Le Clos Lucé, dernière demeure de Léonard de Vinci

Visite en compagnie de François Saint Bris
Avec Hélène Renard
journaliste

Lorsque Léonard de Vinci arrive en France, en 1516, le roi François 1er l’installe près d’Amboise, au château du Clos Lucé. Le maître apporte avec lui trois de ses plus belles oeuvres : la Joconde, le Saint Jean Baptiste et la Sainte Anne. Aujourd’hui, la demeure conserve l’atmosphère intime de la vie quotidienne de Vinci, expose les maquettes de ses inventions et invite à découvrir son génie.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : pdm052
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Depuis plusieurs générations, la famille Saint Bris entretient la magnifique demeure du Clos Lucé. François Saint Bris nous relate son histoire au fil des années. Il nous fait -en imagination- visiter les pièces où vécut Léonard : la cuisine et son immense cheminée, la chambre avec son lit authentique, la salle du conseil où le maître reçevait ses invités et les grands de la Cour ainsi que le parc et le jardin. Il nous dévoile les multiples facettes du génie inventif de Vinci.

Dans cette chambre, Léonard de Vinci rendit l’âme le 15 mai 1519 à 67 ans.
© Château du Clos Lucé





"Regarde la lumière et admire la beauté. Ferme l'oeil et observe. Ce que tu as vu d'abord n'est plus et ce que tu verras ensuite n'est pas encore". C'est en gardant en mémoire ce conseil de Léonard que l'on doit visiter sa demeure française, en se souvenant que si Léonard est né à Anchiano, entre Pise et Florence, le 1er avril 1452, le ciel de Touraine et sa lumière légère lui rappelait la Toscane.

Histoire et fêtes

Le château que l'on appelle depuis le XVIIe siècle le Clos Lucé portait auparavant le nom de Château du Cloux. Léonard lui-même signe sur l'un de ses cahiers : "le manoir de Cloux". Ce château avait été édifé en 1477 par Etienne le Loup, marmiton annobli, maître d'hôtel du roi Louis XI, sur des fondations anciennes que l'on peut dater du XIe siècle. Il était à cette époque fortifié et entouré d'un système de défense habituel : tour de gué, chemin de ronde, poterne et pont levis. A la Renaissance, le chemin de ronde est devenu une galerie "à l'italienne" que l'on emprunte aujourd'hui avec autant de plaisir que les gens de la cour du roi qui, de là, admiraient les fêtes et spectacles que Léonard de Vinci organisait à leur intention. L'une des plus fastueuses reste la féérie nocturne fantastique donnée le 19 juin 1518 qui nous est connue par la relation qu'en fit l'ambassadeur de Venise, Galeazzo Visconti : "fête admirable... le lieu en était Le Cloux, très beau et très grand palais..." Cette nuit-là, Léonard avait tendu de draps bleu ciel la cour de sa demeure et avait reproduit l'emplacement des planètes, du soleil, de la lune et les signes du zodiaque.

Un castel fort plaisant

Lorsqu'il arrive au château, Léonard retrouve peu de traces de la bâtisse du Moyen-Age, hormis la tour de gué et ce chemin de ronde. Charles VIII, le fils de Louis XI, qui avait acquis le Clos Lucé en 1490, l'avait en effet transformé et modernisé pour qu'il puisse séduire sa jeune épouse, Anne de Bretagne. Celle-ci s'y plut et en fit sa résidence d'été, un "castel de plaisance". Elle y ajouta un oratoire orné de dentelles de pierre que l'on peut considérer comme l'un des joyaux de l'art gothique. Est-ce dans cette "chambre de Dieu" que la reine pleura, à plusieurs reprises, la mort de ses enfants en bas-âge ? On peut le penser.

La famille Saint Bris a soigneusement conservé le mobilier de l'époque de Léonard : on peut admirer une cathèdre, siège seigneurial en bois sculpté aux armes de France, des coffres, un miroir italien bordé de cuivre ou encore un "caquetoire", chaise Renaissance pour converser. Dans la cuisine, domaine de Maturine, la cuisinière de Léonard dont François Saint Bris nous explique ce qu'elle a reçu en testament de son maître, dans la cuisine, on peut admirer de nombreux objets usuels de grande valeur ou au contraire d'utilisation courante. "Je crois que le bonheur naît aux hommes là où l'on trouve de bons vins" aimait à dire Léonard, preuve qu'à 64 ans, il apprécie toujours les bons côtés de la vie. Mais, ajoutait-il "que sobriété, saine alimentation et bon sommeil te maintiennent en santé".

Les mystérieux codex de Léonard

François Saint Bris nous rappelle qu'un tiers seulement des six mille feuillets laissés par Léonard nous sont connus.
Les cahiers de Vinci (codex ou codici) constituent néanmoins un véritable trésor. Et ce trésor est conservé à la Bibliothèque de l'Institut de France.

Une mort digne
La chambre de Léonard est sans doute l'un des lieux les plus émouvants que l'on puisse visiter. Là, il vécut des heures sereines, paisibles, heureuses. Là, il rédigea son testament le 23 avril 1519 en léguant ses cahiers de croquis et ses notes ainsi que "les instruments et portraits relatifs à son art et à son métier de peintre" à Francesco Melzi, son disciple fidèle.
Que pensait Léonard sentant ses forces décliner ? "Nul ne va au néant" disait-il... Il rendit l'âme le 2 mai 1519. François Saint Bris nous explique que la tradition rapporte qu'il mourut dans les bras du roi (comme le peintre Ingres le représentera plus tard mais les historiens qui comparent les dates affirment que le roi était absent ce jour-là) mais entouré des siens et muni des derniers sacrements de l'Eglise. Léonard est enterré comme il le souhaitait dans le cloître de la collégiale Saint Florentin à Amboise où, malheureusement, sa tombe sera profanée après la Révolution. Ses restes seront alors transférés dans la chapelle Saint-Hubert du Château royal d'Amboise.

Léonard inventeur de génie

Maquette du bateau à aubes, conçu par Léonard de Vinci
© Château du Clos Lucé





François Saint Bris rappelle que la visite du Clos Lucé permet de découvrir les maquettes de quarante machines conçues par Vinci dont le premier char d'assaut, une catapulte, une machine volante, un bateau à aubes et bien d'autres encore. Le parc du Château, très intelligemment utilisé, offre au visiteur un voyage initiatique avec le maître et son disciple. En traversant des "ponts léonardiens" qui agrémentent la promenade, on découvre ces étonnantes machines. Quant aux arbres, ils sont tendus de "toiles" reproduisant les visages de plus célèbres peintures du maître.

Dans l’allée des peupliers, l’une des toiles illustre l’homme de Vitruve et ses divines proportions géométriques, soit à l’intérieur d’un carré ou soit dans un cercle parfait.
© Marc Jauneaud





François Saint Bris termine cette émission en rappelant quelques unes des réalisations récentes qui accueillent les visiteurs mais surtout les enfants et les écoliers. Un espace de la Connaissance donne les clefs de compréhension du génie visionnaire.

En savoir plus sur :
- Le Clos Lucé


- Retrouvez sur Kronobase les grandes dates de Léonard de Vinci.
- Retrouvez sur Kronobase les grandes dates du Clos-Lucé


Retrouvez notre émission sur les cahiers de Léonard de Vinci ici


A lire :



Un numéro spécial de la Documentation française consacré à Léonard de Vinci.

Plus d'infos, cliquer ici.

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