu politiquement correct, ce dont il se félicite, esprit libre s’il en est. Les titres sont assez explicites, avec le premier d’entre eux L’Europe au Défi en 1957 qui sera suivi de plus d’une vingtaine d’ouvrages, seul ou en collaboration, par exemple : L’Europe change de maître en 1972, Livre noir sur la Défense en 1994, Le sang sur le pétrole en 1995, L’heure fatale de l’Occident en 2004.
Le Général Georgelin, chef d’Etat-Major des Armées, vient, en 2008, de lui rendre hommage, le citant parmi les stratèges de référence de l’époque :
« On fait souvent le procès de la pensée militaire française. C'est aussi une conséquence de nos défaites. On oublie qu'un certain nombre de nos penseurs militaires comptent encore à l'étranger. […] D'autres militaires ont eu une véritable réflexion sur l'ère nucléaire, les généraux Beauffre et Gallois et, naturellement, Lucien Poirier. »
Le général Gallois est décédé le 24 août 2010.