Souvenirs de famille : Pierre Gaxotte, de l’Académie française
"Souvenirs de famille" se propose de vous faire découvrir des aspects méconnus d’un académicien grâce à l’un des membres de sa famille. Ici, c’est Philippe Gaxotte qui évoque son oncle Pierre Gaxotte, connu comme historien et chroniqueur de presse mais que l’on découvre comme ami du Tout-Paris de l’entre-deux guerres, amateur de disques et de music-hall, volontiers rieur et fréquentant les grands créateurs de théâtre... Une évocation émouvante, chaleureuse, qui allie connaissance et reconnaissance !
Pierre Gaxotte de l’Académie Française est évoqué par son neveu et légataire de son œuvre : Philippe Gaxotte, médecin de profession. Dans cette émission exclusive, il confie :
« Je dois beaucoup à Pierre Gaxotte, il m’a apporté énormément par ses conversations, a certainement influencé ma façon de voir les choses en me prodiguant toutes sortes de conseils tel que celui de ne pas se laisser berner pas le clinquant, le brillant… Il m’a mis en relation avec des personnes enrichissantes sur le plan intellectuel. Resté célibataire, il a vraiment été pour moi un second père alors que mon propre père est décédé très jeune, rentré du camp de concentration Dachau par miracle, il n’a pas longtemps survécu à cette atrocité… C'est pourquoi, je dois beaucoup à Pierre Gaxotte. »
Pierre Gaxotte, né en 1895, mort en 1982, fut élu à l’Académie Française en 1953. Historien, il a rédigé plusieurs ouvrages d’histoire qui ont marqué leur temps et ont connu plusieurs éditions, parmi lesquels : « La Révolution Française », « Le siècle de Louis XV », « Frédéric II »…
On se souvient aussi de lui comme chroniqueur de presse à Candide, au Figaro, à Elle où ses articles étaient fort appréciés.
Philippe Gaxotte : « Mon oncle est né à Revigny dans la Meuse, en Lorraine ; toute notre famille est d’origine lorraine ; il a très bien raconté son enfance dans le livre « Mon village et moi », une enfance qui n’a pas toujours été facile : le village où se trouvait la maison de ses parents, son père était notaire, fut détruit pendant la première guerre mondiale et sa maison natale totalement en ruine. Il est toujours resté très lié à sa famille, échangeant une correspondance suivie avec ma mère, sur la littérature, les livres qui sortaient, il lui racontait la vie parisienne…
Et notre invité relate plusieurs moments de la vie de Pierre Gaxotte généralement mal connus ou mal compris dont l'épisode de sa fuite à Varennes sur Allier (pas de celle du Roi mais celle de Gaxotte recherché par la Gestapo).
"Mon Oncle n’était pas seulement l’historien que beaucoup connaissent ; en effet de 1924 à 1940, il devient rédacteur en chef de l’hebdomadaire Candide dont l’éditeur était Arthème Fayard ; cet hebdomadaire avait beaucoup de succès, ce qui explique ses rencontres avec de nombreux personnages de l’époque de l’entre-deux guerres, du monde des lettres mais aussi du monde des Arts, de la musique, du music-hall, de la chanson… Pierre avait compris très tôt l’avenir de la reproduction phonographique ; c’est ainsi qu’en 1931 il proposa à Arthème Fayard de constituer le jury d’un grand prix du disque. Colette - qui l’appelait « mon professeur d’histoire »-, Maurice Ravel, ont fait partie de ce jury qui couronna, entre autres, la chanson : « Parlez-moi d’amour » interprétée par Lucienne Boyer"
Philippe Gaxotte précise que, si Pierre Gaxotte a ainsi rencontré le Tout-Paris, il n’était pas mondain ; il aimait voir ses amis en petit comité. Ceux-ci appréciaient beaucoup son humour, car il était drôle, c’est un trait de sa personnalité que l’on connait peu …
Dans le monde du théâtre, Pierre Gaxotte ne manquait aucune pièce de Jean Anouilh, recevait le couple Ionesco, échangeait une correspondance avec Jean-Louis Barrault ; ses amies étaient les comédiennes Béatrice Bretty, Gaby Morlay, mais aussi Pierre et Hélène Lazareff.
Françoise Giroux, débutant dans le journalisme, écrira sur lui dans France Dimanche : « Prince de l’esprit et seigneur du goût, la dent dure et le cœur tendre, Pierre Gaxotte pourrait être aussi professeur dans l’art de vivre… »