"Les Académies provinciales sont les filles de l’Académie française", disait Maurice Druon

Découvrez la Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts, et ses 28 Académies en région
Avec Virginia Crespeau
journaliste

Jeanne-Marie Demarolle est la Présidente de la Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts, créée en 2000 pour regrouper les académies, parfois fort anciennes, dispersées aux quatre coins de la France. Découvrez comment l’Institut de France se prolonge d’une certaine façon dans la France des Régions et comment les académies-soeurs ont décidé de sortir de leur isolement.

Émission proposée par : Virginia Crespeau
Référence : pdm580
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«Ces Académies sont essentiellement Filles du siècle des Lumières, elles représentent la première forme de travail collégial de recherche entre les savants qui travaillaient jusqu’alors de façon plus isolée.
Les Académies de Province jouent un rôle incontestable dans les activités et le rayonnement culturel régional français.
Monsieur Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France, très attaché à la Conférence Nationale, suit, avec une attention chaleureuse et soucieuse, nos développements et implications»
précise notre invitée.

En 2011, «j’ai souhaité que notre colloque annuel mettent à l’honneur les sciences exactes et les nouvelles technologies, en 2012, le colloque se tiendra à Bordeaux, et l’Académie de Bordeaux a retenu le thème des défis du 21ème siècle ; en 2014, nous nous retrouverons à Orléans, en 2016 à Toulon. » déclare Jeanne-Marie Demarolle.

Jeanne-Marie DEMAROLLE, Présidente de la Conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts.



La Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts regroupe, sous l'égide de l'Institut de France, vingt-huit académies provinciales créées, pour la plupart, avant la Révolution française.

Il existait en effet, depuis bien longtemps, dans notre douce France, un grand nombre de sociétés savantes dont quelques-unes portaient le titre flatteur d'Académie, conféré par lettres patentes du Roi, comme ce fut le cas, de très bonne heure, en 1695, à Villefranche-sur-Saône, capitale et perle du Beaujolais. Ces académies, celles du moins qui ont survécu au couperet de la Révolution, vivaient ou vivotaient paisiblement sans trop s'occuper de leurs congénères, sinon, dans le meilleur des cas pour les inviter, en voisins et, dans le pire, pour les jalouser plus ou moins bruyamment. Finalement, à la suite d'un certain nombre de circonstances heureuses, elles ont décidé de se réunir au sein d'un groupement respectant leur personnalité, leurs statuts et leurs habitudes.

Ce regroupement a donné lieu à la création de la Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts, la CNA en abrégé, créée en 2000.

Ouverture du colloque CNA « La découverte de la Terre » le 7 octobre salle Hugot à l’Institut



Des objectifs de mise en commun


La Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts s'est donnée pour objectif de mettre en communication les académies dispersées sur l'ensemble du territoire.

Les Académies de Province jouent un rôle incontestable dans les activités et le rayonnement culturel régional français. La CNA a pour but de favoriser les synergies et les travaux menés en commun, de promouvoir les actions culturelles, de permettre des échanges avec les académies étrangères, de définir un avenir du courant académique des provinces françaises.

Qui peut en être membre ?


Les fondateurs de la Conférence se sont tout de suite mis d'accord sur un certain nombre de critères caractérisant le profil de ses membres : une certaine ancienneté, - celles qui participèrent à la première réunion avaient été créées avant la Révolution - numerus clausus pour l'effectif de titulaires, pluridisciplinarité, (d'où la mention des Sciences, des Lettres et Arts dans le titre choisi) sélection soigneuse et élection (ou cooptation équivalente), travaux et publications régulières.



Toutes les Académies répondant à ces caractéristiques. Le problème des Compagnies qui, quoique très sérieuses et réputées, ne remplissent pas toutes les conditions, devrait être mis à l'étude, afin de voir comment on pourrait le résoudre. Il faut dire que les statuts adoptés sont très souples et permettraient éventuellement à un règlement intérieur de compléter, de préciser, et d'orienter les articles existants. Mais la Conférence est très jeune : il y a à peine dix ans que les statuts ont été adoptés et que le Bureau a été élu.


Créer une association nouvelle, fut-elle académique, quel intérêt ? Dans les villes et les régions concernées, on connaît la Compagnie locale qui fait occasionnellement parler d'elle, on sait qu'elle est spécifique, marquée par les lieux, par ses recherches, son recrutement, et l'originalité de ses sources et de ses rites. Quelles raisons de la rapprocher de ses semblables souvent éloignées, ayant des statuts et des particularismes très différents, même si un idéal, une activité et surtout un esprit commun président à la vie de toutes ? Pourtant, les raisons ne manquent pas.



La première, c'est peut-être la voix du sang : comme le rappelait, lors du 6ème congrès de la Conférence, à l'Institut, M. Maurice Druon, alors Secrétaire perpétuel de l'Académie française, les académies provinciales les plus anciennes étaient, d'une certaine façon, non les filles d'un Institut qui n'existait pas, mais plutôt celles de l'Académie française.
Ces Sociétés se sentaient sœurs, correspondaient, échangeaient, et éprouvaient parfois l'envie de mieux se connaître, au moins entre voisines. A l'époque de la communication et du rétrécissement des distances, n'était-ce pas normal que de tenter de se rapprocher ?

Ouverture du colloque par Bernard BOURGEOIS, de l’Académie des sciences morales et politiques, et Mme Jeanne-Marie DEMAROLLE, Président de la CNA



Sortir de l'isolement


De là à imaginer un rassemblement utile à tous, conférant à l'ensemble un pouvoir non négligeable, et d'abord au niveau de la représentativité, devenue nationale, mais aussi un trésor de sensibilités, d'expériences et de préoccupations communes, voire de différences enrichissantes, il n'y avait qu'un pas. «C'est grâce à nos grands confrères parisiens qu'il sera franchi...», ajoute notre invitée qui poursuit : A la remise des grands prix de la Société des Poètes français, en 1987, j'eus la chance de rencontrer M. le Bâtonnier Albert Brunois, membre de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, et M. Bernard Chenot, Secrétaire perpétuel de la même Compagnie : je leur fis part de notre isolement, du peu de liens inter-académiques et de la vision floue que nous avions de l'Institut, admirable et admiré, mais à notre avis trop lointain. M. Brunois me laissa alors entendre que les choses changeraient à l'occasion de son année de présidence en 1989.
Ainsi se produisit la rencontre entre le désir confusément ressenti mais jusque-là insuffisamment exprimé de la province, et l'intelligente volonté de l'Institut. Celui-ci parfaitement conscient des réalités et de ses responsabilités, va se souvenir de la première organisation prévue par la Convention, dont une disposition précisait que l'Institut national serait formé de« 144 membres résidant à Paris et d'un égal nombre d'associés répandus dans les différentes parties de la République», mesure rapidement abandonnée : C'est ainsi que l'Institut prend en 1989 l'initiative de rapprocher de lui les Académies de province anciennes, et il les invite quai de Conti les 20 et 21 novembre, et tout va s'en suivre.



L'année suivante, nos confrères de Nîmes menés par M. le Pr. Bosc, réunissent les sociétés à caractère académique du midi de la France avec la participation active de M. Robert Henri Bautier de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. L'année suivante, l'Académie de Lyon, qu'alors je présidais, réunit autour d'une forte délégation des cinq classes de l'Institut, avec l'aide de la Ville et du Conseil Général, les Académies invitées deux ans plus tôt à Paris pour des séances de travail consacrées au concept d'académie et à la possibilité d'un rassemblement des compagnies-sœurs. Le principe d'une conférence nationale est adopté ; des critères sont définis et, dès lors, les rencontres se déroulent annuellement tantôt à Paris, tantôt en province et ce sont les Congrès de Marseille, où est adopté le principe de travaux en commun, puis de Rouen, où sont votés les statuts, ce qui permet d'élire un Bureau. Dès lors, l'avenir se présente bien et les Académies rivalisent pour obtenir leur place dans le calendrier des Congrès.


Une heureuse coexistence


En résumé, l'Institut va se prolonger d'une certaine façon dans la France des régions et unifier un mouvement culturel national jusque là partagé entre Paris et Province, tandis que les Académies de province se rapprochent entre elles et avec l'Institut, pour leur plus grand bien, mieux armées pour l'étude des difficultés et problèmes communs, en formant une association morale propice à une heureuse coexistence, voire à des travaux communs, et génératrice d'un prestige accru auprès des autorités et du public de leur zone d'influence. Les décisions de principe étant acquises, il ne restait plus qu'à les officialiser...
Cela demanda quelque temps, pour aboutir enfin à l'association régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901 :« la Conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts», dotée de la personnalité morale, figurant au Journal Officiel du 19 juillet 1995.


La conférence est présidée à tour de rôle par une des académies membres : celle ayant organisé dans sa ville, la réunion qui se tient tous les deux ans en Province ; son président préside le bureau de la Conférence nationale, assisté par un secrétaire général appartenant à la même académie.


Pendant deux ans, l’académie qui préside à la responsabilité de la Conférence s’emploie à développer ses relations interacadémiques ; elle édite la revue Akademos ; d'abord organe de liaison entre ses membres, elle devient la publication officielle de la Conférence, tirée en 1000 exemplaires elle est adressée aux Pouvoirs Publics, aux Organismes et Associations et aux Académies membres.


L’une des tâches essentielles du président est de faire respecter les statuts et d’éviter toute dérive ; dans cette perspective, il est l’interlocuteur qualifié de l’Institut ; il favorise également les contacts avec les académies étrangères qui poursuivent des objectifs culturels comparables et spécialement dans les pays francophones.



La rencontre annuelle de la CNA a lieu les années paires en province, les années impaires à Paris à l'Institut. La rencontre 2011 a eu lieu les 7 et 8 octobre. Le colloque, pluridisciplinaire, qui avait pour thème « La découverte de la Terre » a été couronné de succès puisqu'il a réuni 215 participants et que 29 académies étaient représentées. Bernard Bourgeois de l'Académie des Sciences morales et politiques représentait Monsieur le Chancelier Gabriel de Broglie empêché ; l'Académie des Sciences était représentée par son vice-président Philippe Taquet. Le sujet choisi « La découverte de la Terre » a permis d’entendre plus de communications scientifiques que les années précédentes, tout en faisant place à la peinture, à la poésie, à la littérature, l'exploration.

Les Actes du colloque, préparés par M. Woronoff, ont été envoyés dans chaque Académie. Ils sont aussi disponibles, en s'adressant à l'Académie nationale de Metz : academiemetz@numericable.com



Chacune de ces Académies de région est un foyer de culture ; véritable « conscience » du terroir, elle se veut gardienne de l'histoire locale, centre fédérateur des sociétés qui se vouent à la culture, tout en poursuivant une action de défense, de conservation, de mise en valeur, d’accroissement du patrimoine (ville, département, région), et en gardant l’objectif de contribuer à la formation de l'Europe culturelle"

Séance de clôture : M. BOURGEOIS, M. WORONOFF, Mme DEMAROLLE





En savoir plus :

- Consultez le site de la Conférence nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts

- Consultez également le site de l'Académie nationale de Metz

- Pour plus d'informations, vous pouvez consulter plus bas, la lettre des Académies (Avril 2011, Septembre 2011)

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