Ronsard, de l'imitation à l'innovation (3/6)
L’enrichissement de la langue française
Dès 1549, dans sa Deffence et illustration de la langue francoyse, Du Bellay expose les principes fondateurs de la Pléiade : le but est d’enrichir et de rehausser la langue du royaume en lui donnant une littérature digne de ses ambitions. En effet, le latin jouissait toujours d’un grand prestige dans la République des Lettres, même si l’ordonnance de Villers-Cotterêts avait imposé le français comme langue du droit dix ans auparavant. Ce sera notamment par l’imitation créative des auteurs grecs et latins, prônée par les poètes de la Pléiade, que le français s’enrichira et trouvera son génie propre.
Furor poeticus
L’appel de la Pléiade repose sur une vision de l'histoire selon laquelle le savoir et la sagesse se transmettent en se transformant d’est en ouest, de la Grèce à Rome, de Rome à l'Italie de la Renaissance, et de l'Italie à la France : c’est la translatio studii et imperii. Elle confère à leur mission un caractère presque sacré. Dans la tradition platonicienne, le poète est en proie à un délire d’inspiration, « une fureur » divine qui le rend incapable de maîtriser totalement son écriture. Avec l’étude attentive des modèles antiques, elle est pour Ronsard l’une des conditions nécessaires à la création poétique.
À l’occasion du 500e anniversaire de la naissance de Pierre de Ronsard, France Mémoire, la mission des commémorations nationales, vous propose une série en six épisodes pour entrer dans l'œuvre de cet étonnant poète de la Renaissance. La série, fruit d’une collaboration avec Luce Albert, maîtresse de conférences en littérature du XVIe siècle, est illustrée de poèmes interprétés par des étudiants de l’université d’Angers et accompagnés par l’ensemble de musique Doulce Mémoire.