L’Alliance française de New York, un "écrin" pour la culture française aux Etats-Unis
Depuis cinq ans, Marie-Monique Steckel est le directeur général du FIAF, le French Institute Alliance française installée au cœur de New-York et résultat d’une fertile fusion, en 1972, entre l’Alliance française, en place depuis 1898, et le French Institute, créé en 1911. Avec passion et enthousiasme, elle retrace pour nous l’évolution de l’organisme, évoque ses diverses missions et son rôle essentiel de promoteur de la langue française et de la culture francophone aux Etats-Unis.
Première mission de Marie-Monique Steckel: rénover le siège du FIAF
Le charmant immeuble nommé « Beaux arts » qu’occupaient les membres du French Institute Alliance française, était devenu vétuste. Depuis trois ans, et grâce au travail du talentueux metteur en scène et designer Richard Peduzzi, les membres du FIAF ont réintégré l’établissement devenu vétuste. Avec ses huit étages, celui-ci est désormais un véritable « écrin » de la promotion de la culture francophone. Doté de 27 salles de classes il dispose de quatre espaces publics :
- un "skyroom" pour les réceptions,
- un théâtre de 400 places,
- un auditorium de 120 places,
- une galerie de 100 mètres carrés pour les expositions.
Cette rénovation a donné un nouvel élan au FIAF, lui conférant davantage de gaieté, de visibilité et de jeunesse.
Aujourd’hui, avec un chiffre de fréquentation en augmentation de 5 à 7% par an sur les quatre dernières années, les élèves sont près de 7 000 à apprendre le français au FIAF. L’offre s’y est également diversifiée : par exemple, outre des manifestations culturelles, ils bénéficient de cours de littérature dispensés par les écrivains de passage à l’institut.
Les missions du FIAF
La principale mission du French Institute Alliance française est d’offrir aux Américains une vision de l’ensemble de notre culture, la langue n’en étant que le véhicule. Les élèves, d’ailleurs, viennent davantage « par plaisir » que pour acquérir des compétences linguistiques utiles à leur profession : ils sont souvent désireux de mieux connaître la France et de s’y rendre.
Cette mission se divise en trois volets principaux :
- L’enseignement du français avec une soixantaine de professeurs dont 12 permanents.
- Le rayonnement de la superbe John & Francine Haskell Library, bibliothèque du FIAF, riche d’un très grand nombre d’ouvrages, de DVD et de supports audio.
- La programmation d’évènements culturels. Le soir même de cette émission, par exemple, ainsi que le lendemain, Jane Birkin faisait salle comble au FIAF !
Chaque mardi se déroule également le « cinema Tuesday » du film français, où sont diffusés de grands classiques mais aussi certaines premières de films et où interviennent de grands spécialistes. Le mois dernier, autre exemple, la présentation de «Persécution», le film de Jacques Chéreau, dans lequel joue Charlotte Gainsbourg, a débouché sur une rétrospective de tous les films de l’actrice. Enfin, l’année du FIAF est ponctuée par deux grands évènements :
-* Le festival franco-américain de création contemporaine «Crossing the Line» (par delà les frontières), qui a lieu en septembre et mêle danse, théâtre, musique et des manifestations artistiques toujours plus innovantes, telles que la présentation de l’œuvre numérique, l’an passé, par la coopérative d’artistes « Visual System » dans la galerie du FIAF.
-* En mai, se déroule pendant un mois «World nomades», festival de vision transculturelle, consacré à l’Afrique en 2008, à Haïti en 2009 (les Haïtiens sont 500 000 à New-York) et qui mettra le Liban à l’honneur en 2010.
Voir la video de l'installation de Visual System
Le financement du FIAF
Le FIAF est une fondation non gouvernementale, privée et le gouvernement français ne soutient le financement de la programmation culturelle qu’à hauteur de 1,5% du budget de la fondation. Notre invitée reconnaît par conséquent la nécessité d’avoir « l’esprit du chasseur » et de faire preuve de persévérance en matière de prospection de fonds. Mais, « par chance », ajoute-t-elle, depuis quatre ans environ, la réputation du FIAF s’est véritablement « assise », grâce à une équipe dynamique et une programmation toujours plus riche. Désormais les évènements affichent le plus souvent complet, ce qui n’était pas nécessairement le cas auparavant et, ainsi, le secteur marketing s’est fortement élargi.
Les fonds sont récoltés auprès d’un certain nombre de donateurs privés et d’entreprises françaises, qui deviennent alors « Corporate members » du FIAF et ont tout à fait intérêt à profiter du rayonnement français dont la fondation est source. Par ailleurs, chaque automne, un gala est mis en place et permet de récolter environ la moitié des sommes requises : environ 550 personnes y participent pour honorer la remise du Pilier d’or à un homme d’affaires et celle du Trophée des Arts à un artiste, comme Bob Wilson en 2009 (décoré par Isabelle Huppert), Philippe de Montebello en 2008 mais également Charlie Rose, homme de télévision très réputé aux États-Unis et qui pratique de nombreuses interviews de personnalités françaises.
Le parcours de Marie-Monique Steckel
Française, la directrice du FIAF a été élève à Science-Po puis est entrée à Harvard et à Yale, où elle a rencontré son futur mari, américain et avocat. Une fois installée aux Etats-Unis avec son époux, pour « mettre la France dans son paysage personnel », confie-t-elle, Marie-Monique Steckel, a dirigé pendant vingt ans France Telecom North America, avant de travailler pour l'Europe de l’Est. Jusqu’à ce jour extraordinaire où, au cours d’un déjeuner, son prédécesseur au FIAF, lui confiait vouloir revenir à ses racines... Pourquoi ne pas le remplacer ? Occasion rêvée pour elle de « participer à la culture de son pays ». « La culture française est immense », ajoute-t-elle, persuadée que « la France peut apporter autre chose à New-York que le béret et le litron de vin !» Et de conclure sur son extrême ravissement à avoir pu « réveiller cette vieille dame endormie » qu’était le FIAF…
Pour aller plus loin, visitez le site du FIAF.