La Restauration, une période riche, injustement traitée par les historiens

Jean-Paul Clément, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques, crée une Société pour l’étudier
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

La Restauration intéresse trop peu les historiens au point qu’elle est à peine enseignée ! Mieux faire connaître la singularité et la richesse de la Restauration dans de multiples domaines, voilà la mission de la Nouvelle Société des Etudes sur la Restauration, la N.S.E.R. Partons à sa découverte avec son président, Jean-Paul Clément, membre correspondant de l’Institut.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : pdm547
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Spécialiste de Chateaubriand, Jean-Paul Clément a souvent constaté et déploré le peu d’intérêt suscité par la Restauration. Aussi, en 2001, décide-t-il de fonder la N.S.E.R.

Une période vilipendée

Il convient tout d’abord de revenir sur le désintérêt dont fut longtemps victime la Restauration. Coincée entre le Consulat et l’Empire de Napoléon d’un côté puis la Révolution de juillet 1848 de l’autre, la Restauration est délaissée, voire vilipendée. On lui a souvent attribué l’image d’un régime triste, austère, marqué par la compassion et la commémoration. Quant à la nature même du régime, il ne s’agirait que d’une théocratie enfermée dans l’Église. Sans parler du désamour dont sont victimes ses deux souverains. Tout d’abord, Louis XVIII, auquel est accolée l’image d’un homme podagre, plus gourmand que gouvernant. Ensuite Charles X, dernier roi de France à avoir reçu le sacre de Reims, connu avant tout pour avoir été le chef des ultras sous le règne de son frère, il est marqué du sceau de l’impopularité.

Vu sous cet angle, on comprend que les historiens ne se soient pas penchés sur la Restauration. Ce désintérêt eut pour conséquence d’écarter cette période de l’histoire du XIXe de l’enseignement secondaire et même universitaire. Précisons qu’aujourd’hui encore, la Restauration n’est toujours pas étudiée dans le secondaire. Pourquoi cette mise entre parenthèses ? L’historiographie républicaine de la IIIe République, encore perceptible dans l’enseignement actuel, est la grande responsable. Pour mieux exalter le mythe républicain de 1848, les historiens ont enveloppé la Restauration dans les ténèbres. Avec la N.S.E.R, Jean-Paul Clément propose de mettre fin à ce désintérêt.

Reconsidérer la Restauration

- Aujourd’hui, on commence à percevoir l’intérêt présenté par cette période. À l’heure où l’on parle de fracture sociale, il paraît édifiant de se pencher sur cette France de la Restauration, une France divisée entre celle de la tradition et celle issue de 1789. Tout l’enjeu de la Restauration tourne autour de la réconciliation entre ces deux mondes, pré et post révolutionnaires. Pour reprendre les mots de Louis XVIII, il s’agit « de renouer la chaîne des temps ». C’est là un des aspects auquel s’intéresse la N.S.E.R.
- La Restauration c’est aussi une France qui renoue avec la liberté. Contrairement à l’idée reçue, une grande liberté d’expression reparaît. Elle se manifeste par un renouveau de la presse avec par exemple Le Journal des Débats des frères Bertin. Au niveau artistique, la réouverture des salons de peinture favorise l’émergence de nouveaux artistes comme Ingres mais également le ralliement d’artistes déjà reconnus comme Girodet. Le renouveau touche aussi la pensée politique avec l’apparition de nouvelles écoles autour d’Auguste Comte ou de Saint-Simon. En réalité, on s’aperçoit que la Restauration a irrigué tout le XIXe siècle. Voilà pourquoi elle nécessite d’être mieux connue et c’est ce que propose la N.S.E.R .

- La N.S.E.R est donc une société, ouverte à tous, qui encourage l’étude et la recherche sur la Restauration. Elle compte une soixantaine de membres d’origines très différentes. Elle réunit à la fois des étudiants, des universitaires, de simples amoureux de cette période auxquels elle propose différentes activités : des séances de travail ou des journées-visites des hauts lieux de la Restauration. Les sujets abordés et les intervenants choisis pour les séances de travail soulignent la volonté d’ouverture de la N.S.E.R. Certains viennent présenter un sujet de thèse fort pointu, d’autres présentent des archives familiales… Le compte-rendu de ces séances est publié dans les Cahiers de la N.S.E.R

- La séance du 17 avril à la Fondation Dosne-Thiers a abordé comme thèmes principaux : L’Armée de la Restauration, la pensée de Bonald, Le rôle du baron de Barante…

Pour en savoir plus rendez-vous sur le site nser.fr

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