Pierre de Ronsard et la musique (6/6)

Le premier auteur lyrique français

Depuis toujours Ronsard proclame son intérêt pour la prononciation, les sonorités et la musicalité de la langue. Les multiples appels à la lyre que ses poèmes recèlent doivent se comprendre de manière tout aussi symbolique que réaliste : du souvenir d’Apollon et Orphée à l’imitation de Pindare et Horace, Ronsard prétend rétablir l’usage de la lyre et se veut le « premier auteur lyrique français ». Très à la mode au XVIe siècle, la lyra da braccio, sorte de violon que les Italiens assimilaient à tort à la lyre d’Orphée, accompagne magnifiquement la profération de ses poèmes devant la cour. 

Référence : épisode 6 Pierre de Ronsard et la musique
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chansons de maistre Clement
Page extraite des Chansons de maistre Clement Janequin nouvellement et correctement imprimeez a Paris par Pierre Attaingnant, première moitié du XVIe siècle © Gallica / BnF

Chanter les Amours

Dès la première édition de 1552 des Amours, Ronsard adjoint à son recueil un « supplément musical » détaillé. Ce dernier comporte dix partitions à quatre voix, dues à quatre musiciens : Certon, Janequin, Goudimel et Muret.  Parmi elles, quatre partitions « faciles » permettent de chanter quatre sonnets de structures rimiques différentes, ainsi que tous ceux qui seront composés sur le même modèle. Le succès est extraordinaire : pendant plus de vingt ans, on chante les Amours. Cette mode culmine dans les années 1575-1579, qui connaissent une extraordinaire floraison de recueils musicaux centrés sur les Amours de Ronsard.

Portrait de Marie de Clèves
Portrait de Marie de Clèves, princesse de Condé, attribué à Jacques-Joseph Lécurieux, 1560 © Gallica / BnF

Deux roses pour un sonnet

Le sonnet sur la mort de Marie compare la femme aimée à une rose, topos littéraire emprunté au poète latin Ausone et déjà employé par Ronsard dans l’ode à Cassandre. Composé à l’occasion de la mort de Marie de Clèves, maîtresse adorée d’Henri III, ce poème dissimule peut-être le souvenir d’une autre Marie que Ronsard aurait connu près de Bourgueil : il est un splendide exemple de poème de commande exploitant un matériau littéraire codifié, auquel Ronsard insuffle une douloureuse sincérité. Le poète s’y met en scène sacrifiant aux rites antiques sur le tombeau de la jeune femme, dans un sonnet dont la pointe coïncide avec le premier vers, en une éternelle renaissance.

À l’occasion du 500e anniversaire de la naissance de Pierre de Ronsard, France Mémoire, la mission des commémorations nationales, vous propose une série en six épisodes pour entrer dans l'œuvre de cet étonnant poète de la Renaissance. La série, fruit d’une collaboration avec Luce Albert, maîtresse de conférences en littérature du XVIe siècle, est illustrée de poèmes interprétés par des étudiants de l’université d’Angers et accompagnés par l’ensemble de musique Doulce Mémoire.

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